Quenelle gratinée !

quenelle-gratinee

Un billet de Michel Drac et de Maurice Gendre qui résume bien le fond de ma pensée et, je l’espère, celui de nombreux Français exaspérés par la tournure délirante (et très inquiétante) que prend l’actualité politique dans notre pays.

« Il faut aujourd’hui que tous les citoyens lucides et raisonnables soutiennent cet artiste sans tergiverser »

« Nous ne sonderons pas les cœurs et les reins. Quand un humoriste utilise la technique de la provocation, il n’est jamais possible de déterminer le fond de sa pensée en fonction de ses propos »

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« Pierre Desproges était-il antisémite quand il entamait un sketch par ces mots : « on m’a dit que des juifs se sont glissés dans la salle » ? Dieudonné l’est-il quand il lance, avec un sourire malicieux : « Des juifs ou des nazis, je ne sais pas qui a commencé » ? Allez savoir. Mais là n’est de toute façon pas notre propos. En elle-même, la risible « affaire de la quenelle » n’a aucune importance. Tout au plus peut-on la voir comme la mise en évidence d’un ras-le-bol des jeunes générations, ras-le-bol qui menace de dégénérer en une vaste crise de nerfs collective.

Le danger représenté par les « quenellistes » pour nos compatriotes juifs nous paraît tout à fait insignifiant. Pourquoi nous préoccuper de telles questions, à l’heure où la France va épouvantablement mal ? Nous avons autre chose à faire.

En revanche, ce qui mérite d’être analysé, c’est le véritable délire qui semble avoir saisi la classe médiatico-politique. Le comique fait normalement partie du politique, mais comme une fonction annexe et secondaire et cathartique. Aristophane était certes un personnage politique à Athènes, mais il ne déterminait pas l’agenda d’Alcibiade ; c’est lui qui commentait l’action d’Alcibiade, et non l’inverse. Chez nous, au contraire, c’est désormais le « premier flic de France » qui se pose en s’opposant à… un trublion. Plus grave, la dérive en question laisse en tout cas penser que les classes dirigeantes entrent actuellement dans les logiques de la violence d’Etat. Quelques constats très simples suffisent à tirer le signal d’alarme : il se pourrait que la grotesque affaire de la quenelle, venant après les arrestations arbitraires des opposants au mariage pour tous, après la détention de Nicolas Bernard-Buss, après la rocambolesque affaire Varg Vikernes, soit, aussi, un ballon d’essai en vue de faire basculer la vie politique de notre pays vers le modèle peu enviable des Etats totalitaires. On pense tout de suite, dans la situation actuelle, à la dictature hypocrite des années Brejnev-Honecker. Ainsi, dans une des premières scènes du film « La vie des autres », qui se déroule en RDA peu avant la chute du Mur, le scénario incluait un bref résumé de la condition de l’artiste dans un système oppressif. Où l’on voyait un auteur demander à un ponte du Parti que l’on lève l’interdiction professionnelle (« Berufsverbot ») infligée à un metteur en scène accusé de dissidence. A quoi l’homme du Parti répondait que de telles méthodes n’existaient pas au paradis du socialisme réel, et qu’il fallait donc « choisir ses mots avec plus de prudence ». Simple constat : quand Manuel Valls annonce qu’il cherche par tous les moyens d’interdire Dieudonné de se produire, il revendique une attitude discriminatoire que même les apparatchiks de la RDA n’osaient pas assumer. C’est-à-dire que l’injonction non discutable de « lutte contre l’antisémitisme » permet en France aujourd’hui non seulement d’entrer dans les logiques de la Stasi, mais en outre de le faire avec une impudence que le subtil Markus Wolf aurait désapprouvée.

Toujours Manuel Valls : nous avons désormais un ministre de l’Intérieur qui appelle à déclencher des troubles à l’ordre public pour pouvoir justifier une mesure sécuritaire. A l’origine de cette démarche provocatrice, il y a le garde-frontière Arno Klarsfeld, qui dans une remarquable prise de position tout à fait révélatrice à tous points de vue, a constaté benoîtement que si personne ne manifestait devant le théâtre de la Main d’Or, il n’y aurait pas de trouble à l’ordre public et le ministre de l’Intérieur ne pourrait donc pas sévir. Que maître Klarsfeld appelle à susciter des troubles mérite d’être relevé, mais qu’un ministre de l’Intérieur en exercice lui emboîte le pas, voilà qui doit sans doute encore davantage être souligné. Simple constat : pour enclencher le processus de « mise au pas » qu’ils appelaient de leurs vœux en 1933, les dirigeants du parti nazi organisèrent l’incendie du Reichstag. Cette technique du pompier pyromane est exactement celle proposée par le brillant Arno Klarsfeld, et apparemment validée par le locataire de la place Beauvau.

