Le FMI confirme que la situation du secteur bancaire européen se dégrade encore (Ph. Herlin)

fmi banques europe

« Revenons au Global Financial Stability Report du FMI dont nous avons parlé la semaine dernière, mais cette fois au premier chapitre, dans la section concernant les banques européennes (à partir de la page 39). Et le constat que réalise l’institution internationale est plutôt inquiétant puisque, selon elle, les créances douteuses (« non performing loans ») que les banques européennes détiennent dans leurs bilans ont doublé depuis 2009, pour passer de 400 à 800 milliards d’euros. Ce sont surtout, on l’aura compris, les banques des pays en difficulté qui sont concernées (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).

Une lourde menace pèse donc sur le secteur bancaire des pays du sud, avec tous les risques de contagion que cela comporte pour les pays du cœur. Existe-t-il des raisons pour espérer que la situation s’améliore ? Non, au contraire, affirme le FMI, qui estime que 20 à 30% des entreprises italiennes ne dégagent pas suffisamment de cash flow pour payer les intérêts de leur dette. En Espagne et au Portugal, c’est encore pire avec une proportion de 30 à 40% ! Les débiteurs étant eux-mêmes en mauvaise posture, la situation ne peut donc que se dégrader.

Pour l’Allemagne et la France, 15% « seulement » des entreprises ont un cash flow inférieur à leurs frais financiers. La France a pourtant battu en 2013 un record de faillites et son économie s’avère à l’évidence en moins bonne forme que celle de l’Allemagne, à croire que les banques françaises ont la prescience de « couper le robinet » très rapidement, dès que les premières difficultés apparaissent pour leurs entreprises clientes. Quoi qu’il en soit, les systèmes bancaires de ces pays sont moins touchés sur ce point.

A l’aune de ces chiffres, on mesure encore mieux l’incapacité chronique des plans de Quantitative easing ou autres LTRO à produire le moindre rebond de l’économie réelle : celle-ci se porte tellement mal, les banques sont déjà tellement empêtrées dans des crédits en perdition, que la dernière chose à espérer est bien une hausse des prêts aux entreprises ! Tout cet argent créé ex-nihilo finit en réserve à la banque centrale ou en spéculation sur les marchés, mais certainement pas en création de richesse. Cet argent a surtout pour utilité de resolvabiliser les banques en leur apportant de la liquidité, alors que ces 800 milliards de créances douteuses auraient déjà dû en envoyer beaucoup sur le tapis.

Par ailleurs, ces chiffres sont à évaluer dans le contexte actuel de taux d’intérêt les plus faibles que l’on puisse trouver dans ces dernières décennies. Une remontée significative des taux alourdirait le coût de ces crédits, la proportion des entreprises passant la tête sous l’eau augmenterait encore, et les créances douteuses exploseraient, dégradant encore plus la situation de nombreuses banques…

Enfin ces chiffres, ceux concernant les entreprises comme ceux des banques, montrent bien qu’il n’y a aucune véritable reprise économique auto-entretenue en Europe (excepté l’Allemagne exportatrice), et que c’est seulement la consommation des ménages, dopée par de la dette publique, qui parvient à sauver les apparences. Décidément, le secteur bancaire européen nous réserve encore de mauvaises surprises… »

Philippe Herlin, Goldbroker.com, le 22 avril 2014

Lire aussi : Alerte sur le secteur bancaire européen, soyez vigilants ! (B. Bertez)

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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10 commentaires pour Le FMI confirme que la situation du secteur bancaire européen se dégrade encore (Ph. Herlin)

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  3. zorba44 dit :

    Et les banques américaines, les banques anglaises, les banques chinoises… quel est leur stade de déliquescence ?

    Jean LENOIR

  4. OOPS dit :

    Gaspiller l’argent créé sous la forme de dettes et piller le patrimoine privé, voilà les deux recettes de nos gouvernements. Et cela n’est pas fini, car les organismes internationaux ne prévoient d’autres moyens de lutter contre l’hyperinflation de la dette, non par l’inflation monétaire dont on nous explique qu’elle est trop faible en équivalent augmentation des prix, mais sous la forme d’une nouvelle taxe confiscatoire du tiers de la richesse privée, comme expliqué dans le dernier rapport du BCG…
    http://www.docstoc.com/docs/97122913/BCG_Back_to_Mesopotamia_Sep_11%5B2%5D

  5. brunoarf dit :

    Mercredi 23 avril 2014 : Eurostat publie les chiffres de la dette publique du quatrième trimestre 2013.

