En ruinant les épargnants, la BCE pourrait faire admettre l’euro numérique

par Eric Verhaeghe

La brutale remontée des taux directeurs décidée par la BCE jeudi, que nous avons commentée hier, peut être analysée de deux points de vue très différents. Le premier (plausible) fait l’hypothèse que la BCE mène un combat aveugle contre l’inflation, au risque de déstabiliser le marché bancaire et assurantiel. Le second (que nous exposons ici) est que cette prise de risque est pleinement assumée par les autorités monétaires, pour lesquelles une crise de l’épargne faciliterait sans doute le passage à la monnaie numérique qui pose tant de problèmes aujourd’hui. De fait, le calendrier prévu de mise en place de cet euro numérique offre une « fenêtre de tir » idéale pour une crise financière en 2023.

Répétons-le : la décision prise jeudi par la BCE, au beau milieu d’une tempête financière ouverte par la faillite de la Silicon Valley Bank, essentiellement due… à la remontée des taux de la FED, est un signal intriguant. Certains y ont vu une marque d’irresponsabilité ou d’incompétence : augmenter de 0,5 point les taux directeurs alors que les banques sont en pleine souffrance (on l’a vu avec le Crédit Suisse, dont la stabilisation a coûté 50 milliards de francs suisses) du fait même de la remontée des taux interroge sur l’aveuglement des autorités monétaires. Mesurent-elles le risque qu’elles font courir à l’économie mondiale et, au premier chef, aux épargnants, en modifiant aussi vite et aussi fortement les paramètres du marché ?

La question de la stratégie de la BCE est posée

La décision de la BCE est intervenue alors même que, aux Etats-Unis, le débat était ouvert sur le maintien de la politique menée par la FED en matière de relèvement des taux.

On le voit ici clairement : les taux directeurs aux Etats-Unis sont plus favorables, mais l’écart tend désormais à se réduire avec ceux de la BCE. Face au désordre bancaire que nous connaissons, on aurait pu imaginer un assouplissement de la stratégie de la BCE pour permettre au système financier de reprendre ses esprits. On le sait, il n’en a rien été, et les ingrédients d’une crise de la remontée des taux sont désormais réunis, comme nous l’avons expliqué.

Officiellement, ce choix s’explique par l’obsession de la lutte contre l’inflation. Il faut juguler la hausse des prix en restreignant l’accès à l’argent. On connaît cette petite musique, mais elle ne manque pas de surprendre après des années de Quantitative Easing qui ont permis à la BCE de soutenir massivement l’économie, et après trois ans de COVID où les Etats ont joué à guichet ouvert quotidiennement.

Dans la pratique, les autorités monétaires européennes ne peuvent ignorer les risques systémiques que leur stratégie fait courir, et notamment le risque de crise obligataire généralisée qui couve, qui a fait tomber la SVB, puis la Signature Bank (toutes ces banques ont été contraintes de trouver de la liquidité en vendant en urgence des obligations à perte, ces obligations ayant perdu leur valeur par l’augmentation des taux d’intérêt), et qui est en passe de faire tomber First Republic Bank, malgré une perfusion de 30 milliards $ en urgence. On peut donc penser que même les incompétents des banquiers savent qu’ils jouent avec le feu (qui risque de réduire l’épargne des classes moyennes à l’état de cendre) en augmentant ainsi les taux d’intérêt.

L’hypothèse d’une stratégie délibérée

Il existe donc une autre lecture possible de la situation actuelle. Retournons le point de vue pour comprendre ce qui peut agiter les autorités monétaires aujourd’hui.

D’une part, il existe un mur au bout du chemin, qui s’appelle une impasse : la quantité faramineuse de dettes, publique et privées, qui ont explosé durant le COVID. D’une certaine façon, on peut dire que le COVID a permis de transformer énormément de dettes publiques en profit privé. La question se pose désormais de savoir comment rembourser sans assécher l’avenir pour des dizaines d’années. La question du passif, du remboursement de la dette, est un vrai casse-tête… sauf à laisser filer l’inflation pour en réduire le volume (c’est la Modern Monetary Theory), ou sauf à annuler ces dettes purement et simplement.