Passons à autre chose. L’article 58 du code pénal soviétique de 1926 incluait plusieurs dispositions fascinantes. Cet article assimilait au banditisme toutes les activités réputées « contre-révolutionnaires », ce qui permit d’une part de ne pas mentionner l’existence de délits politiques en URSS, d’autre part d’y inclure des faits que dans n’importe quel autre pays, on n’aurait même pas osé qualifier de simples contraventions. Soljenitsyne mentionne, dans « L’archipel du Goulag », un certain nombre de cas où des individus, voire des segments entiers de la population, furent condamnés au nom de leur participation fantasmagorique a posteriori à des activités antisoviétiques. Exemple parmi d’autres, dans la foulée de la conquête de l’Europe de l’Est par l’Armée rouge en 1945, le NKVD arrêta des personnes n’ayant jamais vécu en Russie, au motif qu’elles auraient participé à la guerre civile russe en tant que Russes. C’est que dans le système d’interprétation indéfiniment extensible propre au code pénal soviétique de 1926, et particulièrement dans le cadre de l’article 58, d’une part « toute action tendant à l’affaiblissement du pouvoir » était réputée « contre-révolutionnaire », donc assimilable au banditisme, et d’autre part il était admis que dans les territoires devenus soviétiques en 1945, la loi soviétique s’appliquerait intégralement de façon rétroactive. Encore plus fort, il suffisait qu’un des nouveaux citoyens de l’URSS soit jugé comme ayant eu potentiellement l’intention de prendre jadis les armes contre sa nouvelle patrie pour qu’on l’assimilât automatiquement aux « brigands antisoviétiques » de la guerre civile. Pour rappel, Christiane Taubira, dans l’affaire de la quenelle, a soutenu que l’on pouvait se rendre « complice après coup de crime contre l’humanité ». Ce qui, manifestement, dans son esprit, impliquait la complicité de Dieudonné dans les méfaits nazis des années 40, et plus particulièrement dans la déportation des juifs d’Europe. On voit bien que la logique indéfiniment extensible du code pénal soviétique de 1926 est ici à l’œuvre, au nom il est vrai d’une autre idéologie et dans un cadre politique différent.

Quant à Christophe Barbier, nous lui saurons gré de nous éviter d’avoir à chercher des références passées, puisqu’il a publiquement soutenu qu’au nom de la défense de la démocratie, il fallait « réguler » Internet pour que Dieudonné n’y sévisse pas, et que, dixit, « les Chinois y arrivent bien ». Ici, il n’est même pas nécessaire de commenter.

En conclusion, et encore une fois sans entrer dans un débat sur l’antisémitisme supposé de monsieur Dieudonné M’Bala M’Bala, nous ne pouvons que dresser les quelques constats que nous venons d’énoncer, et en déduire qu’il faut aujourd’hui que tous les citoyens lucides et raisonnables soutiennent cet artiste sans tergiverser.

Non qu’il faille nécessairement sacraliser la parole d’un comique, non qu’il faille obligatoirement apprécier un humour qu’on pourra éventuellement juger de mauvais goût, mais parce qu’il s’agit de refuser des logiques tyranniques. Le pouvoir est actuellement dans l’impasse. Le chômage explose alors que le contexte macro-économique menace de se dégrader encore, l’insécurité augmente, la diplomatie française se ridiculise, et la crise de l’Union Européenne et de la zone euro approche manifestement d’un point de rupture. Dans ces conditions, il est logique que ce pouvoir dans l’impasse soit tenté de créer des diversions et des écrans de fumée, voire de passer d’un régime de manipulation des masses à un système d’oppression ouverte.

