Cher Soldat Inconnu,
Je viens t’écrire ces quelques lignes sur recommandation de ma Mamie, qui vient juste de sortir du bureau. Elle tient en effet à ce que je te prévienne que je ne participerai à aucune commémoration de nature militaire pour le centenaire de l’Armistice, ce 11 novembre.
Tu comprendras aisément mon désir de ne pas froisser Angela Merkel, en fêtant cette victoire française sur l’armée allemande. Et puis, quel est le sens de rabâcher sans cesse cette histoire ancienne alors que nous entrons dans l’ère bénie de ce cosmopolitisme universel où les frontières sont bannies, où l’Homme (et la Femme, et les Transgenres, et les Bis, ça va sans dire) seront les éléments transfigurateurs et itinérants de l’humanisme nouveau et… bon, bref, les bidasses feront ce qu’ils veulent mais sans moi.
Et vois-tu, moi, les héros, c’est pas mon truc. A moins évidemment qu’ils ne soient Noirs, immigrés clandestins et ne sachent grimper aux fenêtres.
Je préfère de loin les traîtres à la Patrie, comme par exemple ce communiste qui a fricoté avec les fellaghas algériens pour commettre des attentats contre les Français et que j’ai récemment honoré. Il y a là un côté transgresseur terriblement romantique, ne trouves-tu pas ?
Ça m’est déjà difficile d’être obligé de composer avec cette célébration d’armistice qui m’est imposée par le calendrier. Tu penses bien que si le 11 Novembre n’avait pas été jour chômé, je me serais bien passé de toute cette guignolade. Regarde, par exemple, j’ai pu zapper la célébration de la victoire d’Austerlitz parce qu’elle n’est pas inscrite dans le calendrier. D’ailleurs Chirac lui-même avait boycotté son bicentenaire. Ça me fait penser d’ailleurs qu’il faudra que je regarde si je ne pourrai pas plutôt célébrer Waterloo l’année prochaine, moi qui n’aime rien autant que la repentance et la contrition infligées aux Français.
Mais en attendant, pas de militaires avec moi pour le 11 Novembre et puis c’est tout. Pour ma part, en tant que Président des Armées de la République, j’irai main dans la main avec ma copine Merkel faire une « itinérance mémorielle » dans l’Est de la France, où, je crois bien, cher Soldat Inconnu, tu t’es toi-même baladé, à ce qu’on m’aurait dit. Cette petite promenade touristique me permettra de discuter avec la chancelière allemande de ma proposition de partager le siège de la France et son droit de veto à l’ONU avec elle, voire même de l’associer à notre arme de dissuasion nucléaire.
Tu comprendras donc que rappeler avec des militaires, dans ce contexte, ce qu’on appelle pompeusement le sacrifice des soldats de cette Première Guerre Mondiale, serait incongru.
Adieu, cher Soldat Inconnu, et sans rancune.
Emmanuel Macreux.
Monsieur le Président,
J’ai bien reçu votre courrier m’informant des circonstances dans lesquelles vous envisagez de vous dispenser d’honorer mes camarades morts au champ d’honneur entre 1914 et 1918, ou des suites de cette longue guerre.
Je ne vous étonnerai pas en disant que le sacrifice de tous ces jeunes gens, dont beaucoup étaient encore bien moins âgés que vous, a un goût très amer, quand mes camarades Poilus et moi-même constatons, d’où nous sommes, l’état de délabrement dans lequel, vous et vos prédécesseurs récents, avez mis le pays.
Nous autres, les Poilus, avons joué notre vie, et l’avons souvent perdue, à défendre une ligne virtuelle de frontière, du fond de nos tranchées envahies de rats, de poux, sous les obus et rafales ennemis, dans un vacarme indescriptible, et parfois sous la menace d’être asphyxiés par le gaz moutarde.
Nous avons été séparés de nos familles, de nos femmes, de nos fiancées pendant de longs mois, pour trop souvent ne jamais les revoir, dans le seul but de tenter de faire respecter nos frontières, d’assurer l’indépendance de notre Patrie.
Nous constatons que moins d’un siècle plus tard, vous avez fait du mot « Patrie » un gros mot. Vous avez supprimé ses frontières, vous avez bradé son indépendance pour le profit d’une caste de riches, et vous l’avez laissé envahir par des hordes de nègres et de sarrasins qui n’ont même pas eu le besoin de se battre pour cela. Je sais, le mot nègre va vous heurter. Mais permettez-moi d’utiliser le vocabulaire de mon temps, vous utilisez bien le verbiage du vôtre, avec votre « itinérance mémorielle » qui ne veut pas dire grand chose à mes oreilles. Et puis je ne suis pas responsable du fait que vous ayez donné une connotation négative à un terme courant de mon époque. Mes camarades tirailleurs nègres qui me côtoyaient dans les tranchées, étaient là pour défendre notre Patrie. Pas pour braquer des professeurs de lycées, violer, agresser des jeunes à coups de barres de fer, faire du commerce de drogue, insulter et attaquer les forces de police ou les pompiers.
