En Suisse aussi, les clients vident leur compte en banque

En Suisse aussi les clients vident leur compte en banque

Les taux d’intérêt négatifs pratiqués par la Banque centrale découragent investisseurs privés et institutionnels

« L’inquiétude a surgi lundi dans les colonnes du quotidien suisse Le Temps : « Taux d’intérêt négatifs, la peur d’une ruée sur le cash ». Vider ses comptes en banque n’est apparemment plus l’apanage des Grecs, tétanisés par les funestes menaces que fait courir la politique d’Alexis Tsipras. En Suisse, c’est l’action de la Banque centrale qui fait fuir le client. « Depuis que des taux d’intérêt négatifs de 0,75% ont été mis en place par la BNS au mois de janvier, tous cherchent des moyens d’y échapper, explique le journaliste. Certains clients préfèrent tout simplement retirer du cash pour le placer dans des coffres forts. Des rumeurs font même état de billets de 1000 francs qui pourraient venir à manquer »…

L’économie helvétique bloquée par des comportements anti-citoyens ? C’est ce que craint Thomas Jordan, le patron de la BNS pour qui ces tentatives « ne servent pas l’intérêt général de la Suisse dans le contexte actuel ». Gênée par le franc fort, l’activité est en train de chuter. Le FMI a enfoncé le clou lundi en prévoyant un taux de croissance de 0,75% seulement cette année, inférieur aux prévisions officielles. Or, échapper aux taux négatifs, c’est échapper à une mesure censée affaiblir le franc, s’inquiète la BNS. La monnaie risque de rester trop vigoureuse, d’autant que l’argent retiré des comptes aujourd’hui taxés n’est pas placé hors de Suisse. Le pays demeure le coffre fort qu’il a toujours été, au grand dam de Thomas Jordan.

Il y a deux mois, le patron de la Banque centrale avait provoqué un mini-séisme sur la planète finance en libérant le franc de ses entraves, déclenchant son envolée. A une échelle moindre, la Suède et le Danemark sont aussi contraints de taxer les dépôts dans leur devise, tout comme la BCE d’ailleurs, qui tente par ce moyen de relancer le crédit. Nul ne sait ce qui se passerait en cas de fuite généralisée devant la monnaie. Pourquoi pas le grand retour du troc ? »

Muriel Motte, L’Opinion, le 23 mars 2015

Rappels :

La chasse au cash est lancée… Pour combattre le terrorisme, vraiment ?

Important : A propos des taux de rendement négatifs (B. Bertez)

En France même, le filet bancaire se resserre (B. Bertez)

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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7 commentaires pour En Suisse aussi, les clients vident leur compte en banque

  1. zorba44 dit :

    Pourquoi donc laisser de l’argent sur un compte taxé. Pour le client la perception de la banque est le contraire de ce qu’elle devrait être, un endroit où son argent est au chaud et produit quelques intérêts grâce à une gestion patrimoniale, et donc un « enfer » de ponctions diverses.

    Il faut plutôt croire que des caisses dégarnies puissent affaiblir le franc suisse, car pour les flux entrants ce ne sont pas des intérêts négatifs qui soient particulièrement affriolants – la pression acheteuse du franc suisse fort logiquement diminuant, c’est à des cours plus raisonnables que l’on devrait trouver dans les cotations.

    Pour rassurer nos amis suisses, une monnaie assagie servira aussi les intérêts de l’économie et de son niveau d’activité – même si, même si les effets de dominos s’exercent de manière trans-frontalière.

    Jean LENOIR

  2. Léman dit :

    Les Suisses ont toujours un coup d’avance. Prenez exemple sur eux…

  3. Nanker dit :

    Les Suisses sont polyglottes par nature et EUX (contrairement aux Français) ont compris Janet Yellen lorsqu’elle a dit tout récemment « Cash is not a store of value »… 😆

    Malgré mes modestes capacités intellectuelles je peux vous dire que ça va tanguer en 2015!
    « Hedge accordingly » comme on dit aux USA… et en Suisse!

  4. Ping : En Suisse aussi, les clients vident leur compte...

  5. brunoarf dit :

    Les banques privées grecques sont en faillite.

    Lundi 30 mars 2015 :

    La chute libre des dépôts bancaires grecs :

    Janvier 2014 : dans les banques privées grecques, les dépôts étaient de 161 milliards d’euros.

    Novembre 2014 : les dépôts étaient de 164,3 milliards d’euros.

    Décembre 2014 : les dépôts étaient de 160,3 milliards d’euros.

    Janvier 2015 : les dépôts étaient de 148 milliards d’euros.

    Février 2015 : les dépôts étaient de 140,5 milliards d’euros.

  6. brunoarf dit :

    Grèce / Union européenne : la rupture est inévitable.

    Les deux camps se préparent à la rupture.

    Lisez cet article :

    La perspective d’une rupture semble désormais de plus en plus proche et il semble que chacun s’y prépare. Lors du défilé de la fête nationale du 25 mars, une femme a lancé un message d’encouragement à Yanis Varoufakis, le ministre hellénique des Finances. Ce dernier a répondu : « il faudra nous soutenir aussi après la rupture. » Faut-il y voir la preuve que cette rupture est acquise ? L’accord avec les créanciers semblent en tout cas désormais très difficile.

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-le-blocage-semble-indepassable-464866.html

  7. Alcide dit :

    Dans le paradigme actuel d’argent dette , c’est à dire de création monétaire par le crédit ,les dettes sont mathématiquement impayables ( sauf à vendre les actifs) , alors qu’on en finisse avec ce système bancaire frauduleux.
    Le plus tôt est le mieux.

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