Giscard : « La Grèce doit sortir de l’euro »

On saura gré à VGE de sa franchise mais il a fait tellement de mal à la France lorsqu’il était aux affaires qu’il lui reste encore beaucoup à se faire pardonner… Il lui reste par exemple à reconnaître que l’euro lui-même, dont il fut le premier promoteur, est une imbécillité sans nom. Le « Grexit » ne suffira pas. Ce sera un aveu évidemment difficile mais comme je l’ai dit un jour, ils y viendront tous, l’un après l’autre… OD

Giscard La Grèce doit sortir de l’euroL’ancien chef de l’Etat Valéry Giscard d’Estaing prône une « friendly exit » de la Grèce pour éviter une crise plus grave. Il juge que l’économie grecque ne peut se redresser sans une monnaie dévaluée.

L’Europe apporte-t-elle les bonnes réponses au problème de la Grèce ?

Le problème est mal posé depuis l’origine. La question fondamentale est de savoir si l’économie grecque peut repartir et prospérer avec une monnaie aussi forte que l’euro. La réponse est clairement négative. Mais au lieu de se concentrer sur ce sujet de fond et d’y répondre, les Européens se focalisent sur la dette grecque. Bien sûr, il est envisageable de soulager un peu le budget grec, en jouant sur le niveau des taux d’intérêt et sur les maturités. Mais là n’est pas l’essentiel. Cela ne résoudra pas le problème de fond auquel est confronté ce pays.

La Grèce doit-elle sortir de l’euro ?

La proposition implicite du nouveau gouvernement grec suppose une dévaluation de la monnaie. Tout simplement parce que le programme sur lequel il a été élu est irréalisable avec une monnaie forte. La production de la Grèce ne peut redevenir compétitive avec le niveau actuel de l’euro. Par conséquent, elle n’est pas en mesure d’appliquer son programme économique notamment la hausse du salaire minimum et l’extension des avantages sociaux. L’entrée de la Grèce dans l’euro en 2001 fut une erreur évidente. J’étais contre à l’époque et je l’ai dit. Les Allemands étaient contre eux aussi. Ils l’ont acceptée parce que d’autres, notamment la France, ont insisté en ce sens. La Grèce ne peut régler ses problèmes aujourd’hui que si elle retrouve une monnaie dévaluable. Il faut donc envisager ce scénario très calmement, à froid, dans l’intérêt de la Grèce elle-même. Il est absurde de dire qu’il s’agirait d’un échec de l’Europe. D’ailleurs, ces jours derniers, la cote de l’euro est remontée. La Grèce a toute sa place dans l’Union européenne. En quittant l’usage de l’euro, elle ne ferait que rejoindre des pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la République tchèque etc. qui ne l’ont pas adopté. Mieux : cette sortie lui permettrait de préparer un éventuel retour, plus tard. Ce processus de sortie ordonnée doit et peut se dérouler de manière non conflictuelle, dans l’intérêt mutuel de chacun. C’est ce que j’appellerais une « friendly exit », une sortie dans un esprit amical. La Grèce a besoin de se donner la possibilité de dévaluer sa monnaie. Si elle ne le faisait pas, sa situation s’aggraverait et déboucherait sur une crise encore plus sévère.

Pourquoi cette hypothèse n’est-elle pas posée par les leaders européens selon vous ?

Peut-être par manque de compétence en matière monétaire et en raison de la pression des milieux spéculatifs. On nous dit que les Grecs ne souhaitent pas quitter l’euro et que le nouveau gouvernement a écarté cette hypothèse pendant la campagne électorale. Certes. Mais ce n’est pas la première fois que des dirigeants se font élire avec un programme inapplicable qu’ils proposent à l’opinion. C’est même chose courante : voyez ce qu’est devenue la promesse du gouvernement français de faire baisser le chômage…

La sortie de la Grèce de l’euro ne risquerait-elle pas d’inciter d’autres pays à la suivre ?

Il n’y a, à l’heure actuelle, aucune agitation particulière dans la zone euro. La situation de la Grèce est singulière et extrême: son taux d’endettement par rapport à la richesse nationale, autour de 175% du PIB, est très supérieur à celui du deuxième pays européen le plus endetté, qui se situe autour de 125%.

Cependant, il faudrait aussi réfléchir aux institutions de la zone euro pour les compléter le moment venu par la création d’un Trésor de la zone euro. Mais ce sont là des questions de plus long terme. La situation grecque appelle une décision forte et rapide permettant au programme politique et social qu’elle s’est donnée de disposer d’une monnaie qui soit dévaluable.

