Un seul homme, Draghi, a les clefs de la démocratie en Europe

« Le risque italien, quelle est sa nature pour les marchés ? Quel est le risque en général ?

Nous avons expliqué que la situation fondamentale de l’Italie, contrairement aux mensonges éhontés des élites était fragile. Cette situation est historique ce qui veut dire que ce sont elles qui l’ont créée et qui l’ont ensuite tolérée. Le courage a manqué partout et pour tout. Une situation intolérable a été tolérée au nom de la lâcheté et du « extend and pretend ». On a tapé dans la proverbiale boite de conserves pour retarder les échéances et laisser les problèmes pour plus tard… ou pour d’autres. On l’a fait sciemment pour se donner un levier, une arme contre les peuples.

Cette question de la fragilité de la situation italienne a fait l’objet d’une émission vendredi dernier sur une chaîne spécialisée aux USA avec Santelli, excellent chroniqueur.

Le point faible du système Italien c’est la consanguinité : les banques italiennes ont accumulé une masse considérable de dette souveraine de leur pays. Leurs bilans en sont gorgés. Selon les règles de la BRI (BIS) et des autres autorités régulatrices, les dettes souveraines sont considérées comme ne portant absolument aucun risque. Donc dans les pondérations et les ratios de sécurité les banques commerciales peuvent détenir toute quantité de dette souveraine et elles n’ont pas besoins de disposer de la moindre réserve face à cette classe d’actif au bilan. Les banques italiennes ont usé et abusé de cette disposition, elles se sont gorgées de dette souveraine italienne et elles sont ainsi très vulnérables à une hausse des taux sur ces dettes, les BTP.

Et c’est là ou l’on peut se poser des questions.

Mattarella a mis son veto au nouveau gouvernement. Est ce que que les taux sur les BTP vont continuer à augmenter ou pas ?

La réponse à cette question c’est Draghi qui la détient.

Il peut soit soutenir la dette du pays et en défendre le prix et les taux, soit au contraire décider de trouver une bonne raison de ne plus en acheter, dans le but bien entendu non avoué de donner une leçon au Parti Cinq Etoiles et à ses alliés.

Draghi a la clef des taux et des prix des dettes italiennes. Il a le pouvoir de mettre en difficulté mortelle la plupart des grandes banques italiennes. Un seul homme d’une institution, presque supra nationale, non élu, dispose de de cette clef et il n’a aucun compte à rendre à qui que ce soit !

Si les banques italiennes sont en difficulté alors les épargnants seront terrorisés, ils risquent de paniquer et bien sur pour ceux qui auraient voté contre l’establishment, ils risquent de changer leur vote.

On voit bien a quel point le système européen est scandaleux, risqué et disons le dictatorial, il n’y a plus aucune place pour la démocratie, sauf une démocratie de moutons bêlant en allemand ».

Bruno Bertez, le 29 mai 2018

Rappels :

En Italie, le coup d’Etat des élites euro-mondialistes

Italie : la guerre est inéluctable, vers le grand sacrifice des Italiens (B. Bertez)

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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3 commentaires pour Un seul homme, Draghi, a les clefs de la démocratie en Europe

  1. matbee dit :

    Mario Draghi en sa qualité de membre du Comité des 300, sinon il ne serait rien.

  2. zorba44 dit :

    Ce jour on peut voir sur yahoo une jeune femme américaine se faire étrangler et tabasser sur une plage par des policiers lors d’un contrôle d’identité devant son mari et son enfant.

    L’image est forte, mais, finalement, pour les votes c’est pareil. Il y a désormais le contrôle du bon vote !

    Mauvais votes ? Vous allez voir ce que vous allez subir, on va vous en donner une illustration, pour que vous fassiez le bon choix …Et si tel n’était pas le cas la raclée qui suivra donnera le bon résultat au troisième vote !

    Bien entendu on ne vous parle pas de la punition qui suivra le troisième vote qui vous fera trouver les raclées si douces !

    Jean LENOIR

  3. alainet dit :

    * Dans Souverain ; Juncker se vante d’avoir des moyens bien rodés pour mettre au pas les gouvernements récalcitrants . « Nous avons des instruments de torture au sous-sol » (sic)
    https://www.soverain.fr/les-instruments-de-torture-de-juncker-sont-inutiles-contre-linsurrection-bien-preparee-de-litalie-trad/?cn-reloaded=1
    *L’arme nucléaire est le contrôle de la BCE sur les écarts d’obligations souveraines et la liquidité pour les banques. « Ils menacent les gouvernements qui se comportent mal de ravages financiers. Ils essaient de les effrayer pour qu’ils acceptent volontairement leurs politiques »… « Ils ont cessé le refinancement et ont menacé de tuer le système bancaire. Ils provoquent une crise de refinancement sur le marché obligataire. C’est ce qui est arrivé à l’Italie en 2011 »
    ( Athanasios Orphanides, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne ).
    * L’astuce consiste à travailler main dans la main avec l’Eurogroupe, la Chambre étoilée des ministres des finances de l’UEM qui n’est responsable devant aucun organe démocratique et est essentiellement sous le contrôle du ministère allemand des finances. « Ce qui se passe, c’est que tous les participants à la réunion de l’Eurogroupe s’attaquent au pays qu’ils veulent attaquer », a-t-il dit.

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