Dans le document “Macron-Gilets jaunes, l’histoire secrète”, BFMTV nous apprend qu’une horde de putschistes ultra-violents a pendant des mois mis le pays à feu et à sang, blessant gravement son président. Heureusement, après avoir été empêché d’agir par ses conseillers obtus, Emmanuel Macron a pu confirmer son génie et son talent de visionnaire pour résoudre définitivement la crise.
« Nous allons vous emmener au cœur du pouvoir, promet Bruce Toussaint, pour vivre l’un des épisodes les plus graves et inattendus de la Ve République. » Lundi dernier, pour fêter le premier anniversaire du mouvement, BFMTV diffuse un « long format » intitulé Macron-Gilets jaunes, l’histoire secrète. « Pendant ces quelques mois, poursuit le présentateur, l’Elysée, Matignon, le gouvernement ont été secoués par un mouvement spontané et violent. » Surtout violent. « Comment Emmanuel Macron a-t-il géré cette colère ? Comment a-t-il fait face à la haine des manifestants ? » Colère, haine… Les Gilets jaunes ne constituent pas un mouvement social avec des revendications, ils se satisfont d’exprimer des sentiments primaires.
« Je vous propose de nous replonger un an en arrière, suggère Bruce Toussaint. On est en novembre 2018, le président va d’abord au contact des Français pendant plusieurs jours juste avant les cérémonies du 11-Novembre. » « C’était une façon de parler aux Français, rappelle Ruth Elkrief, de se placer dans l’Histoire. » En voulant rendre hommage à Pétain. « Mais ce à quoi on a assisté, c’est la violence de l’accueil. » La violence, déjà… C’était Verdun. « C’est les harangues contre le président, la colère. » Horreur, des harangues… « Et la surprise du président et de ses équipes qui étaient censées être dans l’histoire mais qui est dans l’histoire très contemporaine qui est très violente. » Bien plus violente que la Grande Guerre.
« C’est intéressant, juge Bruce Toussaint… On aurait dû comprendre que c’était le début de quelque chose. » « J’ai un autre souvenir, ajoute Ruth Elkrief, l’interview de Ségolène Royal au tout début novembre sur ce plateau qui disait qu’il fallait abandonner cette taxe. » Une visionnaire. « Et vous, François Boulo ? », demande Bruce Toussaint au seul représentant des Gilets jaunes présent. « On fait une erreur en disant que personne ne s’y attendait, répond l’intéressé. Dès les élections, je disais “Macron élu, dans six mois la France est dans la rue”. » L’invité décrit « une politique injuste avec par exemple la suppression de l’ISF », pointe « l’arrogance de la jeunesse, il a voulu avancer en mode bulldozer » et rappelle ses « petites phrases méprisantes ».
Logiquement, Bruce Toussaint en déduit : « La première année du quinquennat d’Emmanuel Macron, elle se passe correctement… » « Oui, confirme Ruth Elkrief, on a un président qui part à l’étranger et qui représente la France et qui est adulé à l’étranger. » Normal, c’est le seul à pouvoir sauver le monde. « Ça, c’était intéressant et agréable pour les Français. » Je me souviens, j’étais euphorique, ravi de savoir que les étrangers plébiscitaient la baisse des APL. « Mais sur les petites phrases et l’arrogance de la jeunesse, ça, on l’avait remarqué. On se disait oui, il y a un problème sur la forme dans sa manière de gouverner. » Seulement sur la forme, sur le fond, la politique menée était idéale. « Il y avait un manque de pédagogie. » La fameuse pédagogie, il en manque toujours. « … Et une manière qui se voulait franche, mais qui en réalité était vécue comme violente et agressive. » Seulement « vécue », c’est une question de ressenti. « On en a très souvent parlé sur ces plateaux. » Et on a déployé beaucoup de pédagogie pour faire admettre combien il était souhaitable de prendre aux pauvres pour donner aux riches.
« Cette colère ne datait pas d’un an et demi, précise Ruth Elkrief. C’est une série de désenchantements et de sentiment d’abandon qui ont été nourris pendant des décennies. » Voilà, c’est juste un « sentiment ». Sinon, les Gilets jaunes adorent les politiques libérales menées depuis des décennies. « Quand Emmanuel Macron arrive, il y a le ton, qui est l’allumette qui met le feu à ce sentiment d’abandon. » Voilà, c’est juste une question de « ton ». « Y a aussi cette déconnexion qui est propre à l’exercice du pouvoir, avance Bruce Toussaint. Tous les présidents le racontent. » Pauvres présidents victimes de déconnexion. « Elle est d’autant plus marquée qu’il se veut en rupture totale avec ses prédécesseurs. Il crée un mouvement, il y a des gens qui viennent de la société civile qui deviennent députés. Y a une promesse de changement et de rapprochement avec la société civile. » Avec la société civile des professions libérales et des chefs d’entreprise. « Et en fait cet isolement est le même que pour ses prédécesseurs. » On n’y peut rien, c’est le destin.
