Quand l’illusion produite par les manipulations monétaires se sera dissipée, on sortira brutalement de la contradiction actuelle entre l’inflation accélérée de la sphère financière et la déflation rampante de l’économie réelle. Excellente analyse de Pierre Leconte.
« Les banques centrales US et européennes, depuis des années engluées dans leurs politiques laxistes keynésiennes, n’ont que deux objectifs: 1/permettre aux Etats de se sur-endetter sans fin aux taux d’intérêt les plus bas possibles auprès des grandes banques privées et des investisseurs institutionnels, 2/entretenir une sur-évaluation permanente des actifs financiers pour permettre aux grandes banques privées et aux autres acteurs ci-dessus mentionnés de réaliser des profits (largement fictifs parce que potentiels), que l’économie réelle en croissance de plus en plus faible ne leur permet plus d’obtenir, en contrepartie de leur souscription permanente aux dettes publiques précitées. Qu’il s’agisse des USA ou de l’Europe, les Etats sont à des niveaux d’endettement extrêmes par suite de leurs émissions colossales d’obligations de plus en plus difficiles à placer, mais qui se poursuivent à un rythme effréné, et les grandes banques privées détiennent des masses actifs toxiques qui, s’ils devaient être évalués à leur valeur réelle de marché, ne vaudraient presque plus rien. Voilà la réalité de la situation qui a été prolongée, aux USA, par deux Quantitative Easing et le Twist actuel et, en Europe, par des prêts massifs de la BCE en faveur des grandes banques privées et ses achats directs et indirects des dettes des PIIGS, le tout à partir d’une création monétaire ex nihilo sans aucun précèdent dans l’histoire et la spoliation cachée de la richesse des particuliers au moyen de la fixation de taux d’intérêt à court terme négatifs.
Le problème c’est que ces pratiques de manipulation, permettant de maintenir les taux d’intérêt les plus bas possibles donc les bulles des marchés financiers, ne pouvant se faire que par la création massive de monnaie ex nihilo, font mécaniquement baisser la valeur relative des monnaies auxquelles elles s’appliquent. Les deux Quantitative Easing US ont fait baisser le dollar US et dorénavant les prêts massifs de la BCE vont faire baisser l’euro. Il est à noter que la création monétaire ex nihilo massive par les banques centrales a certes fait monter les prix des produits importés et de certains services dans les pays occidentaux mais aussi l’inflation dans les pays émergents ayant reçu une partie de cette liquidité (excessive par rapport à leur création effective de biens et de marchandises), mais qu’elle n’a pas encore provoqué de forte inflation ni a fortiori d’hyper-inflation mondiales pour trois raisons: 1/ l’essentiel de cette liquidité n’est pas entrée dans l’économie réelle (d’où la récession) mais est restée cantonnée dans les livres des grandes banques privées qui ne prêtent presque plus (ou est revenue dans ceux des banques centrales ce qui revient au même) pendant que le solde est allé dans les actifs financiers dont elle a assuré la sur-évaluation, 2/l’importance des dettes mondiales exerce sur les économies un effet déflationniste majeur, 3/la pression à la baisse sur les salaires du fait de la mondialisation – et du chômage de masse un peu partout – a empêché tout dérapage des coûts. Il n’est pas possible que l’inflation augmente sans forte accélération de la vitesse de circulation de la monnaie, même si la masse monétaire croît à un rythme exponentiel, provoquant la hausse des taux d’intérêt à court et moyen termes. Or la vitesse de circulation de la monnaie reste faible. L’inflation puis hyper-inflation viendront mais plus tard quand les investisseurs rejetteront en masse l’emploi des actifs papiers, qui à moyen terme les ruinent, pour se réfugier dans les actifs réels et que les banques centrales, n’ayant plus d’autres solutions pour éviter l’effondrement du Système monétaire, devront relever leurs taux d’intérêt à court terme, ce qui n’est pas encore d’actualité.
