« SwissLeaks » n’est peut être que le début. Les journalistes qui ont révélé le vaste système de fraude fiscale de la filiale suisse de HSBC n’ont eu accès qu’à la « partie émergée de l’iceberg », assure mardi 10 février au « Parisien » l’ex-informaticien franco-italien de HSBC Hervé Falciani.
Le lanceur d’alerte, visé par un mandat d’arrêt internationnal lancé par la Suisse pour violation de son secret bancaire, souligne que les journalistes n’ont eu accès qu’à « une partie » des informations qu’il a transmises à l’Etat français. « L’administration fiscale en a eu encore bien plus », ajoute-t-il.
Les grandes banques françaises « concernées » ?
Interrogé sur les 106.000 clients particuliers que « Le Monde » dit avoir détectés, Hervé Falciani affirme : « ce n’est que la partie émergée de l’iceberg…Il y en a encore plus que ce qu’ont les journalistes. Plusieurs millions de transactions [entre les banques, NDLR] sont également répertoriées dans les documents que j’ai transmis. Ces chiffres peuvent donner une idée de ce que peut être le dessous de l’iceberg. »
La filiale suisse de la banque HSBC est au centre d’un vaste scandale après que plusieurs journaux eurent assuré qu’elle avait aidé certains de ses clients, notamment de riches industriels et des personnalités politiques, à cacher des milliards de dollars pour leur éviter de payer des impôts.
Selon Hervé Falciani, « il est impossible que les grandes banques françaises ne soient pas concernées » par ce système de fraude fiscale. « C’est d’une industrie qu’on parle. Donc, bien sûr que les banques françaises sont bien positionnées ».
« Les vrais terroristes, c’est le monde de la finance »
Interrogé sur l’efficacité des législations anti-évasion fiscales mise en place en France après l’affaire Cahuzac et aux Etats-Unis, il avertit que « la réglementation va surtout mettre le paquet sur les clients particuliers qui déclarent un compte en leur nom propre. Ce sont les petits, le fond du panier. Le haut du panier utilise des sociétés, parfois créées de façon frauduleuse. »
Il se déclare en faveur d’une « protection financière aux détenteurs d’informations d’intérêt public » afin de faire « avancer la démocratie ».
Selon nos informations, pour la première fois, trois lanceurs d’alerte ont expressément réclamé à Bercy d’envisager un paiement au nom des « services considérables qu’ils ont rendu à l’Etat français ». Parmi eux : Hervé Falciani.
Selon Hervé Falciani, l’évasion fiscale est « un sujet essentiel, qui n’est pas encore aujourd’hui assez relayé ».
« En proportion, on parle beaucoup du terrorisme », ajoute-t-il. « Mais les affameurs, les vrais terroristes, ceux qui touchent des centaines de millions de personnes, c’est le monde de la finance. »
Le Nouvel Obs, le 10 février 2015 (via Crashdebug.fr)
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Il y a une question qui vient naturellement à l’esprit. Qu’a prévu le NOM comme paradis fiscal pour que les riches échappent à l’impôt ? La question est naïve (car aussi le NOM ne sera pas) mais la réponse n’en serait pas moins intéressante.
Jean LENOIR
Vous ne trouvez pas qu’ils en ont déjà bien assez comme ça, des paradis fiscaux ?
…Sans doute, Jean, le zéro impôt pour l’oligarchie et la dette de toute éternité et les impôts pour les autres !
Jean LENOIR
« Les vrais terroristes, c’est le monde de la finance » Ne devrait-on pas dire que se sont les mêmes qui financent les vrais terroristes ?
Pas faux. Si la mémoire du signataire est exacte (et Olivier pourrait le confirmer), l’ascension d’Hitler fut favorisée par la banque JP Morgan.
On voit bien le gâchis, le sang, la sueur et les larmes mais aussi l’enrichissement phénoménal des industries participant à l’armement et, enfin, la spirale de la dette, toujours elle.
Jean LENOIR
Pas seulement JP Morgan… C’est toute l’élite financière anglo-américaine qui a soutenu la réindustrialisation allemande et l’ascension de Hitler. Wall Street et la City portent une lourde responsabilité dans la montée du nazisme et la guerre de 39-45. Lire notamment les ouvrages d’Antony Sutton et d’Eustace Mullins.
… ou lire les mémoires d’Ivan Maïski (ambassadeur soviétique à Londres dans les années 30) récemment publiées en français chez Delga.
Maïski découvrit avec horreur que l’ennemi absolu de l’establishment britannique (et par-delà américain) n’était pas Hitler mais l’URSS et que la classe dirigeante anglaise comptait d’ailleurs sur le Führer pour débarrasser la planète des bolchéviques…