Panique à la BCE (Bruno Bertez)

« L’ancien chef économiste de la BCE, Jürgen Stark, a donné une interview samedi 22 septembre au journal autrichien Die Presse.

Comme cette interview a été escamotée dans la presse française, il nous appartient de réparer cette lacune.

Nous vous rappelons que Stark a démissionné de son poste à la BCE à la fin de l’année 2011 pour protester contre les transgressions dont la BCE se rendait coupable. Sa démission a suivi celle d’Axel Weber, ancien patron de la Bundesbank, lequel avait démissionné de son poste à la BCE pour les mêmes raisons.

En substance, Stark nous dit que les dirigeants de la BCE paniquent littéralement face à la crise de la zone euro. Pour cette raison, ils agissent en dehors de leur mandat.

L’ancien chef économiste explique que tout a fonctionné tout à fait correctement au sein de la BCE jusqu’en 2010, mais qu’à partir d’un certain moment, la BCE a voulu jouer un nouveau rôle. Et c’est ce qui est important, donc nous y insistons, elle a cédé à des pressions extérieures, des pressions dont les origines se situent en dehors de l’Europe.

Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ces pressions venaient des pays anglo-saxons, inquiets de la situation, non pas économique, car de l’économie réelle ils s’en fichent un peu, mais inquiets de la situation de    leur secteur bancaire.

Cette révélation, de source très autorisée, accrédite les rumeurs actuelles selon lesquelles Obama exercerait diverses pressions sur les Européens afin d’obtenir une sorte de gel de la crise européenne au moins jusqu’à sa réélection.

Stark explique ce que nous ne cessons de répéter, à savoir que le plan qui consiste à acheter la dette des pays européens sur le marché secondaire afin de faire baisser le coût de leurs emprunts était une erreur : « avec les autres Banques Centrales, la BCE est en train d‘inonder le marché de liquidités, ce qui pose la question de savoir comment la BCE va récupérer son argent, mais aussi la question de savoir comment l’excès de liquidités créées au niveau mondial va pouvoir être absorbé ». Selon Stark, le problème du retrait de l’excès de liquidités ne pourra pas être résolu en appuyant sur un bouton. Si l’économie globale se stabilise, le potentiel pour un dérapage inflationniste croîtra énormément.

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Otmar Issing dans un entretien à Die Welt :

” Il n’y a aucun risque immédiat d’inflation des prix. Cependant je doute que la BCE puisse stopper l’immense flot de liquidités au bon moment. Si elle échoue, les prix vont monter. Je n’anticipe pas une hyperinflation. Une inflation de 4 à 5 % ruinerait les épargnants et provoquerait des troubles sociaux… l’inflation est la plus antisociale des politiques.”

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Notez bien ce que dit Stark, ce qui est également notre analyse, le potentiel inflationniste ne se manifestera que si l’économie se stabilise. Cette précision est importante car les économistes de banques et les gouvernements essaient de nous faire croire que les liquidités ne sont pas inflationnistes ; la preuve, disent-ils, elles ne provoquent pas de hausse des prix actuellement. C’est la raison pour laquelle, quand on parle de risque d’inflation, il convient toujours de préciser que ce risque ne se manifestera que lorsque la situation économique se stabilisera.

Finalement, Stark réaffirme le crédo allemand. La panique n’a aucun sens. Les mesures prises sont dangereuses, contre-productives et illégales. « Le seul moyen d’arrêter la crise est de réduire les dettes et d’effectuer les réformes structurelles nécessaires pour stimuler la croissance ». Stark ne dit pas de quelle façon il envisage de réduire les dettes. On sait que la façon allemande, c’est l’austérité. Ce n’est pas la nôtre puisque nous défendons l’idée de restructuration, de conversion et de moratoire ».

Bruno Bertez, le 27 septembre 2012

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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2 commentaires pour Panique à la BCE (Bruno Bertez)

  1. Jean LENOIR dit :

    Olivier,

    Je ne sais pas si où vont les flots d’argent qui se répandent en provenance de la BCE : même pas dans les caisses des Etats. Par contre je sais que les Etats, du moins l’Etat français a commencé à ne pas payer son dû – et je vais m’exposer totalement.

    Une de nos SCI (laquelle a vendu le reste de ses actifs en juillet) fait apparaître un crédit de TVA remboursable. Ma femme de ménage retire un recommandé de l’administration fiscale, laquelle usant (et de plus en plus, abusant d’un prétendu droit de contrôle, car l’abus est un déni du droit) …usant de son droit de contrôle demande la justification des factures ayant donné droit à demande de remboursement. La lettre est retirée le 15 (ou16 août), elle m’est donnée la veille de mon retour en Nouvelle-Zélande, le 27 août, et j’en prends connaissance (pas seulement d’elle) dans l’avion qui nous ramène au bercail. Je fais très vite, ainsi que l’ancien cogérant, puisque les éléments comptables sont justifiés le 4 septembre au SIE de Schiltigheim. La réponse de l’administration est une invitation à payer 35 € pour aller au contentieux …sinon nous serons payés dans un an (en fait moins car la liquidation et la dissolution de la SCI démarrent). Le comptable de la SCI appelle les impôts car il n’arrive pas à joindre l’inspecteur à l’origine du contrôle. Cela remonte au pôle financier d’Haguenau : l’inspecteur est en vacances, ainsi que le supposait mon comptable. La réponse du pôle financier est : nous avons donné des instructions pour que les réponses qui ne viennent pas sous 6 jours fassent l’objet d’un rejet … »d’ailleurs vous avez retiré le recommandé bien avant l’expiration de ce délai ».

    Morale de l’histoire : l’administration se fait un malin plaisir de vous faire ch…. pendant vos congés, mais n’allez surtout pas lui demander des comptes pendant ses vacances, après un mois d’août bien employé, au mois de septembre !

    Un conseil, messieurs et mesdames les fonctionnaires des finances, apprenez à cultiver les topinambours ou alors recyclez vous dans la CRS.

    Jean LENOIR

  2. jack dit :

    La mondialisation paraît se réduire, pour l’essentiel, à ce que Marx avait déjà parfaitement discerné comme la production du marché mondial, et le sens de ce monde paraît ne consister que dans l’accumulazion et la circulation des capitaux, accompagnées par une nette aggravation de l’écart entre dominateurs riches et dominés pauvres, ainsi que par une expansion technique indéfinie qui ne se donne plus que très modestement, et avec inquiétude ou avec angoisse, des finalités de progrès et d’amélioration de la condition humaine. L’humanisme débouche dans l’inhumanité, tel peut-être le résumé brutal de la situation.

    On peut dire que ce qui a sauvé le capitalisme pendant la période d’après la seconde guerre mondiale, fût la menace du bloc dit communiste, et où le capitalisme devait se tenir. Livré à lui même signifie sa mort.

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