Depuis quelques années et tant que les banques centrales US et européennes pourront pratiquer des taux d’intérêt à court terme les plus bas possibles, l’Occident (USA et Europe) est et restera en déflation rampante puisque ce faisant les banques centrales peuvent organiser sciemment – en toute impunité étant donné que peu de gens comprennent vraiment ce qui se produit – un immense transfert caché de la richesse des particuliers, dont le capital ne reçoit plus de rémunération positive, vers les Etats et les grandes banques privées en faillite réelle ou virtuelle “too big to fail” (selon les recommandations de Keynes de mettre en place “l’euthanasie des rentiers”). Sans compter que les programmes d’austérité et les augmentations d’impôts (surtout dans la zone euro) aggraveront aussi la perte généralisée de pouvoir d’achat desdits particuliers dont l’épargne est spoliée par les banques centrales selon le mécanisme ci-dessus exposé. Ce qui entretiendra une récession économique durable. C’est en ce sens que Ludwig von Mises constatait que “Les crises économiques sont provoquées par les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales” !
Nous vivons donc une situation d’inflation accélérée de la sphère financière couplée à une déflation rampante de l’économie réelle, dont on sortira nécessairement par un KRACH BOURSIER ET FINANCIER, c’est-à-dire la mise à niveau de la finance exubérante avec celui de l’économie chancelante puisque la première tourne à vide sans lien avec la seconde et que le principe de gravité s’appliquera quand les pratiques de manipulation ne feront plus illusion. En revanche, tout scénario inflationniste de l’économie réelle est exclu avant plusieurs mois, puisque c’est ce que la Federal Reserve a tenté de créer sans y parvenir parce qu’elle s’est trompée de cible et qu’il faudrait, pour qu’il se concrétise, qu’il y ait une dissémination généralisée auprès des salariés et des entrepreneurs des moyens monétaires artificiellement créés par les banques centrales (”la distribution de milliers de milliards de dollars par hélicoptère au dessus des villes américaines” – pour reprendre l’image utilisée par Bernanke – cette fois-ci auprès des habitants et non pas en faveur des banques ainsi qu’il l’a effectuée) se traduisant par un pouvoir d’achat supplémentaire qui ne trouve pas de biens de consommation en quantité suffisante pour pouvoir être satisfait ou bien par la fuite hors de la monnaie parce que disponible en trop grande quantité.
Nous écrivions dans notre dernier commentaire qu’il y avait une possibilité temporaire de reprise de l’euro/dollar, et donc de hausse de l’or et de l’argent-métal exprimés en dollars US, mais les mouvements de cette semaine ont démontré le contraire. Nous revenons donc à notre idée initiale que l’euro/dollar devrait reprendre sa baisse en direction des 1,15 puisque c’est du côté de la BCE que la création monétaire à venir va surtout s’exercer (accompagnée de nouvelles baisses ses taux d’intérêt à court terme) pour tenter d’éviter l’explosion de la zone euro dans sa forme actuelle et de sauver les grandes banques privées européennes frappées par le “credit crunch”, ce qui implique que l’or et l’argent-métal exprimés en dollars devraient rechuter. Leur sommet de la semaine passée vers 1.766 et 34,40 dollars US l’0nce constitue probablement le plus haut de leur reprise possible pour plusieurs mois. Seul l’or exprimé en euros peut poursuivre sa hausse puisque la monnaie dans laquelle il est coté devrait rechuter lourdement. Quant aux marchés d’actions, en dépit de leur fermeté actuelle en contradiction avec la réalité de l’économie réelle comme l’indique la chute continue du Baltic Dry Index -graphique ci-dessous – (qui démontre que le commerce international des marchandises est en train de s’effondrer en grande partie du fait de la récession économique européenne et du fort ralentissement chinois et d’autres pays émergents), nous maintenons notre point de vue qu’ils devraient à un certain moment (qu’il n’est toutefois pas possible de prévoir avec précision) eux aussi lourdement se replier. D’autant que les mouvements récents de hausse des actifs précités (euro/dollar US, métaux précieux exprimés en dollars US, actions) se sont faits dans des volumes très faibles, d’où leurs exagérations temporaires à la hausse, et que quand les marchés montent sans volume ils sont nécessairement destinés à rechuter. Sans compter le “Great Deleveraging” de nature déflationniste qui ne fait que commencer et oblige les principaux acteurs (grandes banques privées, investisseurs institutionnels et privés) à constituer le plus de cash possible pour provisionner leurs pertes potentielles ou réelles ou faire face aux incertitudes futures, ce qui pourrait être dévastateur dans un premier temps pour l’or et autres métaux précieux ou industriels exprimés en dollars US dont certains détenteurs pourraient être contraints de se défaire ou de vendre à terme. Il est donc probable qu’un retournement général des marchés à la baisse va se produire, dont ne sortiront indemnes que le dollar US, les obligations d’Etat US en dollars US et l’or en euros« .
