« Les médias et politiciens font une montagne de l’entrée en application de ce que l’on appelle « Le Séquestre ». Sous ce nom, on désigne tout simplement l’application de coupes automatiques dans les dépenses gouvernementales. Le monde politique américain n’ a pu se mettre d’accord lors des négociations avant les élections présidentielles, alors faute d’accord, rien d’anormal à ce que les réductions soient automatiques.
Notre interprétation est que tout ceci est une tempête dans un verre d’eau, mais qu’il faut creuser, aller au-delà des apparences pour apprécier l’importance de la question du séquestre.
Les chiffres d’abord.
L’enveloppe du séquestre représente 85 milliards de dollars. Cela fait un mois de monétisation de la Fed et 2,4% du budget fédéral total, lequel est de 3,6 trillions. Le déficit fédéral est de l’ordre de 1 trillion. On remarque d’emblée que si, dans un déficit de 1 trillion, il n’est pas possible, sans risquer la catastrophe, de couper 82 milliards de dépenses, il y du souci à se faire. Surtout en période de désengagement militaire, ce qui réduit les besoins. Les déficits ne seront jamais réduits, la dette continuera de s’accroître et la Fed devra continuer de monétiser ad vitam aeternam. Nous vous rappelons que la dette affichée des Etats-Unis est de 17 trillions, la dette réelle de 55 trillions et la masse des engagements non couverts… inchiffrable.
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«Contrairement aux prédictions d’obscurité, de ruine et d’apocalypse, personne ne peut sérieusement affirmer que 2,4 % de réduction d’un budget de 3600 milliards de dollars nous mènera à la dévastation et à la fin de la civilisation occidentale», a déclaré le sénateur républicain John Cornyn.
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En dynamique, quand on regarde l’évolution des dépenses à long terme effectuée par le CBO, Office du Budget, le séquestre est une dent minuscule, infime, dans la courbe prévisionnelle.
Le CBO prévoit que les dépenses du gouvernement US passeront à 22,8% du GDP en 2023. La réduction des dépenses opérées par le séquestre, si elle a lieu, ne représentera que des sommes infinitésimales sur la période à courir d’ici 2023 horizon de la prévision. Par ailleurs, compte tenu des délais concrets pour mettre en application les coupes et du gradualisme, le CBO évalue à 42 milliards l’impact effectif de la réduction faciale annoncée de 85 milliards !
Toutes les simulations montrent que si, à l’intérieur de l’enveloppe de 85 milliards, il y a un accord pour accepter la flexibilité dans les coupes, et il y aura un accord car les Républicains ne s’y opposent pas, tandis qu’Obama y a intérêt, alors l’impact économique sera négligeable… voire positif. Pourquoi positif ? Parce que, dans un certain sens, la mise en application des coupes automatiques pourra être perçue comme le début d’un processus de consolidation budgétaire à moyen terme et que le début de ce processus enclenchera une certaine confiance qui peut faciliter la tache de la Fed, contenir les taux et améliorer ce que l’on appelle le sentiment. Ce sera une étape vers la crédibilité de la politique américaine. Par ailleurs, on peut imaginer des choix budgétaires intelligents – cela n’est jamais exclu – qui favorisent la croissance plutôt que les gaspillages.
Ce qui frappe, c’est le catastrophisme injustifié, il excite la curiosité : pourquoi faire une montagne d’un monticule ? Nous pensons que c’est pour une question de validation. Validation, quel que soit le coût, des thèses keynésiennes. On veut maintenir le principe que ce qui est bon, c’est la dépense, et que les USA ont pour mission d’assurer un bon niveau à la dépense mondiale. Le FMI, par exemple, est catastrophiste, il noircit le tableau des conséquences au niveau mondial ; diantre, si moins de 1% de dépenses réelles du gouvernement américain provoque une récession globale, c’est que vraiment le système est pourri à la base, délité. On ne pourra jamais sortir des mesures non conventionnelles et des gouffres budgétaires ! Voilà qui plairait aux banques, puisque cela garantit argent abondant et gratuit pour l’éternité. Ce qui est en jeu, le non-dit, c’est le maintien de la situation actuelle dans laquelle les déficits autorisent et justifient la politique de la Banque Centrale de taux bas et de monétisation. Les déficits et les dépenses maintiennent le gouvernement en état de dépendance vis à vis des autorités monétaires.