    Dans l’Union Européenne, neuf pays sont en faillite.

    1- Médaille d’or  : Grèce. Dette publique de 318,703 milliards d’euros, soit 175,1% du PIB.

    2- Médaille d’argent  : Italie. Dette publique de 2069,216 milliards d’euros, soit 132,6 % du PIB.

    3- Médaille de bronze  : Portugal. Dette publique de 213,631 milliards d’euros, soit 129 % du PIB.

    4- Irlande  : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.

    5- Chypre  : dette publique de 18,442 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB.

    6- Belgique  : dette publique de 387,159 milliards d’euros, soit 101,5 % du PIB.

    7- Espagne  : dette publique de 960,676 milliards d’euros, soit 93,9 % du PIB.

    8- France  : dette publique de 1925,292 milliards d’euros, soit 93,5 % du PIB.

    9- Royaume-Uni : dette publique de 1460,975 milliards de livres sterling, soit 90,6 % du PIB.

    La question est :

    “QUAND ces neuf pays vont-ils se déclarer en défaut de paiement ?”

  6. OOPS dit :

    A 2012 Bank of International Settlements (“BIS”) research paper on national debt servicing ratios (“DSR”) found that a measure above 20-25% frequently indicated heightened risk of a financial crisis. Using the BIS, analysts have estimated that China’s DSR may be around 30% of GDP (around 11% goes to interest payment and the rest to repaying principal), which is dangerously high.
    The debt problems are compounded by other factors. A large portion of the debt is secured over land and property, whose values are dependent of the continued supply of credit and strong economic growth.
    – See more at: http://www.economonitor.com/blog/2014/04/chinas-debt-vulnerability/#sthash.fEuxR96o.dpuf

  7. Le marché se prépare à une rotation massive du marché actions vers les obligations:

    The above shows that due to the abundance of liquidity and the low risk-free
    returns, we are heading towards a situation where the prices of all financial
    assets (emerging assets, credit, peripheral euro-zone bonds, equities) will be
    overvalued. The risk is obviously that sooner or later this could give rise to
    panic among investors, which would then sell all risky assets in favour of
    cash and risk-free government bonds, as we saw in 2008 and 2009.
    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=76234

  8. China’s banks get greater power to determine their own capital requirements. Retweet if you’re scared (Chinese):
    银监会核准工商银行等六家银行实施
    资本管理高级方法

    近日,银监会根据《商业银行资本管理办法(试行)》(以下简称《资本办法》),核准了工商银行、农业银行、中国银行、建设银行、交通银行、招商银行等六家银行实施资本管理高级方法,标志着我国银行业风险治理能力建设开始迈上新台阶。
    《资本办法》整合了巴塞尔资本协议Ⅱ和巴塞尔资本协议Ⅲ,确定了标准方法和高级方法两种计算资本充足率的方式。过去,我国商业银行资本充足率的计量均采取由监管部门统一规定的标准方法。高级方法则是使用银行内部模型计量风险和监管资本的方法。

  9. brunoarf dit :

    Pendant l’année 2013, les pays européens ont dépensé des dizaines de milliards d’euros pour le Mécanisme Européen de Stabilité.

    Malheureusement, le Mécanisme Européen de Stabilité est incapable de stabiliser quoi que ce soit !

    – Pendant l’année 2013, l’Italie a payé 44,156 milliards d’euros

    – la France a payé 50,3 milliards d’euros

    – l’Allemagne a payé 67 milliards d’euros

    – l’Espagne a payé 29 milliards d’euros.

    Lisez cet article du Corriere della sera :

    E infatti nel 2013 l’Italia ha speso 44,156 miliardi di euro per gli aiuti ai paesi dell’eurozona sotto programma di assistenza internazionale, in particolare Grecia, Irlanda e Portogallo. Il contributo della Francia è stato pari a 50,3 miliardi (e il suo deficit è ammontato a 87,566 miliardi), quello della Germania a 67 miliardi (e i conti pubblici hanno registrato un’eccedenza di 190 milioni), e quello della Spagna a 29 miliardi (deficit a 72,577).

    http://www.corriere.it/economia/speciali/2014/europa/notizie/crisi-44-miliardi-conto-dell-italia-gli-aiuti-stati-difficolta-8e5396cc-cb00-11e3-9708-d10118a39c2a.shtml

    L’Union Européenne, c’est des pays surendettés qui se surendettent encore plus pour prêter de l’argent à des pays en faillite qui ne les rembourseront jamais.

    L’Union Européenne, c’est un suicide collectif.

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