« La planche à billets, c’est la solution du désespoir » (P. Jorion)

« Depuis 2008, nos banquiers centraux agissent comme s’ils n’avaient jamais entendu parler du principe de « réglementation de l’émission de monnaie » de Ricardo, l’un des rares acquis pourtant de la réflexion économique.

Les États-Unis ont pris l’initiative en 2008 avec un QE1, suivi d’un QE2 en 2010. « QE », c’est pour « quantitative easing », ce qui se traduit par « assouplissement quantitatif », terme moins inquiétant que « planche à billets », l’expression utilisée pour décrire ce qu’il ne faudrait jamais faire : imprimer de la monnaie non pas parce que de la richesse a été créée, mais simplement parce qu’on ne peut pas faire autrement : parce qu’un trou financier s’est creusé et qu’on s’efforce de le combler en y déversant des tombereaux d’argent.

En septembre 2008, la crise atteint son paroxysme à la suite de la faillite de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers, et un total d’un « trillion » de dollars est déversé sur le système financier. Un « trillion », c’est mille milliards de dollars. On n’avait jamais eu l’occasion de mentionner des sommes d’un tel ordre, et on espérait ne plus jamais devoir le faire.

En décembre 2011, la Banque centrale européenne prête aux banques pour trois ans, 489,2 milliards d’euros en vue simplement de les remettre à flot. Le mois dernier, la BCE a prêté 529,5 milliards d’euros supplémentaires. Le total se monte à 1.018,7 milliards d’euros et le « trillion » de dollars nécessaire pour stopper l’hémorragie engendrée en 2008 par la chute de Lehman Brothers a donc été enfoncé.

On n’avait pas le choix paraît-il : le secteur bancaire européen était insolvable dans son ensemble : les banques devaient plus d’argent qu’elles n’en avaient. Pourtant, on le sait depuis 1810 grâce à Ricardo, la planche à billets, c’est la solution du désespoir. Si on y recourt, le système monétaire se dérègle en peu de temps, jusqu’à devenir ingouvernable. Nous sommes prévenus. »

Paul Jorion, in « Le nombre des billets de banque », le 19 mars 2012

Lire aussi : L’hyperinflation en Autriche dans les années 20

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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8 commentaires pour « La planche à billets, c’est la solution du désespoir » (P. Jorion)

  1. Geraldine dit :

    Oui, la solution du désespoir et de la facilité. Aucun courage ces politiques européens, la pilule amère sera pour après les élections, ou encore le plus tard possible…

  2. nezzem dit :

    Plus dure sera la chute…

  3. Geekie dit :

    La Grèce tout près de l’expulsion de l’euro-zone ? Les banquiers allemands ont dit à Merkel : « soit c’est la Grèce qui sort, soit c’est l’Allemagne! »

    http://hat4uk.wordpress.com/2012/03/19/exclusive-german-bankers-give-merkel-ultimatum-either-greece-leaves-the-eurozone-or-germany-must/

    • charlotte dit :

      Je croyais que c’était les dirigeants politiques qui gouvernaient? Excusez ma naïveté…

      • brennec dit :

        Les dirigeants politiques peuvent gouverner s’ils ne nous emmènent pas dans le mur, mais quand ils le font il faut bien que quelqu’un ou quelque chose les arrête. En général c’est un brutal atterrissage dans la réalité. Les banquiers allemand s’en font le porte parole. Comme un certain Jospin l’a dit, la politique ne peut pas tout et surtout pas s’affranchir des lois de l’économie, pas plus que de la gravité et des lois de la nature.

  4. zorba44 dit :

    L »évidence de la stupidité…

    Jean LENOIR

  5. momo34 dit :

    L »évidence, également, c’est, qu’une fois de plus, les innocents (entendez ceux qui n’ont pas abusé du crédit facile sur les biens de consommation) seront vite ruinés à la place des vrais responsables . mais c’est du déjà dit et on atttend quelqu’un capable,de mettre fin à ce massacre s’il n,’est pas déjà trop tard….

  6. BA dit :

    Jeudi 22 mars 2012 :

    Zone euro : l’activité du secteur privé se contracte en mars, à 48,7 points (PMI).

    L’activité du secteur privé s’est contractée plus fortement que prévu en mars dans la zone euro, faisant craindre un retour en récession pour les pays de l’Union monétaire au premier trimestre.

    Selon une première estimation publiée jeudi, l’indice PMI s’est établi en mars à 48,7 points à son plus bas niveau depuis le début de l’année, après avoir atteint 49,3 points en février et avoir renoué avec la croissance en janvier.

    « Véritable déception après le bref retour à la croissance observée en janvier, la contraction de l’activité incitera les gouvernements à rechercher de nouvelles mesures destinées à relancer l’économie dans la région », estime Chris Williamson, chef économiste pour le cabinet Markit qui publie l’indice PMI.

    Un indice au-dessus de 50 points signifie que l’activité progresse, tandis qu’elle se contracte si l’indice est inférieur à ce seuil.

    Dans le détail, la production manufacturière (47,7 points) et l’activité du secteur des services (48,7 points) s’inscrivent à la baisse en mars, enregistrant leurs plus mauvaises performances depuis trois et quatre mois, respectivement.

    Le chiffre publié jeudi laisse supposer que l’activité globale s’est repliée tant au premier trimestre 2012 qu’au quatrième trimestre 2011, ce qui correspond à une phase de récession (définie par deux trimestres de repli de l’activité).

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_l_activite_du_secteur_prive_se_contracte_en_mars_a_487_points_PMI28220320121040.asp

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