« Nous ne vivons plus dans un système capitaliste, nous vivons dans un système déviant » (S. Wapler)

super mario draghiPhrase extraite d’un article de Simone Wapler qui tombe à pic au moment où Mario Draghi annonce que la politique monétaire non conventionnelle de la BCE va franchir une nouvelle étape : baisse du principal taux directeur à 0,05%, du taux de facilité des dépôts de -0,10% à -0,20%, achat de dette privée (ABS et obligations sécurisées libellées en euros), mise en place des TLTRO, etc.

Super Mario fait du rase-mottes au-dessus des marchés, attention danger ! OD

« ▪ Les taux d’intérêt négatifs prouvent que les banques sont dangereuses. Cela signifie que les investisseurs institutionnels ne veulent plus parquer leur argent dans les banques.

En principe, nous vivons dans un système capitaliste.

Dans un tel système, le capital est un bien précieux. Ceux qui n’en ont pas cherchent à l’emprunter à ceux qui en ont. Ceux qui en ont préfèrent le prêter plutôt que de le laisser oisif. Enfin, les détenteurs de capitaux les prêtent à condition que le rendement/risque leur paraisse attractif par rapport au risque pris.

En principe, le taux d’intérêt — le rendement — est fixé par le marché, c’est-à-dire la rencontre des prêteurs et des emprunteurs. S’il y a beaucoup de gens disposés à prêter mais pas beaucoup d’emprunteurs, les taux baissent. Inversement, s’il y a peu de gens disposés à risquer du capital, les taux montent.

▪ Un système déviant

Oubliez tout ça. Nous ne vivons plus dans un système capitaliste, nous vivons dans un système déviant.

Le capital n’est plus seulement un bien précieux, le reflet d’une richesse déjà créée. Le capital est fabriqué par des banques qui ont acheté à un Etat une licence de création monétaire. Les taux d’intérêt ne sont plus le résultat de la rencontre d’une offre et d’une demande ; ils sont manipulés par les banques centrales, intermédiaires entre les gouvernements et les banques commerciales, pour que l’économie de la dette puisse enrichir en continu l’establishment politico-financier.

Réfléchissez à ce que signifie vraiment un taux d’intérêt négatif. Des gens acceptent de payer pour qu’un Etat devienne leur débiteur. Quels gens ? Ni vous, ni moi. Des investisseurs institutionnels (« zinzins ») qui, en toute connaissance de cause, ne souhaitent pas prêter leur argent et encore moins le laisser traîner dans une banque. Probablement en majorité des assureurs. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment que les risques sont actuellement trop élevés, même dans une banque.

Mais vous particulier vous ne pouvez abriter votre argent dans les caisses de l’Etat si vous pensez que le système bancaire est dangereux. Cette démarche est un privilège de « zinzin ».

L’équivalent pour vous particulier, ce serait de vous louer un coffre pour y mettre des billets, votre argent cash, plutôt que de le laisser sur votre compte courant dans votre banque. Le tarif de location de votre coffre serait votre taux d’intérêt négatif.

▪ La dématérialisation de la monnaie, un danger pernicieux

Sauf que cela, on va vous l’interdire. Car retirer votre argent de la banque, ce serait la mort de ce système déviant qui ne peut survivre que par la croissance infinie de la dette… dont le paiement des intérêts est garanti par vous.

Les gouvernements, les banquiers et les économistes payés par les deux précédents prônent donc un monde sans cash. Kenneth Rogoff, le professeur d’Harvard spécialiste de la dette publique, l’a clairement revendiqué dans un article du Financial Times en mai 2014. Officiellement, il s’agit bien sûr de lutter contre la criminalité et le blanchiment. Mais le véritable motif — donné en fin d’article — est d’appliquer des taux d’intérêt négatif aux dépôts du bon peuple. Un jour on vous annoncera que votre solde créditeur a été raboté de 0,03%. L’Espagne vient de le décréter le 13 juillet 2014 avec effet rétroactif au 1er janvier.