Alors pour bien faire comprendre que nous ne nous laisserons pas faire : QUENELLE ! »

Michel Drac et Maurice Gendre, Scriptoblog, le 9 janvier 2014 (via Polémia)

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Addendum : Quand Philippe Tesson appelle à l’élimination physique de Dieudonné (merci à soyouz)

C’est la guerre, on le savait, mais là on franchit un cran supplémentaire. Jusqu’à présent on se contentait de vouloir la mort professionnelle, politique et symbolique du « nazi » Dieudonné. Mais voilà que le journaliste Philippe Tesson déclare publiquement à l’antenne : « Ce type, sa mort par exécution par un peloton de soldats me réjouirait profondément ! », avant d’ajouter : « C’est une bête immonde, donc on le supprime. C’est tout ! »A son interlocuteur qui objecte mollement : « nous sommes contre la peine de mort », il rétorque : « Eh ben voilà ! Il y a toujours quelque chose qui nous empêche d’aller jusqu’au bout ! »

On attend la réaction de la LICRA, de SOS Racisme et des professionnels patentés du droit-de-l’hommisme et de l’antiracisme…

(Radio Classique, Accords/Désaccords, 9 janvier 2014)

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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28 commentaires pour Quenelle gratinée !

  1. Normal, ces sont les génocidaires socialistes d’hier – les génocides du communisme et leurs motifs ont été trop vite oubliés – qui se retrouvent au pouvoir aujourd’hui avec les mêmes méthodes répressives et les mêmes schémas idéologiques tortueux qu’il est bon de rappeler, car il n’est pas dit que nos gouvernants s’arrêtent en si bon chemin sur la voie de la répression. Le régime actuel soutenu par l’Union européenne et ses bailleurs de fonds bancaires n’est en effet que la prolongation du communisme sous des formes sociales et institutionnelles différentes concourant au même objectif qu’hier c’est-à-dire la subordination totale de l’individu à l’Etat. Si la chute du « rideau de fer » a pu faire un temps illusion, force est de reconnaître que le totalitarisme soviétique refait une entrée en force grâce aux superstructures juridiques de l’Union européenne doublée d’un attirail répressif qui ne cesse de s’étoffer grâce aux technologies modernes de contrôle des individus. Voir à ce sujet l’excellent ouvrage de feu Christopher Story (sans doute assassiné) à propos de la reprise de l’édification d’un ordre socialiste mondial par l’Union européenne…

    The Soviet Bloc was ‘folded’ not, as is commonly believed, because Communism
    and the Soviet Union ‘collapsed’, but because the Soviet strategic collective, after long
    preparation spanning much of the 40-year postwar period during which the wartime allies
    had agreed that Germany should be occupied, entered in 1989-91 upon a new phase of the
    World Revolution in pursuit of Lenin’s objectives ‘by other means’ (to quote Lenin himself).
    These objectives presuppose the destruction of all nation states, the collectivisation
    of every dimension of human existence, the obliteration of religion, the development of
    a uniform global mentality (agenda-setting and ‘the common mind’), and the gradualist
    establishment of World Government. For the continuing Soviet Communist strategists, the
    European Union is a primary infiltrated instrument for the furtherance of these objectives.

    Cliquer pour accéder à EU_Collective.pdf

  2. zorba44 dit :

    …Grand temps qu’on poursuive au TPI ces grands scandaleux qui assaisonnent leur immoralité naturelle de turpitudes contre le droit et la raison.
    Qu’ils se souviennent qu’il faudrait alors qu’on ose abroger le « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». Un voleur ne peut poursuivre, à titre d’exemple, un de ses complices qui l’a spolié de sa part.
    La génération actuelle a trop de mémoire pour qu’on lui refasse le coup de l’incendie du Reichstag, le Valls et la Taubira feraient bien de le comprendre.
    Demain ça va péter et je ne voudrais pas me trouver dans leur peau.

    Jean LENOIR

  3. Ping : Quenelle gratinée ! - gastraudiome

  4. Boule de cristal dit :

    en bref…..après l’indigestion c’est une grande coloscopie de l’état des lieux .

  5. matbee dit :

    Sur la dignité humaine, de Maître Eolas :

    — Qu’entend-on par ordre public ?

