Cap ou pas cap ? (D. Jamet)

« Il dit qu’il va tirer la leçon. Mais il laisse dire qu’il va tenir le cap. Il faudrait savoir ».

Cap ou pas cap titanic

« Il dit qu’il va tirer la leçon. Mais il laisse dire qu’il va tenir le cap. Il faudrait savoir. Choisir entre la leçon et le cap. Le cap, c’est l’orientation imprimée par son prédécesseur, poursuivie et accentuée par lui. La rigueur, l’austérité, la punition. L’alourdissement des impôts, la compression des dépenses publiques, l’inexorable progression du chômage en dépit de la sinistre farce des emplois aidés, l’asphyxie progressive de notre économie. Et tout cela pour satisfaire aux engagements imbéciles pris par les gouvernements successifs que subit la France depuis vingt ans, de répondre en bon élève aux exigences de la Commission de Bruxelles, puis de la Banque centrale européenne, enfin du Fonds monétaire international et de l’Organisation mondiale du commerce, de faire tomber notre déficit au-dessous de 3 % du PIB, d’accepter le libre-échange des biens et la libre circulation des personnes, alibis et masques du dumping commercial et du dumping social qui sont les fondements de la concurrence déloyale à laquelle nous sommes confrontés et qui, après avoir mis à mal notre industrie, va ruiner notre agriculture. D’autres, avant nous, ont emprunté ce chemin et suivi ce calvaire. Le sort qui nous attend est celui qu’ont connu et que connaissent la Grèce, le Portugal, l’Espagne, étranglés par une solidarité de banquiers et d’usuriers qui se payent sur la bête plutôt que de venir en aide aux hommes.

Il sait qu’il nous conduit au désastre. Il a entendu la voix du peuple. Il sait que ce qu’on attendrait d’un gouvernement français, c’est qu’il prenne en compte les intérêts et les revendications des Français, qu’il envoie bouler les normes, les règlements, les contraintes qui ont fait de ce pays un vieillard sous curatelle ou un mineur sous tutelle, en tout cas une personne diminuée qui n’a plus la maîtrise de son budget, le contrôle de ses frontières, l’autonomie de sa monnaie, et qui subit sans regimber (jusqu’à présent) l’humiliation d’avoir été mis sous la « surveillance renforcée » d’autorités supranationales. Mais que pourrait-il faire ? Comment pourrait-il changer de cap ?

Tenu et ligoté par les traités inégaux que le premier a négociés, que le deuxième a signés et que lui-même a ratifiés, Captain Cap n’a pas la moindre marge de manœuvre. Et c’est pourquoi, ayant abandonné la barre et croyant ou feignant de croire que le naufrage est pour ses successeurs, il laisse le Titanic courir sur son erre, non pas droit dans le mur – comme on le dit trop souvent sans souci de la cohérence des métaphores – mais droit sur l’iceberg fatal ».

Dominique Jamet, Boulevard Voltaire, le 27 mars 2014

 

 

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
Cet article, publié dans Actualités, Economie, est tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

12 commentaires pour Cap ou pas cap ? (D. Jamet)

  1. Ping : Cap ou pas cap ? (D. Jamet) - gastraudiome

  2. zorba44 dit :

    Et pendant ce temps là, Hollande et Xi, sont régalés par Ducasse à Versailles : pas moins de 18 plats…
    Néanmoins si c’est Vache qui Rit régale, il ne figure pas dans la liste des plats : vous vous en doutez !

    Allons braves gens ne vous approchez pas des cuisines royales où montent de délicats fumets, sinon on vous bastonnera et on vous jettera des pierres ! Une Vache qui Rit étalée sur une baguette molle ? C’est bien assez pour vous.

    Jean LENOIR

  3. Ping : Cap ou pas cap ? (D. Jamet) | Around The World ...

  4. brunoarf dit :

    Grèce : 28 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 61,4 %.

    Espagne : 25,8 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 54,6 %.

    Croatie : 18,8 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 49,8 %.

    Chypre : 16,8 %.
    Chez les jeunes : 40,3 %.

    Portugal : 15,3 %.
    Chez les jeunes : 34,7 %.

    Slovaquie : 13,6 %.
    Chez les jeunes : 31,3 %.

    Bulgarie : 13,1 %.
    Chez les jeunes : 30 %.

    Italie : 12,9 %.
    Chez les jeunes : 42,4 %.

    Irlande : 11,9 %.
    Chez les jeunes : 26 %.

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    Vous vous rappelez ce que disaient les hommes politiques et les économistes pour nous inciter à voter « oui » au traité de Maastricht ?

    Les économistes qui ont voté « oui » au traité de Maastricht lors du référendum du 20 septembre 1992 sont des aveugles, des menteurs, des charlatans, des escrocs, des crétins, des astrologues (rayer la mention inutile).

    – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

  5. hagen dit :

    Malgré ces chiffres catastrophiques « les jeunes » acceptent tout sans broncher. Baissent la tête et en redemandent.

    • zorba44 dit :

      Oui le paradoxe semble frappant, mais en apparence seulement. En 1968 dans une société certes inégale, mais riche et en expansion des Cohn-Bendit et d’autres Alain Geismar, sans doute téléguidés par des groupes qui avaient intérêt à affaiblir la société française, ont foutu un bordel sans nom et sont à l’origine de la décadence de la France puis de l’humanité. Ce n’est pas pour rien que DCB était surnommé Dany le Rouge.

      Maintenant, et en tant que résultat, la société est plus inégale, dure, bureaucratique, dictatoriale que jamais et les jeunes ne bougent pas …en apparence !

      Mais si : ils bougent pour trouver une maigre place au soleil et pour pouvoir subsister, dans une ambiance de fin des temps.

      C’est à mes yeux beaucoup plus responsable que de dépaver la place Saint-Michel et investir la Sorbonne.

      …Cependant il n’est pas dit qu’une tempête de violences ne les conduisent à trancher la gorge de la génération précédente qui aura permis cette infâme déstructuration.

      Jean LENOIR

    • Louvois dit :

      Avec le lavage de cerveau qu’ils ont subi depuis leur plus tendre enfance, à la télé et à l’école, et avec des parents abrutis par l’hédonisme de masse (« démocratique »)… que voulez-vous qu’il sorte de viril et d’intelligent de ces jeunes ?

      • zorba44 dit :

        Pas de généralisation s’il vous plaît ? Les enfants c’est comme le dressage d’un chien…
        On en fait des hommes ou des femmes, des vrais …ou des lopes, ou des animaux enragés.
        La responsabilité de l’éducation vient d’en haut, même si les jeunes sont notre futur.

        Jean LENOIR

  6. Finally, let’s take a look at a normal individual’s personal income tax rate per country. The national median income of an individual is around $US 40000/annum. If we add the personal income tax rate to Chart 1, we get Chart 4. Again, we can see that the size of government is in direct correlation with the tax rates. This also means that the European countries (with the most government) are the ones with the highest taxes. Higher taxation is most destructive to the private sector of the economy as it takes money from the competent people (free market capitalists) and gives it to the incompetent (government). Notable is that Saudi Arabia doesn’t have income tax.
    http://seekingalpha.com/article/675871-the-size-of-governments-and-the-effect-on-their-economies

  7. Ping : Cap ou pas cap ? (D. Jamet) | Pour un débat sur le libre-échange et sur l'euro…

  8. Ping : Cap ou pas cap ? (D. Jamet) | Forum Démocratique

Répondre à zorba44 Annuler la réponse.