Les Echos, le 18 février 2015 – Propos recueillis par Nicolas Barré

Rappels :

Le Grexit s’est déjà produit, mais l’Europe ne le sait pas (E. Verhaeghe)

Giscard avertit : « La France risque de se retrouver dans la même situation que la Grèce »

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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15 commentaires pour Giscard : « La Grèce doit sortir de l’euro »

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  2. Un accord qui repousse la crise au 23 février. Au moins les Grecs vont dormir tranquilles jusqu’à mardi prochain 🙂

    The Greek authorities will present a first list of reform measures, based on the current arrangement, by the end of Monday February 23. The institutions will provide a first view whether this is sufficiently comprehensive to be a valid starting point for a successful conclusion of the review. This list will be further specified and then agreed with the institutions by the end of April.

    Only approval of the conclusion of the review of the extended arrangement by the institutions in turn will allow for any disbursement of the outstanding tranche of the current EFSF programme and the transfer of the 2014 SMP profits. Both are again subject to approval by the Eurogroup.

    Read more: http://www.businessinsider.com/heres-the-eurogroup-statement-on-greece-2015-2#ixzz3SJqUWZR2

    • Ils n’en finissent plus de repousser aux calendes grecques… A croire que dresser un constat d’échec est au-dessus de leurs forces.
      Pas étonnant, la mollesse et l’atermoiement ont toujours caractérisé cette Union contre nature.

      • zorba44 dit :

        Les calendes grecques si bien nommées en l’occurrence. Si un chef d’entreprise réalise qu’il a pris des mauvaises décisions, et s’il est bon, il redresse la barre pendant qu’il est encore temps.
        Les banksters et leur sphère n’ont pas les mêmes objectifs, et c’est comme ça qu’ils cherchent à toujours plus de forfaits et magouilles pour masquer leurs échecs.

        Jean LENOIR

  3. Justy dit :

    Ainsi la gauche dite radicale a capitulee en quelques heures.Il ne suffit pas
    de porter une cravate rouge comme Mélenchon ou de ne pas mettre de cravate
    du tout pour être courageux.
    Les grecs vont donc continuer a en baver…jusqu’au jour ou ils comprendront qu’ils
    leur faut redevenir un peuple libre et donc sortir de l’Euro.

  4. brennec dit :

    Giscard doit sortir de nos têtes.

  5. brunoarf dit :

    Chiffres Eurostat publiés le jeudi 22 janvier 2015 :

    Dette publique de la Grèce : 315,509 milliards d’euros, soit 176 % du PIB.
    En clair : la Grèce est en faillite.
    Or que lisons-nous aujourd’hui ?

    « L’autre élément important, c’est que la BCE, puisqu’un accord a été trouvé, va pouvoir réintroduire la dérogation qui permettait aux banques grecques de se refinancer normalement à son guichet en utilisant les dettes d’Etat comme collatéraux, autrement dit comme garantie. Ceci permettra, in fine, à l’Etat de financer une partie de ses besoins par l’émission de bons à court terme. »

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150220trib73620a4fa/accord-sur-la-grece-a-l-eurogroupe-sur-un-financement-de-quatre-mois.html

    Dans les quatre mois qui viennent, voici ce qui va se passer :
    1- La Grèce est incapable de rembourser quoi que ce soit.
    2- La Grèce va quand même continuer à émettre des obligations d’État.
    3- Les banques grecques vont quand même acheter ces obligations d’État.
    4- Ensuite, les banques grecques vont refourguer ces obligations d’État à la BCE comme collatéraux.
    5- La BCE va quand même accepter ces obligations pourries, et elle va quand même continuer à prêter des milliards d’euros aux banques grecques.
    6- La Grèce va continuer à se surendetter. De toute façon, elle ne remboursera pas sa dette.
    7- En Grèce, les européistes vont continuer à empiler des caisses de dynamite par-dessus les caisses de dynamite déjà existantes.

    Encore quatre mois à empiler des caisses de dynamite supplémentaires.

    Encore quatre mois de fuite en avant.

    • Ce qu’on appelle aussi de la cavalerie financière…

      • zorba44 dit :

        C’est vrai et lorsqu’on eût rempli le Parthénon avec des boulets et des barils de poudre il finit en morceau, alors qu’il était, selon les historiens en état exceptionnel avant cela.

        La Grèce est devenu le baril de poudre de l’union européenne. L’union européenne va finir par exploser car continuer ainsi à jouer avec des stocks de munitions instables est particulièrement dangereux.

        Jean LENOIR

  6. brunoarf dit :

    2008 : dette publique de la Grèce : 263,284 milliards d’euros, soit 112,9 % du PIB.