Bruce Toussaint lance le grand document : « Ce que vous allez découvrir dans quelques instants est absolument édifiant, notamment ce qui s’est passé au Puy-en-Velay. Ce sont des témoignages inédits. » Quasi exclusivement des témoignages de proches du président, de journalistes proches de la présidence, du style de Bruno Jeudy. Une seul opposant, le maire PCF de Bernay (à propos du premier « grand débat »), une seule Gilet jaune, Jacline Mouraud (les deux ou trois autres sont seulement interrogés sur ce qui s’est passé d’édifiant au Puy-en-Velay).
« Dans les couloirs de l’Elysée, commence la voix off, il se murmure que c’est un signe du destin, que ce soir-là le sort a joué en faveur du président en lui accordant une pause au pire moment du quinquennat. » Nous sommes le 15 avril, Emmanuel Macron doit prononcer « une allocution très attendue ». Christophe Jakubyszyn, éditorialiste de TF1, raconte que, pendant le tournage, « une information se propage : la cathédrale Notre-Dame est en feu ». Quel signe du destin, quel réjouissant coup du sort…
Emmanuel Macron décide de ne pas diffuser le discours déjà enregistré. « Heureusement que ce discours n’a pas été diffusé, se réjouit Christophe Jakubyszyn. C’était pas un très bon discours, trop long, très ennuyeux. Donc, quelque part, oui, c’est un mal pour un bien. » L’incendie de Notre-Dame, un mal pour un bien ? Je commence à croire que Nicolas Dupont-Aignan avait raison quand il disait que la cathédrale avait été victime d’un attentat. Sauf que ce n’était pas un complot islamiste mais gouvernemental. « Si le discours avait été diffusé, je ne suis pas sûr que la crise des Gilets jaunes aurait eu la même issue. » Une heureuse issue. « Notre-Dame occupe l’actualité pendant dix jours, reprend la voix off. Le mouvement des Gilets jaunes est éclipsé. » Ça valait le coup de mettre le feu au monument. « Le président voulait en finir avec la crise, le destin l’a aidé à tourner la page après cinq mois qui l’ont marqué à vif. » A vif ? Il a perdu un œil, une main ?
Le film effectue un saut temporel dans la « crise sans précédent dans l’histoire de la Ve République ». Direction « Buenos Aires, la capitale du monde hispanophone ». Ah bon, depuis quand ? Et Mexico, et Bogota, et Madrid ? « Ce 28 novembre 2018, il flotte comme un parfum d’été. » Peut-être parce que, dans l’hémisphère Sud, c’est la fin du printemps. Emmanuel Macron vient participer au sommet du G20. Trois jours plus tard, « il est 11 heures à Paris, l’acte 3 des Gilets jaunes dégénère ». Cécile Amar, autrice d’un livre, témoigne : « Y a des gens qui lui envoient des images de BFM. » Tu crois être tranquille, à l’autre bout du monde, loin des chaînes info franchouillardes et voilà qu’on te balance des images de BFMTV.
David Revault d’Allonnes, du JDD, l’organe officiel de la Macronie, révèle : « Le chef de l’État réalise que le pays est au bord de la révolution. » Il doit être aux anges, lui qui a intitulé Révolution le livre de sa campagne…
Retour en arrière, début novembre. Cécile Amar raconte la réaction du président au succès de la vidéo de Jacline Mouraud. « Il interpelle ses collaborateurs en leur disant : “Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Elle fait 5 millions de vues, il faut répondre !” Donc lui il voit qu’il faut répondre. » Il est aussi clairvoyant que Ségolène Royal. « Autour de lui, y a que gens qui disent : “Nan mais c’est rien du tout cette vidéo.” » Maudit entourage. C’est parce que le président a été mal conseillé qu’est né le mouvement des Gilets jaunes. Zoom sur « ceux qui l’ont accompagné pendant sa campagne et pendant sa première année à l’Elysée », l’éditorialiste Michaël Darmon confie : « Ils sont très contents d’eux-mêmes. » Maudits « mormons ». Un ex-conseiller, Sylvain Séjourné, confirme : « Personne voit venir un mouvement social d’importance. » Sauf le président (et Ségolène Royal). « Evidemment y a une grogne. » Normal, ce sont des animaux sauvages. « Mais on laisse passer les choses… » Contre l’avis du président.
