Nicolas Sarkozy, ou l’indécence du conférencier de Goldman Sachs (L. Pinsolle)

« Mais sur quelle planète vit Nicolas Sarkozy ? Comment l’ancien président de la République, seul président sortant battu avec Valéry Giscard d’Estaing, peut-il espérer une seconde être de nouveau élu en 2017 par les Français après avoir donné une conférence payée 100 000 dollars par Goldman Sachs ?

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Et il gagna beaucoup d’argent…

Beaucoup de journalistes avaient rapporté ces propos : après la politique, Nicolas Sarkozy voulait gagner de l’argent. Et après tout, c’est son droit, du moment qu’il paie ses impôts en France. Mais on peut trouver très indécentes les sommes déboursées par les multinationales pour faire parler quelques minutes d’anciens chefs de l’Etat ou de gouvernement. On peut aussi également se poser la question de l’éthique de dirigeants qui acceptent d’être rémunérés aussi largement par des multinationales qui étaient affectées par les décisions qu’ils prenaient quand ils étaient aux affaires.

Mais la plupart du temps, ce sont des dirigeants en retraite politique définitive qui donnent ces conférences. Or, ici, comme le rapporte le Monde, il semblerait que Nicolas Sarkozy envisage très sérieusement un retour en politique. Certes, il prend soin de dire « qu’il reviendrait ‘si l’on avait besoin de lui » ou « qu’il reviendrait par devoir ». Mais pour qui se souvient de la période précédant l’annonce de sa candidature en 2012, il s’agit exactement de la même rhétorique. En outre, l’état désastreux de l’UMP après la guerre de l’automne dernier entre Copé et Fillon facilite son éventuel retour.

Malgré tout, il y a quelque chose qui cloche. Comment un homme politique un tant soit peu raisonnable (mais l’est-il seulement un minimum ?) peut-il imaginer que les Français voudront élire en 2017 un candidat qui aura amassé des fortunes pendant cinq ans à faire des discours parfois payés par les multinationales les plus honnies de la planète comme Goldman Sachs ? Comment peut-il imaginer une seconde que le candidat de la fameuse banque d’affaires étasunienne pourra réunir une majorité de Français au second tour, et même potentiellement passer le cap du premier tour ?

L’oligarchie décomplexée

En outre, dans le cas de Nicolas Sarkozy, empocher cent mille dollars de Goldman Sachs est encore plus indécent. En effet, l’ancien président avait sans doute été le dirigeant le plus critique à l’égard des excès du capitalisme, porté par les analyses et les mots d’Henri Guaino. Il avait promis de moraliser le capitalisme, avait soutenu que le temps du laisser-faire était fini, que les parasites fiscaux, c’était terminé. Le problème est que la dernière année a démontré qu’autant ses mots avaient été forts (et souvent justes), autant ses actes avaient été dérisoires, pour ne pas dire inexistants.

Les parasites fiscaux ont poursuivi leurs activités sans que rien ne change après les mesurettes du G20 présidé par l’ancien président. Les rémunérations des banquiers sont toujours aussi indécentes, même si elles ont été légèrement écornées par les aléas des marchés et les banques n’ont pas eu à subir les conséquences de la crise qu’elles ont largement provoquée. Du coup, il devient particulièrement gênant pour le chef de l’Etat d’être rémunéré par la banque qui symbolise toutes les dérives du système. Il est difficile de ne pas y voir une forme de gratification pour service rendu.

Bien sûr, il n’y a sans doute pas de liens directement attachés à cette somme, mais comment ne pas voir un conflit d’intérêts majeur entre l’activité politique et l’activité très lucrative de conférencier pour des entreprises hautement dépendantes des décisions de l’Etat. Si jamais Nicolas Sarkozy venait à se présenter (ce qui supposerait sans doute qu’il ne soit pas inquiété dans les nombreuses affaires où son nom est évoqué, notamment celle de l’arbitrage de Bernard Tapie), un soupçon bien légitime se porterait sur celui qui a accepté de toucher cent mille dollars de Goldman Sachs.

Comme il l’avait annoncé, Nicolas Sarkozy gagne de l’argent après la politique, bien plus qu’il ne pouvait le faire dans sa précédente fonction. Mais il est difficile de ne pas voir que ce faisant, il hypothèque sans doute définitivement toute possibilité de retour gagnant en politique. Tant mieux ».