    En 2008, les autres nations européennes auraient dû accepter de subir des pertes. Elles auraient dû accepter que la Grèce fasse défaut sur la totalité de sa dette publique. Mais, malheureusement, elles n’ont pas voulu subir des pertes.

    En 2008, l’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    2009 : dette publique : 129,7 % du PIB.

    L’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    2010 : dette publique : 148,3 % du PIB.

    L’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    2011 : dette publique : 170,3 % du PIB.

    En début d’année 2012, la Grèce a fait défaut : 115 milliards d’euros de dettes ont été effacés.

    2012 : dette publique : 157,2 % du PIB.

    L’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    2013 : dette publique : 175,1% du PIB.

    L’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    Troisième trimestre 2014 : dette publique de 315,509 milliards d’euros, soit 176 % du PIB.

    L’Allemagne, la France, et tous les autres moutons de Panurge bêlent : « C’est pas grave. Nous refusons de subir des pertes. Nous continuons à prêter des milliards d’euros à la Grèce en faillite. »

    Dans le Quart Livre, chapitre VIII, Rabelais écrit :

    Soudain, je ne sais comment cela se produisit, je n’eus pas le loisir de le considérer, Panurge, sans dire autre chose, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons criant et bêlant sur le même ton commencèrent à se jeter et à sauter dans la mer tous à la file. Le premier à sauter derrière son compagnon était dans la foule. Il n’était pas possible de les en empêcher. Vous savez en effet que c’est le naturel du mouton, de toujours suivre le premier, où qu’il aille. De plus Aristote dit au livre IX de l’Histoire des Animaux que c’est le plus sot et le plus inepte animal du monde. Le marchand, tout effrayé de voir devant ses yeux périr et se noyer ses moutons, s’efforçait de les en empêcher et de les retenir de toutes ses forces. Mais c’était en vain. Ils sautaient tous à la suite dans la mer, et y périssaient.

    http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Quart_Livre

    L’histoire de la zone euro se terminera de la même façon :

    « Ils sautaient tous à la suite dans la mer, et y périssaient. »

  7. brunoarf dit :

    Manolis Glezos, député européen membre de SYRIZA : « Je demande au Peuple Grec de me pardonner d’avoir contribué à cette illusion. »

    Depuis Bruxelles, Manolis Glezos foudroie le gouvernement à propos des manœuvres durant les négociations avec les créanciers et du changement de discours de SYRIZA. Il rappelle qu’ « entre l’oppresseur et l’oppressé, il ne peut être question de compromis, tout comme cela est impossible entre l’occupé et l’occupant. La seule solution c’est la liberté ».

    Manolis Glezos écrit :

    Changer le nom de la troïka en « institutions », celui du mémorandum en « accord » et celui des créanciers en « partenaires », ne change en rien la situation antérieure.
    L’on ne change pas non plus, bien entendu, le vote du peuple Grec aux élections du 25 janvier 2015.
    Il a voté pour ce que SYRIZA avait promis : abolir le régime d’austérité qui n’est pas seulement une stratégie de l’oligarchie allemande mais aussi de celle des autres pays créanciers de l’Union européenne et de l’oligarchie grecque.
    Nous abolissons les mémorandums et la troïka, nous abolissons toutes les lois de l’austérité.
    Au lendemain des élections, d’une seule loi, nous abolissons la troïka et ses effets.
    Un mois est passé et cette promesse n’est toujours pas transformée en acte.
    Dommage et encore dommage.
    Pour ma part, je demande au Peuple Grec de me pardonner d’avoir contribué à cette illusion.
    Mais, avant que le mal ne progresse.
    Avant qu’il ne soit trop tard, réagissons.
    Avant toute chose, par le biais d’assemblées extraordinaires, dans toutes les organisations, quel qu’en soit le niveau, les membres et les amis de SYRIZA doivent décider s’ils acceptent cette situation.
    D’aucuns prétendent que, pour obtenir un accord, il faut savoir céder. En tout premier lieu, entre l’oppresseur et l’oppressé, il ne peut être question de compromis, tout comme cela est impossible entre l’occupé et l’occupant. La seule solution c’est la liberté.
    Mais, même si nous acceptions cette aberration, ce que les gouvernements antérieurs ont fait avec le chômage, l’austérité, la pauvreté, les suicidés, en soutenant les mémorandums, va bien au-delà de toute limite de compromis.

    Manolis Glezos, Bruxelles, le 22 février 2015

    http://www.okeanews.fr/20150222-glezos-je-demande-au-peuple-grec-de-pardonner-davoir-contribue-cette-illusion

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