Voilà le vrai enjeu du séquestre : empêcher que le politique retrouve de vraies marges de manœuvre, empêcher que la démocratie reprenne ses droits. Maintenir et prolonger jusqu’au bout – quel bout ? – la situation présente.
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– Les programmes qui pèsent le plus lourd dans la dette, les retraites et les soins de santé, ne sont pas concernés par ces coupes budgétaires. Cela rend la réduction du reste plus sévère. Les dépenses concernant le secteur de la défense pour les sept prochains mois seront réduites de 13 % et d’autres programmes nationaux connaitront une réduction de 9 %, rappelle The Economist.
– « Les familles de la classe moyenne ne peuvent pas continuer à payer le prix des dysfonctionnements de Washington », a déclaré Barack Obama
– « Si l’on pouvait régler ce problème, l’économie serait sur le point de décoller », assure Brian Moynihan, chef de la direction Bank of America, et repris par The Wall Street Journal.
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Tous ces gens œuvrent, non pour l’économie mondiale, mais pour eux-mêmes et leurs agendas.
Ils veulent que le Principe de l’effet positif de la dépense et que le Principe négatif de la rigueur soient maintenus. Envers et contre tout. Le FMI se moque de l’avenir de la dette américaine, il travaille pour un autre projet mondial, celui qui est censé succéder au système actuel, une fois le dollar démis. La stratégie de long terme du FMI, c’est la monnaie mondiale dont il sera le garant, gérant, émetteur discrétionnaire au profit d’intérêts non souverains, non démocratiques.
Et la révulsion américaine sera une étape décisive dans cette voie, surtout si elle est suivie, comme il sera logique, de la révulsion des créanciers des Etats Unis, Chine, Japon, etc.
Derrière la goutte d’eau du séquestre, il y a, en perspective, un choix de société, d’économie et de finance. Les intérêts dominants veulent que l’on continue sur la même voie, ils savent qu’un jour – jour non prévisible – cette fois, ce sera le fétu de paille de la dette qui brisera le dos du chameau américain, et ils veulent l’advenue de ce jour dont ils rêvent.
Ils veulent maintenir la chaîne infernale des dépenses, des déficits, de la monétisation, de la réglementation et des contrôles, du pouvoir de l’Etat, des impôts, de la débauche de la monnaie. La chaîne de la servitude« .
Bruno Bertez, le 3 mars 2013
Oui ça saute aux yeux maintenant… la crise est montée de toutes pièces. Laurent Louis que vous avez déjà publié Olivier, s’insurge aussi contre cette mafia politico-financière qui instrumentalise la dette pour parvenir à ses fins ultimes. Heureusement, dit-il, qu’il reste le Net comme espace de liberté et de dénonciation de ces voleurs et de ces dictateurs. Ils en ont peur, c’est pour ça que Bruxelles a voté des crédits pour censurer la Toile. « Ces trolls sont déjà parmi nous… :
Ping : Le séquestre américain, une tempête dans un verre d'eau ! (B. Bertez) | Econopoli | Scoop.it
Laurent Louis, bravo ! oui, nous lutterons contre les technocrates machiavéliques de Bruxelles et avec le soutien de courageux députés tels que vous, nous serons vainqueurs.
Le problème est de découvrir quels sont les noms derrière le N.O.M. Qui sont exactement les « ils » ? Les vrais chefs, pas leurs valets de pied bruxellois ou washingtoniens…
Peut-être un verre d’eau… Ne perdons pas toutefois de vue qu’il s’agit d’un océan abyssal de dettes et que là est la vraie et l’unique question.
Ne perdons pas de vue aussi et Laurent Louis le lit bien (puisse-t-il prendre l’ampleur de Nigel Farage !) qu’internet est en danger. Comme l’avait souligné un de vos posteurs Brunoarf, je crois, Olivier, il faudrait identifier tous les messages des trolls par un identifiant humoristique…
Jean LENOIR