    — Deux siècles de jurisprudence administrative ont permis de bien cerner la notion : elle recouvre la tranquillité publique, la salubrité publique, et la sécurité publique ; à ce triptyque classique est venu s’ajouter il y a 20 ans le respect de la dignité humaine, qui n’a connu à ce jour qu’une seule application : la prohibition du lancer de nain comme spectacle.

    http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/12/30/Pourquoi-il-ne-faut-pas-faire-taire-Dieudonn%C3%A9-%28mais-il-ne-faut-pas-l-%C3%A9couter-non-plus%29

  6. yvan dit :

    Hhmm…
    Attention aux projections pro-actives.
    Déjà, un point qui me semble important : il ne faut pas assimiler le communisme des Bolcheviks (qui dura UN an après la révolution) au « socialisme » des oligarques.
    Et là, VOUS voyez tous bien que les oligarques règnent en maître non seulement en Russie, mais depuis aussi bien longtemps dans les pays de l’ouest.
    Soit, coté ouest, NOUS avons aussi des prisonniers politiques bien souvent non enfermés mais qui sont mis au ban de la société en les privant non pas de liberté, mais simplement d’argent.
    (ou parfois, en les assassinant ou en les suicidant)
    Tiens, les Indignés…

    Deuxième point.
    Tout ceci est un résultat collatéral bien naturel d’une dépression en bonne uniforme :
    TOUS les pays de la planète ont renforcé leur « sécurité » intérieure depuis fin 2008.
    Car les dirigeants, préférant le coté oligarques que LEUR peuple, savaient pertinemment que le divorce DEJA entamé, allait tourner à la confrontation directe.
    Déjà.. nous connaissons la suite.

  7. soyouZ dit :

    Sur Radio Classique il y a quelques jours Philippe Tesson appelait à l’exécution physique de Dieudonné : « sa mort par exécution d’un peloton de soldats me réjouirait profondément »…

    • Merci. C’est stupéfiant ! J’ai ajouté la vidéo à l’article.

      • Anne dit :

        Ce vieux fou a récidivé le lendemain sur LCI…. pas de regrets ni d’examen de conscience !
        « Dieudonné est un animal abominable, il faut le faire taire, je regrette qu’il n’y ait plus la peine de mort. Ce mec, il faut le museler, le faire taire à jamais. »

  8. En cela Philippe Tesson ne fait que rejoindre une grande tradition républicaine qui veut que la république ait initié la plus longue série de massacres dans l’histoire de France, au nom des grands idéaux républicains qui réclamaient l’égalité de ses enfants devant la mort sur le champ de bataille…
    http://fr.gloria.tv/?media=554331

    • yvan dit :

      Les cathos sont en effet bien placés pour parler de paix avec leurs guerres de religions…

      • Pourquoi leurs guerres de religion? L’Allemagne a connu plus de deux ans de guerre civile ininterrompue provoquées par le camarade Luther en attisant les haines et les divisions entre les principautés allemandes et leurs princes pour contre le Pape, guerre poursuivie par contagion dans une bonne partie de l’Europe centrale et orientale. Quant à l’Angleterre elle a donné le ton des génocides des temps modernes avec l’élimination systématique des catholiques « papistes » initié par Henri VIII et poursuivi par Elysabeth Ière. L’affaiblissement prolongée de ses voisins en proie à des guerres civiles permanentes a permis à la France catholique de devenir la nation la plus riche et la plus peuplée de Henri IV à Louis XVI. Un exemple remarquable de stabilité politique et économique dans une Europe ravagée par les conséquences du Luthérianisme républicain.

      • yvan dit :

        Merci Nicolas de confirmer mes écrits.
        Ainsi, en effet, sans religions, il y aurait moins de violences.

        Mais, même si je n’admets pas cette situation, je la comprends.
        Comment, en étant baigné dans une croyance depuis sa plus tendre enfance, comment donc ne pas défendre ces « valeurs » jusqu’au bout, sachant que l’on « a » en plus la justice divine de son coté et, n’oublions pas, un paradis assuré…?

      • yvan dit :

        Notez, si je voulais philosopher comme dans chaque bon bistrot, je remarquerais que la religion de l’argent a plus que des similitudes, sur ce coup-là.
        Et, la symbiose ne s’arrête pas là car une religion est faite pour faire de l’argent.
        (je vous rappelle les 7 péchés capitaux ou on se refait « Le nom de la rose »..??)

        Salutations, de fait, au camarade spinoziste Lordon qui, affecté au dernier degré, a préféré passer de l’économie à la philosophie au CNRS.

