Jacques Sapir : « La crise européenne profitera massivement à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen »

Il n’est pas exclu, en effet, que le second tour de la présidentielle oppose dans quelques mois Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Le rejet des élites en place est tel aujourd’hui que les Valls, Macron et autres Montebourg courent le risque de se faire laminer par les électeurs. Quant à François Fillon, il appartient à la même caste d’imposteurs et d’escrocs régulièrement reliftés par le système. Son vernis “populaire” va très vite s’écailler tant son héritage sarkozyste et son projet thatchérien sont caricaturaux, en décalage complet avec les réalités actuelles. Bien sûr, la candidature de l’ex-sénateur socialiste Mélenchon, trublion faussement anti-système, est elle aussi une escroquerie. Mais les trublions ont le vent en poupe… et Mélenchon est dans l’opposition depuis assez longtemps. OD

le-pen-melenchon

RT France : Pensez-vous que Manuel Valls soit un bon candidat pour remporter effectivement la primaire ?

Jacques Sapir (J. S.) : Tout d’abord, Manuel Valls est un candidat qui arrive usé à la primaire. Il arrive usé, parce qu’il est au gouvernement depuis maintenant trois ans, il a d’une certaine manière assumé les différentes décisions prises par François Hollande, y compris les plus contestées – comme la fameuse Loi Travail El Khomri – qu’il a dû faire passer avec une disposition particulière de la Constitution française, ce qu’on appelle l’article 49.3 et qui n’est autre qu’un vote bloqué en réalité.

Il arrive, d’une certaine manière, usé. Néanmoins, on sait que les personnes qui se déplaceront à la primaire ne constituent pas exactement l’électorat du parti – c’est la même chose pour la primaire de la droite. On peut considérer que la droite a fait grosso modo entre 12 à 16 millions de voix aux élections, et il y a eu 4 millions de gens qui se sont déplacés à la primaire – c’est la même chose pour le Parti socialiste. Et [Manuel Valls] devra à la fois essayer de combiner sa loyauté à François Hollande parce qu’elle lui donne une forme de légitimité à l’intérieur de l’électorat socialiste, mais aussi marquer sa différence de manière crédible par rapport à la politique de François Hollande. Et cela risque de ne pas être du tout facile pour lui.

RT France : Pourquoi Manuel Valls se présente-t-il, s’il est considéré comme celui qui s’est battu pour toutes les décisions contestées de François Hollande ?

J. S. : Il y a plusieurs réponses possibles. La première, c’est tout simplement l’impulsion. On peut penser que, dans le système français, le président de la République agit comme un miroir aux alouettes : il fait perdre le sens de la réalité à toute une série des personnalités politiques. Deuxième explication, plus sérieuse : si Manuel Valls veut espérer contrôler le Parti socialiste, il doit se présenter à l’élection présidentielle, même s’il n’a aucune chance d’être élu. Mais il doit se présenter et surtout tenter de faire un score au premier tour qui soit supérieur au score de Jean-Luc Mélenchon qui sera l’adversaire tout particulier d’un candidat socialiste. Parce que, aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon se situe plus à gauche que le Parti socialiste. On voit très bien la grande crainte des socialistes d’être non seulement exclus du deuxième tour, mais en plus de terminer quatrième ou cinquième, devancés par Jean-Luc Mélenchon ou peut-être Emmanuel Macron. C’est d’ailleurs cette crainte qui a le plus probablement fait renoncer François Hollande à se représenter.

RT France : Considérez-vous toujours Emmanuel Macron comme une candidature qui a des chances de se qualifier au deuxième tour ?

J. S. : Actuellement il n’a aucune chance. Emmanuel Macron peut-être à la fois contesté sur sa droite si François Bayrou se présente, et contesté sur sa gauche si Manuel Valls se présente, car on voit très bien que le possible programme de ce dernier sera assez peu différent de celui d’Emmanuel Macron. En réalité, si l’on veut se qualifier pour le deuxième tour, il faudra faire plus de 22-24%, puisque c’est le niveau auquel on place désormais Marine Le Pen et le Front national. Actuellement, que ce soit Emmanuel Macron, entre 14 et 16%, ou que ce soit Manuel Valls, entre 12 et 14%, l’un et l’autre sont loin du compte. En fait, on voit bien que la bataille n’est pas tant pour le deuxième tour que de nombreux socialistes considèrent comme d’ores et déjà perdu pour leurs candidats, que pour savoir qui prendra l’ascendant à gauche : Manuel Valls, Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon, qui est en train de monter très vite dans les intentions de vote ? Il fait aujourd’hui entre 14 et 16% et pourra monter à 18-19%.