Donc, comme je le disais, mon propos ne devrait pas vous étonner.
Comme votre propos ne m’a pas étonné non plus.
Votre absence totale d’empathie est vite devenu légendaire. Votre propension à insulter notre peuple en toutes circonstances et particulièrement à l’étranger, également. Votre connaissance particulièrement parcellaire de l’Histoire, et le mépris que vous avez pour elle, complète votre portrait.
Je ne suis donc pas surpris que vous n’ayez aucune considération pour ceux qui ont souffert à un point que vous ne pourriez même pas imaginer, et pour ceux qui sont morts sous l’uniforme, pour gagner quelques mètres carrés de territoire français, parfois de façon très provisoire.
Vous ne cachez pas votre aversion pour l’habit militaire, vous qui n’avez même pas eu à le revêtir quelques mois à l’occasion d’une période militaire qui n’avait plus cours. Dois-je vous rappeler que nous n’avions pas non plus vraiment souhaité l’endosser, mais que nous l’avons fait cependant parce que nous avions à cœur de répondre à des intérêts suprêmes : la défense de notre pays, de notre indépendance, de notre style de vie, de nos valeurs, bref, de tout ce que vous avez abandonné lâchement ?
Vous souhaitez donc bannir toute présence militaire dans ces célébrations. Pourtant, que croyez-vous qu’était notre environnement pendant ces quatre longues années de guerre ? Partout du vert-de-gris, partout des armes, partout des trous d’obus, partout des uniformes, des ordres, de la discipline militaire. Pensez-vous que nous avons défendu notre pays à coups de parlottes, de discours, de courbettes, de conférences de presse, de poignées de mains devant les caméras ?
Célébrer une victoire militaire sans militaires, c’est fêter un baptême de bateau sans bateau, une fête de voltige aérienne sans avion, un festival de musique sans musiciens.
Je ne suis pas non plus surpris que vous songiez à célébrer Waterloo plutôt qu’Austerlitz ou la bataille d’Amiens dont vous avez boycotté la célébration cette année.
Votre début de quinquennat est déjà un Waterloo général : en politique économique, diplomatique et sociétal. La défaite est chez vous une seconde nature. Mes camarades Poilus et moi-même regrettons juste que vous viviez vos défaites dans le plus grand confort, alors que nous avons gagné notre victoire dans la plus grande souffrance.
Alors, contraint et quasiment forcé, comme vous me l’écrivez, vous allez devoir juste marquer ce 11 novembre de quelques discours vibrant de vide abyssal dont vous avez le secret.
En snobant tout hommage militaire en ce 11 novembre, vous ferez ainsi injure, une fois de plus, aux Français, dont le plus grand nombre (je parle évidemment des Français de souche, pas des Français de papier que vous et vos prédécesseurs avez multipliés à un rythme quasi-industriel) a un père, un grand-père, un arrière-grand-père, ou un arrière-arrière-grand-père ayant souffert, ou péri, ou été blessé, ou été mutilé, sous l’uniforme militaire, durant cette guerre.
Votre prédécesseur avait osé faire une indécente commémoration de Verdun en faisant cavaler des milliers de gamins au milieu de nos tombes, et voulu inviter un nègre francophobe pour animer la fête.
Notre consolation, à mes camarades Poilus de tranchées et moi-même, c’est que, tout comme ce prédécesseur, vous tomberez dans les poubelles de l’Histoire. Vous pourrez vous y tenir compagnie.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mon plus profond mépris.
Le Soldat Inconnu.
Saucisson-Pinard, le 22 octobre 2018
Rappels :
Macron, la grande imposture (J.-L. Izambert)
« Les élites françaises ont honte de la France » (M.-F. Bechtel)
Si vrai …et si consternant. Le signataire a du mal à envisager de renouveler son passeport dans un tel pays !
Jean LENOIR
« Le signataire a du mal à envisager de renouveler son passeport dans un tel pays ! »
Si si Jean, faites-le. Sinon vous laissez votre place à un « vous savez quoi ». Ne participez pas au Grand Remplacement!
Je comprends votre réaction. Mais il faut que vous sachiez qu’en immigrant en Nouvelle-Zélande il y a huit ans, je le faisais en fonction d’un pronostic économique et fiscal sombre, « seulement ».
Mettez-vous à ma place, si vous le pouvez, en lisant jour après jour ce que deviennent les racines et le terroir (urbain) de mes origines.
De toutes les façons, je préfère de plus en plus avoir le souvenir des années où c’était supportable et où je pensais que cela allait finir par changer. Mais ça fait un demi-siècle que cela perdure et empire…
…long, long dans une existence d’homme ! Même les Cambodgiens qui ont certes vécu un enfer, l’ont vécu sur une période beaucoup plus courte…
Quoique je fasse in fine, ma place a été prise cent fois …et ce n’est pas un passeport qui y changera grand-chose.
Jean LENOIR