      • yvan dit :

        Un coup de Lordon ne fait d’ailleurs jamais de mal aux neurones :

        23 min 45…
        Et, en 1789, ce sont les bourgeois qui ont manipulé le peuple…

      • In A Toussenel, les J… rois de l’Epoque:

        La France sait qu’il y a incompatibilité radicale de principes et
        d’intérêts entre elle et l’Angleterre. La France aspire à l’unité
        morale, à l’unité législative, comme à l’unité de territoire, elle
        est catholique en religion comme en politique : c’est sa tendance
        sous tous ses gouvernements forts, sous Richelieu, sous Louis
        XIV, comme sous Napoléon. L’Angleterre, elle, vise au
        morcellement, parce qu’elle vit des déchirements du globe : elle
        est protestante et schismatique en tout : Individualisme et
        protestantisme sont tout un. Elle ne comprend pas qu’on se
        dévoue au service de l’humanité, comme la France, quand on
        peut l’exploiter, elle ne se résigne à faire un peu de bien que
        dans l’espérance qu’il en résultera un mal pire : témoin
        l’émancipation de la race noire. La France, au contraire, dans
        ses plus grandes erreurs, semble n’être coupable que d’un excès
        de dévouement à la cause des peuples. Vous trouvez des pages
        admirables et des actes de charité sublime, à côté d’atrocités
        odieuses, dans l’histoire de la Terreur. Beaucoup de ces
        législateurs sanguinaires qui renvoyèrent à leur juge naturel
        tant d’accusés innocents, croyaient fermement à la sainteté de
        leur oeuvre. Et pas un de ces buveurs de sang, comme les
        partisans de l’absolutisme les appellent, n’eût osé formuler ces
        aphorismes froidement barbares, froidement inhumains, dont
        les Malthus et [54] les Jean-Baptiste Say n’ont pas craint de
        déshonorer leurs écrits : Qu’il n’y a pas de place pour le pauvre
        au banquet de la vie….., qu’à rigoureusement parler, la société
        ne doit rien à ses membres… Oh ! oui, s’il était vrai que le bon et
        le mauvais principe se disputassent l’empire de ce monde, le
        premier se personnifierait dans la France, le second dans
        l’Angleterre. L’Anglais est si bien le fléau de Dieu, que Dieu
        suscite des vierges enthousiastes pour le chasser de France,
        comme il a fait pour chasser Attila11. Voilà pourquoi la haine
        nationale de la France pour la Grande-Bretagne est légitime et
        sainte. C’est la haine de l’oiseau de jour pour l’oiseau de nuit. Je
        n’exècre pas l’aristocratie anglaise, comme Français, mais
        comme chrétien, comme homme.