Laurent Pinsolle, Blog gaulliste libre, le 5 juin 2013

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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13 commentaires pour Nicolas Sarkozy, ou l’indécence du conférencier de Goldman Sachs (L. Pinsolle)

  1. zorba44 dit :

    La seule chose à laquelle Sharko ne pense pas est que, comme quiconque, il sera un jour un squelette avec un crâne aux orbites vides dans la poussière du temps…

    Jean LENOIR

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  3. Neo Futur dit :

    « sans rien ne change » ->sans que rien ne change

    ( a part ca un excellent article comme toujours, je suis accro a votre blog 😉

  4. xavib dit :

    Pour résumer la personnalité du bonhomme : « Sarkozy, brasseur d’air arriviste et cupide. »

  5. N.O.M dit :

    Sur quel planète vivent les français pour avoir mis Sarkozy au pouvoir en 2007 ? c’ est plutôt cette question que vous devriez vous poser monsieur Pinsolle.

    Lors du dîner 2008 de la Fondation pour l’ appel à la conscience du rabbin Arthur Schneider, le président Nicolas Sarkozy a reçu le World Statement Award from the Appeal of Conscience Fondation.

    Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient, a suivi Nicolas Sarkozy de l’ intérieur à l’ Elysée, où il était son conseiller pour la sécurité.

     » Le Nouvel Observateur ( 18 décembre ) a publié un article plus qu’ élogieux sur le Rothschild de Sarkozy, en l’ occurrence David de Rothschild, président de la banque franco- britannique Rothschild & Cie. Proche de son conseiller Alain Minc, cet héritier est devenu  » le banquier qui compte  » :  » Il a ses entrées auprès de tous les grands patrons et surtout à l’ Elysée. Non seulement il connaît intimement Nicolas Sarkozy, qu’ il tutoie, mais en plus c’ est une anciennes têtes d’ affiche de sa banque, François Pérol, qui occupe un poste clé auprès du président de la République et qui règne sur les principaux dossiers économiques et financiers (…) De fait, depuis que ce dernier est l’ un des conseillers les plus influents de Sarkozy, la maison Rothschild se taille la part belle dans tous les nouveaux deals qui impliquent l’ Etat : la privatisation de la Poste, l’ ouverture du capital de la Française des Jeux, la quasi- nationalisation de Natixis, l’ entrée de la Caisse des Dépôts dans Eiffage… » On apprend aussi que Nicolas Sarkozy et son épouse, Cécilia Ciganer- Albéniz, sont partis en vacances avec Edouard de Rothschild, l’ actionnaire majoritaire de Libération. » Source : Emmanuel Ratier, Faits et documents, n° 268 du 15 au 31 janvier 2009, page 9.

    Aujourd’hui c’ est  » mon ennemi c’est la finance  » qui est au pouvoir. On a tout de même deux banquiers Rothschild à l’ Elysée et au ministère du redressement productif ( Emmanuel Macron et Stéphane Israël ). Moi ce qui m’ inquiète c’est qu’ il y est encore 35 millions de français qui ont voté aux présidentielles 2012. Que disait le général de Gaulle déjà ? On va en prendre plein la gueule et à certains égards on l’ aura pas volé !

  6. THEOPT NEWZE dit :

    Indécence absolue. Quelques minutes versus dix ans de salaire d’un travailleur de base !…
    Dans peu de temps, dans peu de temps… ce minable aux résultats calamiteux rasera les murs.
    S’enfouira. Kadhafi, Saddam Hussein : son fatum !

  7. Achille Tendon dit :

    Vous pouvez relire le livre mis très longtemps à l’index en France (allez savoir pourquoi…)
    Sarkozy, Israël et les juifs de Paul-Eric Blanrue et vous ne serez plus du tout étonnés de la chose!

  8. Ping : PART 01 | JUIN 2013 | Business BANKS | Pearltrees

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  10. Nicolas comme conférencier quoi de mieux.

  11. ASSE dit :

    Que dire: depuis longtemps,la crapule prospère(et il s’en trouve beaucoup parmi les politicards) tandis que le petit peuple est essoré dans le sang et les larmes.Ce crétin n’a même pas la décence de s’abstenir de penser à revenir en politique après ses deux échecs les plus lourds pour la FRANCE:endettement supplémentaire de plus de 500 milliards d’euros et vente de quelques tonnes d’or de la FRANCE (information bien sur tue par les grand média vendus).Il a le nez si monstrueusement avancé qu’il ne peut peut-être pas s’y résoudre:son anatomie joue contre lui.

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