« Dix jours après la première manifestation, l’assurance d’Emmanuel Macron commence à se fissurer. » Dix jours après la manif du 17 novembre, c’est le 27. Comme dans ses autres récits rétrospectifs, BFMTV occulte totalement la journée du samedi 24 novembre. C’est pourtant là que tout a basculé, quand les manifestants, pacifiquement massés en bas des Champs-Elysées se sont faits charger et inonder de gaz lacrymogène, ce qui les amène à se défendre en dressant des barricades enflammées. Sur le moment, Ruth Elkrief en était pourtant bouleversée, affolée que les images de la plus belle avenue de monde en feu fassent le tour du globe… Bref, sans cette journée du 24 novembre, et l’initiative de réprimer violemment les Gilets jaunes, ils ne seraient pas revenus la semaine suivante avec, pour certains, l’intention d’en découdre et, pour beaucoup, la volonté de ne pas se laisser faire.
Donc, ce 27 novembre, lors de sa conférence de presse sur le climat, « le président est sur le point d’accepter ce que réclament les Gilets jaunes ». « L’intuition du président, dévoile François Bayrou, c’était qu’il fallait agir sur la taxe tout de suite. » Formidable intuition. « Mais à la dernière minute, Emmanuel Macron supprime la phrase de son discours. » Allons bon. « Pourquoi cette volte-face ? Pour François Bayrou, le président s’est laissé convaincre par ceux qu’on appelle les “technos”. » Encore un coup de son aveugle entourage. « Leur logique, explique François Bayrou, c’est qu’il fallait tenir bon. » Résultat, le mouvement des Gilets jaunes a tenu bon. « Emmanuel Macron comprend qu’il faut peut-être lever le pied, envoyer des signaux pour faire baisser la tension, confirme Michaël Darmon. Et il y a Edouard Philippe qui veut continuer sur la ligne. » La crise des Gilets jaunes, c’est aussi la faute du Premier ministre. Emmanuel Macron, lui, n’y est vraiment pour rien.
« Emmanuel Macron va réaliser la haine qu’il suscite lors d’un déplacement. » C’est le morceau de bravoure du film, il en occupe une bonne part. Le 4 décembre, quand le président atterrit au Puy-en-Velay, des personnels de l’aéroport dénoncent sa présence aux Gilets jaunes locaux. « Le chef de l’État est venu soutenir les employés traumatisés » de la préfecture dont une annexe a brûlé. « Il s’est retrouvé face à des fonctionnaires qui avaient décidé de donner leur vie au service des autres, compatit Benjamin Griveaux, et qui avaient été mis face à une violence absolue. » Pire qu’à Verdun.
« Une trentaine de personnes l’attend à sa sortie, il baisse sa vitre pour les saluer. Pour seule réponse, un lot d’insultes. » « C’est des gens qu’il reconnaissait, assure François Bayrou, comme ceux qu’il avait rencontrés dont il avait croisé le regard. Ça fait beaucoup plus mal. » Au point que je verse une larme. « Surtout que la violence va monter d’un cran. » Pensez donc, un Gilet jaune se dresse seul au milieu de la route, bras écartés, face au convoi présidentiel. La violence devient insoutenable. Elle confine à l’horreur quand « Roger tape sur la vitre arrière du président ». « Après, je prends un coup de pare-choc et je tombe », raconte-t-il. Mais les coups de pare-choc, ça ne compte pas. La violence, c’est de poser la paume de sa main sur la vitre présidentielle.
François Bayrou reprend : « Je pense qu’il l’a vécu douloureusement. » Cette fois, je pleure vraiment. Je ne supporte pas la violence et encore moins de voir souffrir mon président (ou la vitre arrière de sa voiture blindée). Retour à Paris, « Emmanuel Macron mobilise la DGSI pour infiltrer les Gilets jaunes. On se demande s’il n’y a pas des influences étrangères. Les services secrets sont chargés de vérifier ces intuitions de l’Elysée ». Encore des intuitions des maudits conseillers car, l’enquête le révèle, « l’origine du mal est bel et bien française ». Rappelons qu’un mouvement social est forcément un « mal ».