Pierre Leconte, le 6 février 2012
On remarquera l’imprécision des pronostiques quant aux évolutions de marché prochaine, puisque l’auteur se sent incapable d’avancer une date qui marquerait l’effondrement tant de fois annoncés mais jamais réalisés des marchés. Au delà des lieux communs tendant montrer le transfert des richesses des personnes privées vers l’Etat et les banques privées, il faudrait plutôt expliquer quels sont les desseins politiques qui provoquent les grandes évolutions de marché. Si transfert de richesses il y a, il n’est en effet pas perdu pour tout le monde, car les classes moyennes en Asie sont les premières à en profiter, tout comme leurs prédécesseurs avaient bénéficié en Occident de la manne du crédit ces vingt dernières années. Seulement la répartition des portefeuilles a changé au profit des actifs dans les pays émergents qui copient le modèle de développement occidental fondé sur la création monétaire par les banques centrales et l’offre concomitante de crédit par les banques commerciales. L’objectif global semble résider dans l’uniformisation des civilisations mises au diapason commun du modèle judéo-chrétien revu et corrigé par la gouvernance normative dont il est interdit de préciser la source ésotérique. Le système de l’usure a ceci de remarquable que sous l’effet des intérêts cumulés, la richesses produite est infailliblement transférée dans les mains des détenteurs du capital financier qui se retrouve propriétaire de l’ensemble de la richesse mondiale, ou peu s’en faut. Il ne reste plus qu’à consacrer le triomphe du système de l’usure par une réunion des experts dans une capitale du Moyen-Orient devenu le centre intellectuel et moral vers lequel convergent tous les peuples subjugués, pour mettre un point final à cette conspiration désormais vidée de son objet.
Si l’auteur n’est pas précis quand à une date de l’effondrement, l’Histoire l’est, elle. On recommence sur la même base du krash de 1929 !!! Avec les mêmes buts !!! Enrichissement des + vils et appauvrissement des + faibles voire même MORT des + pauvres !!! Tu veux quoi encore, l’heure précise à la seconde près ? A quoi cela te servirait, concrètement ? Là ou je te rejoins, c’est qu’il faut que cela cesse. Partir de l’exemple des Mormons en l’adaptant au 21ème siècle serait un bon départ, non ?
tu devrais te lacher davantage mon pote, on sent que ça te travaille les théories dieudonnesques…..
Mardi 7 février 2012 :
Grèce : taux des obligations à 1 an : 528,384 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 185,458 %.
Grèce : taux des obligations à 5 ans : 52,876 %.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 34,442 %.
Grèce : report à mercredi de la réunion des dirigeants politiques.
La réunion des dirigeants politiques grecs prévue ce mardi pour valider les réformes exigées par les bailleurs de fonds d’Athènes en échange d’un deuxième plan d’aide a été repoussée à mercredi, a déclaré un responsable gouvernemental grec.
Un responsable de parti qui n’a pas souhaité être identifié a indiqué que ce report était lié au fait que les dirigeants des formations politiques n’avaient pas encore reçu le texte du projet d’accord sur ce plan de renflouement de 130 milliards d’euros.
http://lci.tf1.fr/filnews/monde/grece-report-a-mercredi-de-la-reunion-des-dirigeants-politiques-6973296.html
D’accord, dans l’ensemble, sur le papier de M. Lecomte mais pas sur ses 4-5 lignes de conclusion, incohérente avec ce qui précède. Pourquoi donc le §US et les oblig.US sortiraient-elles indemnes de l' »affaire » ? Bizarre…Le §, pour autant que l’on puisse voir, se dévalorise , tout comme l’euro. Et c’est bien ce qui est voulu par les les dirigeants, ne serait-ce que pour éteindre, sans trop de bruit, les dettes, publiques et privées…..Au grand détriment, évidemment, des prêteurs d’abord, puis, très vite, par l’inflation, de tous les titulaires de revenus fixes (retraités,de la majorité des salariés de Public et du Privé, etc…
CE processus est, du reste, déjà bien entamé !!
Pour « BA », il serait bon qu’il indique d’où il a sorti ces…taux d’interêt pour la Grèce.