      • Toussenel ibid cite

        Il manque à nos atlas une carte instructive dont je
        recommande la confection à quelqu’un de nos habiles éditeurs :
        ce serait une mappemonde sur laquelle seraient signalées, par
        des taches de feu et de sang tous les endroits du globe où des
        hommes s’entretuent. Promenez par la pensée vos yeux sur
        cette carte cherchez bien : de la baie d’Hudson à la Terre de Feu,
        du Spitzberg à Ceylan, du cap Nord à celui de Bonne-Espérance,
        de Canton à Saint-Jean d Acre et au cap Finistère… Partout, à
        de bien rares exceptions près, vous reconnaîtrez que la tache
        rouge est l’empreinte du sang versé par des Anglais. Là où
        l’Anglais ne guerroie pas pour son propre compte, comme dans
        l’Afrique du Nord, sur les rives de la mer Caspienne ou de la
        mer Noire, c’est lui qui vend les armes et la poudre avec
        lesquelles on se tue. Il existe dans la noble cité de Londres, foyer
        de la propagande biblique, un certain nombre de manufactures
        de fusils de pacotille, d’armes qui ne peuvent se placer que chez
        les peuplades sauvages de l’Afrique centrale, de la Nouvelle
        Hollande ou de l’Océanie. Quelquefois ces marchands ont vendu
        leurs cargaisons à des populations en guerre avec la Grande-
        Bretagne. Pour mettre leur conscience en repos et concilier leur
        intérêt mercantile avec leur patriotisme, ils disent et ils
        prouvent que ces armes de rebut ne peuvent être dangereuses
        que pour ceux qui s’en servent. C’est aussi la ville puritaine de
        Londres [68] qui a le monopole de la fourniture des idoles pour
        tous les pays d u monde. — Tient idoles, faux dieux et
        généralement tout ce qui concerne son état, le tout à des prix
        modérés….
        Ah ! J’excuse les nations opprimées dont la foi religieuse
        chancelle, j’excuse les travailleurs affamés qui doutent de la
        Providence divine. La justice du Seigneur est aussi trop lente à
        frapper.
        Ils sont là derrière les roches blanches de leur île, un
        millier de familles au plus, une nichée de vautours, que le génie
        du mal tient attachés sur les flancs de l’humanité pour boire son
        sang et déchirer ses chairs. C’est, pour nourrir le faste insolent
        de cette poignée de despotes, c’est pour servir à ces vautours
        insatiables leur curée quotidienne, que tant de crimes se
        commettent sur la terre, que tant de nations s’égorgent, que.*
        tant de vaisseaux se perdent sur les mers, que les quarante
        millions de bras des machines anglaises travaillent jour et nuit,
        que l’opium se récolte, que l’Irlandais et le Saxon sont réduits à
        se jeter sur les grossiers aliments que les pourceaux dédaignent.
        Il y a des siècles que cela dure, et les lamentations des peuples
        n’ont pas encore monté jusqu’à Dieu, et ce Dieu des opprimés
        n’a pas encore suscité parmi ses fidèles un orateur inspiré, à la
        parole ardente, pour prêcher la croisade contre ces bourreaux
        de la terre ! Seigneur ! Rendez l’entendement et la vue aux
        conseils des puissances, et que votre justice ne se retire pas plus
        longtemps de vos malheureux peuples !
        Le monde ancien a applaudi à la chute de Carthage,
        l’Albion d’autrefois, la souveraine des mers ! Quels crimes
        odieux avait donc commis Carthage pour que [69] le monde
        ancien applaudît à sa destruction ? Rompu quelques traités….
        porté en Italie le fléau de la guerre. Mais quels traités
        l’aristocratie anglaise n’a-t-elle pas rompus ? Quelle foi n’a-t-elle
        pas violée ? En quels lieux si lointains du globe n’a-t-elle pas
        porté le fléau de la guerre ? Et ne s’élève-t-il pas contre elle, de
        tous les lieux du monde où l’on souffre, assez de gémissements
        et de malédictions ? Et l’aristocratie anglaise n’a-t-elle pas assez
        provoqué la vengeance des peuples et la justice du ciel, pour que
        la longanimité des patients soit à bout, pour qu’un tribunal de
        souverains s’assemble et prononce contre la coupable la
        formidable sentence : Delenda Carthago.

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  10. La Gaule dit :

    @ Yvan et Nicolas

    J’ai envie de vous mettre d’accord tous les deux. Avec les guerres de religion la France a peut-être inventé la guerre idéologique totale, à tendance génocidaire, puisqu’elle ne pouvait se résoudre que par l’anéantissement au sens propre de l’adversaire.
    Les pays de langue allemande nous imitèrent par la suite, en se précipitant dans la guerre de trente ans, laquelle fut l’une des plus meurtrières de l’histoire de l’Europe, tout à fait comparable en pertes humaines aux guerres du siècle dernier.
    N’allez pas croire pour autant que les gens de l’époque –ni plus ni moins bêtes que nous- se sont battus pour le sexe des anges, comme un certain laïcisme obtus se plait à le dire.
    Le « entre ma Foi et Dieu, Personne » des protestants revenait à remettre en cause la principale puissance temporelle du temps qu’était l’Eglise papale.
    Puissance temporelle à l’ombre de laquelle une grande partie du petit peuple protégeait aussi un certain nombre « d’acquis » culturels et sociaux (les fameuses ligues catholiques furent d’ailleurs d’indéniables espaces démocratiques dans leur fonctionnement interne). Raison pour laquelle la diffusion de la réforme eut des résultats très contrastés dans les couches inférieures de la société, rétives à la vision finalement très abstraite de la société qu’avaient les réformés.
    Et puis, au-delà d’une certaine durée et d’intensité, ce type de conflit finit par se dévorer lui-même, et arrive le temps des grandes compagnies et des seigneurs (saigneurs) de la guerre, qui la font sans autre objectif que la mener pour leur compte. Enfin arrive le temps de la lassitude, propre aux compromis, dont Navarre (Henri IV) tira profit.
    Il apparaît en fait clairement que les guerres républicaines, dans leur sauvagerie –surtout les guerres de vendée- ne furent qu’une redite –ou un retour du refoulé- des guerres de religion encore brûlantes, dont le dernier épisode datait de moins de quatre vingt ans avec la guerre des Cévennes dite « des camisards ».
    Simplement l’idéologie républicaine s’était substituée à la religion pour l’un des camps, habité par le rationalisme libéral qui imprégnait la bourgeoisie marchande montante, et dont les racines intellectuelles se situaient autant dans le protestantisme (Necker, banquier protestant en fut le symbole) que dans cette sorte de « crypto-protestantisme » que fut le jansénisme, dont l’influence fut capitale tout au long du 18ème siècle.
    93 ne fut pas le conflit entre les « bons » révolutionnaires et les « mauvais » (je laisse ça à Ferry Furet & consort), mais la réaction du peuple petit et moyen –encore partie prenante de l’ordre ancien (que l’on songe aux corps de métiers corporatistes)- face à l’entreprise de démolition systématique du même ordre ancien par les tenants de l’ordre bourgeois nouveau.
    Les vendéens étant à leur manière eux aussi animés par la révolte contre cet ordre nouveau, et les guerres de l’ouest furent donc bien un conflit de diversion et de dupes, dont les bourgeoisies révolutionnaires urbaines tirèrent profit au bout du compte. Et Napoléon Bonaparte survint pour terminer le chantier…
    Tout cela pour vous dire qu’opposer les atroces guerres de religion sous la monarchie aux affreuses guerres républicaines sous la révolution n’a pas de sens. Elles participent toutes du même mouvement et viennent de la même matrice.
    Cette thèse est developpée largement Par l’historien Georges Corm dans « la question religieuse au XXIème siècle ».
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_question_religieuse_au_XXIe_siecle-9782707152855.html