RT France : Pensez-vous que Jean-Luc Mélenchon puisse être un candidat pour rassembler la gauche ?

J. S. : Tout cela dépend beaucoup du candidat que choisiront les socialistes. Si les socialistes choisissent Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon aura un véritable problème de positionnement par rapport à lui. Dans cette hypothèse, Emmanuel Macron pourrait faire le plus grand nombre de voix parce qu’on voit bien que les électeurs de centre-gauche quitteraient Arnaud Montebourg pour se rallier à lui alors qu’Arnaud Montebourg pourrait séduire des électeurs beaucoup plus ancrés dans la gauche du Parti socialiste. Mais si le candidat du Parti socialiste est Manuel Valls, il n’est pas du tout impossible qu’une partie des électeurs du Parti socialiste se rallient à Jean-Luc Mélenchon, qui a un programme beaucoup plus cohérent que ceux de ses adversaires à gauche. Il faut donc bien dire qu’ils sont dans une incohérence liée à leur soutien à la politique de François Hollande. Car même Emmanuel Macron qui a, certes, démissionné du gouvernement, a été pendant deux ans ministre dans un gouvernement Valls, et sous François Hollande.

Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, va bénéficier de la plus grande cohérence de son programme. Aujourd’hui, le «non» au référendum italien est en train de changer beaucoup de choses dans la vie politique en Europe et en particulier en France. On voit que, dans ce contexte, il y a deux candidats qui vont en profiter massivement : le premier, c’est Jean-Luc Mélenchon. Et le deuxième, c’est Marine Le Pen.

RT en français, le 5 décembre 2016

Lire la version intégrale de l’entretien sur le blog de J. Sapir

Rappels :

La question du jour

Le chiffre du jour : 91% des électeurs n’ont pas participé à la « primaire »

Jacques Sapir : « François Fillon prétend parler comme de Gaulle mais il pense comme Jean Monnet »

Macron, symbole de l’escroquerie d’un monde politique en perdition

Manuel Valls, millionnaire masqué, expert en optimisation politico-fiscale (J.-B. Giraud)

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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18 commentaires pour Jacques Sapir : « La crise européenne profitera massivement à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen »

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    • Alcide dit :

      Tout comme Merluchon , complétement imbibé depuis sa naissance du culte du Grand Architecte luciférien et qui le perpétue.
      Le choix du soviet officiel que l’on nous propose est entre différents produits marketing tous sionistes et tous francmaques.

      Le franc-maçon devrait être interdit de toute activité administrative et politique puisque systématiquement parjure de ne pouvoir aider ses frères en toute occasion ou remplir le contrat social populaire qu’implique l’élection.

      De mêmes que les allégeances répétées à Israël devraient immédiatement disqualifier tout candidat qui conchie ouvertement par ses déclarations le peuple qu’il est pourtant censé représenter.

      Tous pourris , tous des lopettes et tous parjures.

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  3. jeanne d'arc dit :

    je voterai pour celui qui fera sortir Mme sauvage de prison et qui recentrera son programme sur les fondamentaux de la France : liberté égalite fraternité . malheureusement il faudra passer par une période sanglante pour éradiquer les traîtres, les profiteurs qui confondent « servir  » et « se servir » . Revenir à l’essentiel de ce qui fait la France n’est pas rétrograder, c’est retrouver un leadership une motivation à faire et gagner . La France des lopettes et des vendus doit être remplacée par la France des gagneurs qui ont la rage. Ils sont très nombreux et enragent de voir la France se faire détruire.

  4. Robert dit :

    En ce qui me concerne et à ce jour, je ne suis pas persuadé qu’une majorité d’électeurs ait décidé de « renverser la table » en retenant Mélenchon-Le Pen au second tour. Beaucoup considèrent Mélenchon comme peu crédible quant à son programme économique, et Le Pen risque de voir son capital de voix érodé par Fillon. Après, il reste encore cinq mois, au cours desquels des événements peuvent se produire…

  5. zorba44 dit :

    Quel ennui ces candidatures !… pas de quoi passionner …sinon les adeptes de la doctriconnerie…

    Jean LENOIR

  6. brunoarf dit :

    Clemens Ladenburger est membre du parti d’Angela Merkel, c’est un haut fonctionnaire de l’Union Européenne.

    Clemens Ladenburger est un partisan du « Laissez faire, laissez passer, laissez circuler, laissez entrer. »

    Il est un de ces bisounours qui ont une idéologie européiste et sans-frontiériste.