« […] Quand les espèces sonnantes et trébuchantes auront disparu, il suffira de tapoter sur le clavier d’un ordinateur pour priver quiconque de toute possibilité d’obtenir par lui-même ses moyens de subsistance ».
— Song Hongbing, La guerre des monnaies — La Chine et le nouvel ordre mondial

La prochaine fois que vous sortez votre carte bancaire pour payer une petite somme que vous auriez très bien pu payer en liquide, pensez-y. Résistez, utilisez le cash. »

Simone Wapler, La Chronique Agora, le 4 septembre 2014

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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15 commentaires pour « Nous ne vivons plus dans un système capitaliste, nous vivons dans un système déviant » (S. Wapler)

  1. Non uns système exterminateur. Pour ceux qui comprennent l’anglais, une interview fort intéressante à propos de l’extermination en cours de l’humanité (radiations, chemtrails, OGM, pollution électromagnétique, etc):

  2. brunoarf dit :

    En France, la situation est en train de dégénérer.

    François Hollande devient le président le plus impopulaire de la Vème République.

    La question est :

    « EST-CE QUE FRANCOIS HOLLANDE PEUT TENIR JUSQU’EN 2017 ? »

    Vendredi 5 septembre 2014 :

    Sondage : la descente aux enfers de Hollande et Valls.

    Seulement 13% des Français font confiance au président et 30 % au premier ministre. Un niveau inégalé dans le baromètre TNS Sofres-Le Figaro Magazine.

    Commentaire d’un conseiller ministériel: «Hollande, ce n’est plus l’enjeu. Il ne se protège pas. À partir du moment où il ne demande même pas un parapluie à l’île de Sein et où il ne cherche même pas à faire interdire le livre de son ancienne compagne, cela veut dire qu’il n’a même plus le souci de sa propre image.»

    http://www.lefigaro.fr/politique/2014/09/04/01002-20140904ARTFIG00370-sondage-hollande-et-valls-au-plus-bas.php

    • zorba44 dit :

      Hollande est un timbré avec l’apparence de la raison… Certes il ne se protège pas mais seulement car il se croit protégé par ses mentors de l’Ouest.
      La chute n’en sera que plus dure lorsque l’Ouest le jettera comme une vieille éponge.

      Jean LENOIR

  3. Ping : NOTRE SYSTÈME BANCAIRE EST UN SYSTÈME DÉVIANT | MICHEL CLIQUET

  4. matbee dit :

    Un système fondé sur le mensonge, la fraude et la manipulation permanents… et en définitive la corruption universelle des esprits.

  5. Si l’Europe promet des aides, pour l’instant rapporte France Info, ce sont les producteurs eux-mêmes qui font jouer le système D, grâce à des alliés inattendus.

    Il s’agit pour les exportateurs français de faire réétiqueter leurs produits dans un pays non soumis à l’embargo. Le Maroc notamment joue un rôle clé dans le transit des marchandises. Changer l’origine du produit pour pouvoir le faire entrer en Russie? Un système simple, mais il fallait y penser.

    La Biélorussie et le Kazakhstan, qui n’ont pas de systèmes douaniers mis en place avec la Russie, sont aussi acteurs de ce tour de passe-passe. Finalement affirme la radio « les exportateurs français réussissent très bien à contourner l’embargo imposés aux produits agricoles par la Russie ».

    http://www.huffingtonpost.fr/2014/09/05/embargo-russe-circuits-paralleles-marchandises-francaises_n_5770292.html?utm_hp_ref=france