« Il y a des rumeurs qui circulent selon lesquelles l’Elysée pourrait être l’objet d’une attaque par les égouts. » Pour y faire face, « le président se met à pratiquer la boxe dans la salle de sport de l’Elysée ». Stéphane Séjourné confie : « Y a eu certains moments où ça a cogné plus fort parce qu’il fallait passer les nerfs. » Il aurait dû prendre exemple sur Benalla et aller casser du manifestant, ça l’aurait bien mieux défoulé. « Il est très amaigri, il est très stressé, très fébrile », s’attendrit la voix off, et moi aussi. Le sénateur ultra-macroniste François Patriat révèle qu’au Palais du Luxembourg, un possible intérim de Gérard Larcher est envisagé, malgré la boxe approximative du président de la Haute Assemblée.
« Le président va devoir abattre sa dernière carte, repartir à la conquête des Français. » Des Français soigneusement triés. « Il investit l’espace médiatique avec son grand débat. » Et les médias investissent un maximum d’espace pour son grand débat. « C’est l’idée du président, remarque Stéphane Séjourné. Les collaborateurs n’étaient pas forcément convaincus. » Maudits collaborateurs. Le ministre Sébastien Lecornu l’admet, « j’étais plus que circonspect ». Et voilà : quand le président n’écoute pas ses collaborateurs, les ennuis s’éloignent et son génie peut s’exprimer.
Chantal Jouanno, qui devait organiser le débat, soutient que « la Commission nationale du débat public ne peut être utilisée à des fins politiques ». Résultat, « le 7 janvier, son salaire est révélé, le montant crée la polémique ». « La fuite de salaire, analyse Bruno Jeudy, c’est un grand classique pour couper la tête de quelqu’un. » Ça a marché. Sébastien Lecornu l’assume : « La CNDP n’était pas adaptée à ce que le président attendait. » La CNDP n’était pas adaptée à une opération de propagande.
La première séance du grand débat se déroule dans un petit village normand. « Le 15 janvier, aucun manifestant à l’horizon. » Et pour cause, les Gilets jaunes sont retenus par les forces de l’ordre à l’extérieur d’un immense périmètre de sécurité. « Emmanuel Macron est rassuré, six cents élus ont répondu présents. » Et pour cause, rapporte Valéry Beuriot, le maire de Bernay : la préfecture s’est toute entière mobilisée pour les convaincre de venir. Le récit admiratif du one-man-show vante l’aisance et l’à-propos du président. Au bout d’un moment, « Emmanuel Macron prend ses aises ». « Je vais enlever ma veste, j’ai chaud. » Voilà un homme qui mouille la chemise. « Il utilise l’humour comme parade. » C’est le roi du stand-up, meilleur que Sarkozy. « Sentant que le vent tourne en sa faveur, il veut en profiter. » Le vent que produisent les commentaires des éditorialistes. Après avoir fait durer le débat (contre l’avis de son idiot d’entourage), le président suscite sur le plateau de BFMTV des louanges infinies à sa « performance ».
Rappels :
Qui remportera le WoufWoufChallenge ?
Emmanuel Cramon, le roi du chaos
Notre-Dame de Paris : Jusqu’où manipule-t-on l’opinion publique ?
Pauvre chou ! S’il est devenu un Tyran, la faute en revient aux GJ !
Jean LENOIR
Souvenir, souvenir… Le « check » de Ruth Elkrief avec son pote Macron.
Misérables journaleux au service de la caste politicienne… elle-même esclave de la grande finance.
On constate une fois de plus que la quasi totalité des médias dominants ( radios, télés, journaux ) « roulent pour macron » !….mais ça on le savait déjà !
Ils sont ignobles.
Montrer les blessures sur les manifestations c est pour dissuader les Français d’y retourner . Technique de fachos, « si tu te rebelles on tue ta famille »
En plus du RIC la revendication des gilets jaunes devrait être une refonte de la Justice de façon Radicale.
… Technique de fachos, « si tu te rebelles on tue ta famille »…
Il est en effet très important de faire le lien entre les méthodes fascistes ou maffieuses et leur instigateur en chef, un ancien membre du gouvernement du socialiste Hollande, issu de la banque Rothschild et grand ami du sioniste Sarkozy.
Ce serait bien que tous les GJ fassent aussi ce lien pourtant bien évident et constatent que la racaille de gôche est fondamentalement alliée à la racaille de droâte , tous aux ordres et à la fiche de paye du système bancaire usuraire.
Qui regarde la pravda encore ?