    La destruction des frontières nationales, l’espace de libre-circulation, l’espace Schengen, la libre-circulation des biens et des personnes, la construction européenne, toutes ces idées de tarés produisent AUJOURD’HUI leurs conséquences :

    la propre fille de Clemens Ladenburger est une des victimes de cette politique de tarés.

    Mais chut ! En France, les grands médias n’en parlent pas.

    Lisez cet article :

    https://www.lenouveaudetective.com/maria-ladenburger-fribourg-allemagne-viol-meurtre/

  7. jocegaly dit :

    Il y en a vraiment qui imaginent Mélenchon Président , qui dit toujours « écoutez moi » et semble avoir un léger problème de nervosisme .. ? et Valls compulsif du 49.3, qu’on tremblerait de mettre devant le bouton du nucléaire? :-O

  8. Pierre dit :


    Publiée le 24 nov. 2016

    Si vous votez pour un pantin des dirigeants de l’ombre, notamment des groupes Bilderberg et CFR (Rockefeller), Trilatérale, Franc-maçonnerie… avec au-dessus le clan Rothschild et la maison de Windsor (ex maison de Saxe-Cobourg-Gotha), il ne fera qu’appliquer le Plan pour un Nouvel Ordre Mondialiste.
    Tout postulant qui n’est pas insoumis aux gouvernants de l’ombre, et qui ne veut pas revenir sur la loi de 1973, dite aussi loi « Giscard/Rothschild » ni sur l’article 123 du traité de Lisbonne pour retrouver la souveraineté monétaire (donc sortir de l’euro et de l’EU), est condamné à l’impuissance, et à mettre le pays et le peuple exsangue, car ne pouvant jouer que sur les augmentations d’impôts et la baisse des services publics, pour ne pas toucher aux privilèges des dirigeants de l’ombre.

  9. Pierre dit :


    François Hollande déménage ! Ce que TF1 nous a caché !

  10. Pierre dit :


    La führer de Valls

  11. Pierre dit :


    Élection présidentielle 2017 : Le coup d’état final de l’oligarchie

  12. Pierre dit :

    Le nihilisme national des trotskistes au service de l’Union Européenne

    Mélenchon, la France Insoumise,
    Une structure de parti qui ne dit pas son nom
    Témoignage d’Armand LEGAY

    Mise en ligne Comité Valmy : 22 novembre 2016

    jeudi 8 décembre 2016, par Comité Valmy

    http://www.comite-valmy.org/spip.php?article7900

  13. Pierre dit :


    François Asselineau, faux dissident, mais vrai oligarque 1/2


    François Asselineau, faux dissident, mais vrai oligarque 2/2

    Pourquoi l’U.P.R est une impasse politique ?…

    /..Si pour des raisons de personnalité, je ne pense pas qu’il soit l’incarnation d’un libérateur pour la France, je considère qu’il mérite sa place dans l’Histoire comme l’un de ceux qui auront contribué à éveiller la population, et peut-être plus tard à l’aider concrètement à s’émanciper du joug de l’U.E et des U.S.A dans le cadre d’un mandat politique qui lui serait confié.

    Je souhaitais juste faire comprendre à tous ceux qui me répètent en perroquet que l’U.P.R est la meilleure solution aux problèmes de la France, que ce parti politique est totalement forgé à la propre gloire de François Asselineau, et qu’à ce titre, la dynamique de ce parti politique ne répond en rien au sauvetage en urgence de la France…/

    ARTICLE COMPLET…

    http://blogdejocelyne.canalblog.com/archives/2016/12/10/34672569.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=blogdejocelyne

  14. Pierre dit :

    Faut pas crier comme ça monsieur

    /…Lors de son meeting, le fondateur du mouvement «En Marche» s’est positionné comme le candidat du renouveau. Ainsi, selon lui, «notre projet, c’est de faire entrer la France dans le XXIe siècle, de faire gagner notre pays, de le faire réussir dans un monde qui se transforme».

    «Nous allons réconcilier notre pays avec le goût du risque», a-t-il ajouté, précisant que «nous continuerons à réduire le coût du travail pour les entreprises, parce que si les coûts sont trop élevés, les marges sont basses»…/

    ARTICLE COMPLET…
    https://francais.rt.com/france/30443-emmanuel-macron-en-marche-presidentielle-meeting-paris

  15. Pierre dit :


    l’émission politique – Débat entre Julien Sanchez (FN) vs Benoit Hamon (PS) – 8 décembre 2016

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