  6. Dajanjul dit :

    « Des gens acceptent de payer pour qu’un état devienne leur débiteur ». Je trouve que l’auteur ne tire pas toutes les conclusions d’une telle formule. Ils acceptent de payer d’abord parce qu’ils sont libres de le faire, c’est-à-dire qu’ils sont tout bonnement les plus forts.
    Loin de l’explication idyllique qui est sous-tendue ici, un marché -même si je sais fort bien qu’il s’agit de la pierre angulaire d’une conception libérale du capitalisme- n’est jamais que le champ de bataille d’intérêts conflictuels.
    Je sais tout autant que cette conception revient à mettre en cause la fameuse « loi » de l’offre et de la demande, jolie fable inventée au siècle des lumières, au moment où la toute jeune discipline économique se cherchait un graal sur le modèle de la physique newtonienne et sa grande loi générale de l’attraction des corps.
    Pas plus que la confrontation harmonieuse de l’employé et de l’employeur ne détermine ainsi le niveau du salaire, la confrontation « harmonieuse » du prêteur et de l’emprunteur ne détermine le taux d’intérêt.
    Ce sont les règles fixées par une tierce partie assez puissante pour le faire qui, dans les deux cas, les détermineront à leur place. Je concède simplement qu’une conception libérale puisse donner une marge de manœuvre quant à la nature de cette tierce partie.
    Si, dans le cas qui nous occupe, nous lui donnons la forme de l’état, en principe garant de l’équité entre tous les intérêts particuliers (ce que certains appellent désormais avec répugnance l’intérêt général), disons que cet état, ou cette structure étatique ou supra étatique, a failli à sa mission en choisissant son camp.

  7. Momo dit :

    Passons sur ces commentaires presque tous hors sujet !
    Sur l’art. de S. Wapler, très connue pour ne pense qu’or et étalon-or, ce en quoi je l’approuve des 2 mains et des 2 pieds. Sauf, hélàs, qu’aucun « puissant » n’en veut et pour cause vu que nous vivons -si l’on puis dire- sur des dettes, publiques et privées, qui font vivre beaucoup de monde au détriment des « fourmis » (des détenteurs d’épargne) Il s’agit de forcer ces derniers à dépenser leurs économies n’importe comment pour faire tourner les chiffres d’affaires. s’ils ne le font pas, ils perdent quand même et ce en sus de l’inflation, plus élevée que les chiffres officiels.
    Dans le même temps, comme chacun peut le constater, les banques refusent, 9 fois sur 10, de vous donner du cash au-delà de quelques billets de 100 et encore ! Pourquoi ? Pour mieux contrôler et connaitre vos dépenses, gagner de l’argent sur les CB, pouvoir vous faire un « hair cut » quand le gouvnt le décidera, etc…
    Imaginez si l’on rétablissait l’étalon-or ? Tout cet édifice factice s’écroulerait Quel coup d’accordéon !!
    A part celà, peut importe la popularité de F. Hollande Si elle est basse c’est peut-être le signe, justement, qu’il se décide à abandonner quelque peu les mythes qui nous étranglent:: travailler moins et gagner plus, rien changer à nos gaspillages quotidiens , haïr les entreprises et demander du travail, se droguer quotidiennement et vouloir sauver lea Sécu. vouloir contrer l’islamisme conquérant en faisant des discours , Etc, <Etc…!