    • yvan dit :

      Cela part d’un bon sentiment, La Gaule.
      Mais je suis descendant d’une famille fâchée avec les religions depuis 3 générations.
      Ce qui permet un cartésianisme doublé d’un anti-matérialisme.
      Souvent qualifié d’irrécupérable, d’ailleurs. Ce qui m’arrange…

  11. christiane dit :

    @Nicolas, je vous suis complètement. Ce sont les protestants qui ont apporté en France la division entre les Français car, leur intention était d’instaurer un Etat dans l’ Etat, c’est ce que Richelieu a empêché. Ce sont nos « amis » Anglais qui, pour affaiblir la France dont ils ne supportaient pas le rayonnement, ont importé leur protestantisme. Ce qui fut appelé : guerres de religion, était en fait une résistance à l’envahisseur.

  12. THEOPT NEWZE dit :

    Tout ça (les commentaires des uns et des autres) …pour une quenelle, geste de dérision
    Loin de l’économie tout ça !

    • yvan dit :

      Mais, de façon sûre, un résultat collatéral de la crise économique en cours.
      Lorsque l’argent coule à flot, aucune révolte n’est nécessaire.

  13. Diego de la Vega dit :

    ça y est on a lâché les chiens….pardon les provocateurs sionistes pour montrer que Dieudo est une menace pour l’ordre public:
    http://www.20minutes.fr/societe/1275109-20140116-affrontements-entre-pro-anti-dieudonne-a-bastille

  14. Geraldine dit :

    Liberté d’expression : Laurent Louis sauve l’honneur de la démocratie belge !

    Défenseur de la liberté d’expression, le député belge Laurent LOUIS dénonce, devant le Parlement, la censure et la stigmatisation dont souffrent Dieudonné et ceux qui osent critiquer le sionisme et ses crimes. Etre antisioniste ne signifie pas être antisémite. S’attaquer aux puissants de ce monde, au groupe Bilderberg, aux banques, dénoncer les atteintes aux droits de l’Homme commises par Israël, ce n’est pas du racisme ou de l’antisémitisme, c’est tout simplement le devoir de tout citoyen qui se bat pour la vérité et l’égalité entre tous les Hommes. Laurent LOUIS explique également très clairement la signification de la quenelle aux députés belges médusés.

    Comme le dit Laurent Louis, un Français qui fait une blague sur les Belges c’est une blague, mais si c’est sur un juif c’est de l’antisémitisme…

  15. Geraldine dit :

    De mieux en mieux : le chef suprême, le CRIF, a décrété l’indulgence pour certaines quenelles…

    Alors quoi : QUENELLE OR NOT QUENELLE ???

    De mieux en mieux : le chef suprême, le CRIF, a décrété l’indulgence pour certaines quenelles

  16. azulero dit :

    Dieudonné : Merci Manu !!
    Ils lui ont tout fait…..
    Résultat des courses : Valls – 7%, Dieudonné + 200%
    Quand même !!!

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