  8. Il y a longtemps que les épargnants paient des taux négatifs sur leurs dépôts. Cela s’appelle l’inflation, qui depuis le passage du Franc à l’euro a dépassé les 700%, puisque les prix en euros ont rattrapé puis dépassé les prix en Francs. Il est vrai que la ponction monétaire s’est opérée sur dix ans, et que la veulerie aidant, les gens n’ont pas émis de protestations ,bien que leurs revenus n’en aient pas été pour autant révisés pour tenir compte de la dépréciation monétaire. Ils auraient même été réduits dans de nombreuses professions, par exemple dans le conseil, l’excuse sempiternelle étant que les revenus des banques ont baissé et que par conséquent le prix des prestations doit être revu à la baisse. Un bon moyen de ponctionner l’épargne des Français autrement que par un taxe injuste et forcément très impopulaire serait d’effectuer l’opération inverse, c’est à dire de passer de l’Euro au Franc, ce qui entraînerait de facto un effondrement du prix des bons du Trésor et donc une dépréciation considérable des plans d’investissement dans ce type d’instruments financiers, voire leur liquidation pure et simple. Les exemples sont légion d’éradication de l’épargne à l’occasion d’un changement de monnaie, comme par exemple les pays de l’Est au lendemain de la chute du Mur ou plusieurs pays sud-américains ayant besoin de liquider leurs dettes. Pensez-vous vraiment que les investisseurs accepteront des obligations libellées en Francs sur la base de la réciprocité au pair avec les anciens titres libellés en euros? C’est se foutre du monde que de professer de telles idées, comme on l’entend dans la bouche de Bruno Gollnisch ou d’une Marine Lepen, pour la bonne et simple raison que le taux d’intérêt sur la dette tient compte du risque de réinvestissement, encore appelé risque de non refinancement, dans le cas où les taux augmenteraient brusquement. La liquidité de la dette en Francs étant bien inférieure à celle de la dette en Euros, pour une simple question de volume et de capacité de remboursement, les taux sur la dette en Francs exploseraient, d’où la dépréciation massive de la dette en Francs. Idem pour les autres plans type OPCVM, Sicav, etc, tenant compte de la perte de valeur des actifs libellés en Francs du fait de la moindre liquidité entraînée par le changement de monnaie.

    Par ailleurs, le lis dans l’article cité plus haut: « Les taux d’intérêt négatifs prouvent que les banques sont dangereuses. Cela signifie que les investisseurs institutionnels ne veulent plus parquer leur argent dans les banques. »

    Non c’est l’inverse qui se passe. En l’occurrence c’est le banquiers central qui veut dissuader les institutionnels de laisser leurs liquidités parquées dans les réserve bancaires auprès de la BCE, les taux négatifs jouant naturellement dans le sens d’une diminution des réserves monétaires. Cela ne devrait pas être trop grave pour les banques qui vont bénéficier d’une aide à titrisation de leurs actifs qui devraient les aider à se débarrasser avec profit de leurs actifs toxiques, comme les MBS, obligations immobilières collatéralisées ayant valeur de collatéral par la BCE, donc pouvant être échangées contre de la monnaie banque centrale. Avec les mésaventures de la Banque du St Esprit, il devient urgent de régler définitivement ce problèmes des « bad banks » cachant un peu tout et n’importe quoi en matière de « mauvaises dettes ». on remarquera au passage le privilège exorbitant des banquiers de se comporter en emprunteur pratiquant la cavalerie avec le régulateur en chef pour solder leurs dettes….avec profits! L’emprunteur auprès de la banque en est quitte pour sa part à remplir un dossier de surendettement auprès de la banque centrale, alors que son prêt a été transformé en titre de dette échangeable contre du cash qui va servir à alimenter d’autres prêts insolvables. Plus c’est énorme et mieux ça passe!

  9. Vous avez aimé:

    Les subprimes sur les prêts immobiliers,
    Les subprimes sur les prêts à la consommation,
    Les subprimes sur les prêts automobile,
    Les subprimes sur les prêts étudiants,

    Et bien vous aurez droit à une nouvelle version 2.0 des crédits immobiliers insolvables du fait des nouvelles lois obligeant les banques à prêter à la clientèle insolvable, comme du temps de l’administration Clinton, ce qui a fait dire aux banquiers de l’époque qu’ils n’étaient nullement responsables de la bulle immobilière, l’Etat leur faisant l’obligation de prêter avec la garantie de Freddie Mac et de Fannie May, les deux bonnes fées de la banque d’investissement spécialisée dans la transformation du risque de crédit en risque de marché, pour autant que les investisseurs restent confiants dans la liquidité de la dette achetée.

    Say Hello To The Next Financial Crisis, Brought To You Courtesy Of The Dumbest New Bill Of The Week: H.R. 5148: Access To Affordable Mortgages Act.
    Read more at http://investmentwatchblog.com/say-hello-to-the-next-financial-crisis-brought-to-you-courtesy-of-the-dumbest-new-bill-of-the-week-h-r-5148-access-to-affordable-mortgages-act/#g1jf1uCiOfe4PZX9.99

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