D’autre part, beaucoup de banquiers centraux croient au progrès par la technologie numérique, et quelques autres fadaises popularisées par Klaus Schwab, comme le contact tracking, et ses effets pervers comme le crédit social à la chinoise. Plus d’un crâne d’œuf bancaire se prend à rêver du Grand Remplacement de la monnaie papier par la Central Bank Digital Coin, la monnaie numérique de banque centrale. Grâce à un euro numérique, l’État (au sens large) pourrait officiellement lutter contre l’argent sale et contre le terrorisme, et officieusement contre tous ces complotistes qui ne font rien de ce qu’on leur dit de faire, qui roulent au diesel, fument des clopes et refusent les vaccins. Avec un euro numérique, il serait possible en un clic d’imposer à ces récalcitrants un mode de vie plus sain grâce au crédit social…

Face à ces deux termes de l’équation, il est tentant d’utiliser un raisonnement à la Mc Kinsey : pourquoi ne pas utiliser la stratégie du chaos pour joindre l’utile à l’agréable ? Autrement dit, pourquoi ne pas laisser filer une crise systémique qui donnerait le prétexte rêvé de remplacer la monnaie papier percluse de dettes par une nouvelle monnaie toute propre toute vierge toute fraîche qui permettrait de mieux « tenir » une société menacée par les populistes ?

Si cette voie était choisie, elle se traduirait, comme nous l’avons vu jeudi, par une accélération de la hausse des taux pour crucifier définitivement le monde d’avant.

Le calendrier officiel de l’euro numérique

Faut-il rappeler ici les éléments que nous avions présentés en décembre 2022 ? Dans la pratique, le Conseil Européen doit se prononcer en octobre ou en novembre 2023 sur le lancement de l’euro numérique, au moins sous une forme expérimentale en janvier 2024. Sa généralisation interviendrait en 2027.

En l’état, il est à peu près sûr que le Conseil ne va pas se montrer très empressé de se charger d’un dossier monétaire, alors que la guerre sévit en Ukraine, et que la transition énergétique suscite de très nombreuses réticences. Expliquer dans une même séquence à nos bons vieux amis allemands qu’il faut à la fois livrer des chars à l’Ukraine, interdire les moteurs thermiques en Europe et renoncer au cash, cela fait tout de même trois grosses couleuvres à faire avaler d’un coup ou presque.

Cette réticence est d’autant plus forte que les tentatives de lancement de yuan numérique en Chine pédalent dans la semoule. Preuve est faite que, même dans un système totalitaire abouti, le changement de monnaie est tout sauf une partie de campagne.

Il en irait tout autrement, bien entendu, si ce changement était justifié par une crise monumentale ! Par exemple une crise obligataire ruinant les épargnants, à cause de laquelle il ne resterait plus rien, plus de réserves d’épargne à convertir en monnaie numérique. Insistons sur le fait que rien ne prouve aujourd’hui que cette lecture ou cette hypothèse soit fondée. Simplement, si elle pose de sérieuses questions sur la moralité de nos dirigeants, elle a le mérite de sa grande cohérence et de sa grande logique.

Sur le fond, ma conviction est que cette idée a bien dû effleurer quelques esprits, et que, si la décision n’est pas prise, tout le monde sait qu’en cas de crise systémique, il existe un plan B qui serait infiniment plus moderne que le plan A. Il s’appelle la stratégie du chaos.

Eric Verhaeghe, Le Courrier des Stratèges, le 18 mars 2023

Via L’Echelle de Jacob

Rappel :

Piégée par deux humoristes russes, Christine Lagarde révèle que la décision concernant l’euro numérique sera prise le 23 octobre

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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32 commentaires pour En ruinant les épargnants, la BCE pourrait faire admettre l’euro numérique

  1. clavreul dit :

    Voici comment l’on fait tomber un régime pour en mettre un bien pire à la place. Je ne vous explique pas ce qui va nous tomber dessus par la suite.

    • clavreul dit :

      C’ est un professeur de saxophone ce monsieur là ?
      le dealer de Veracruz !

      • Un joueur de pipeau plutôt.
        Pour bien rigoler il faudrait l’interroger aussi sur la Deutsche Bank… et toutes les banques systémiques faillies.

      • clavreul dit :

        Il n’ y a pas besoin d’ aller voir les banques allemandes. Les banques françaises sont systémiques ne serait ce que par leur taille et par conséquent à leur exposition sur les produits dérivés. Le too big to fail permet à la fois de renforcer le monopole du secteur financier dans les mains de quelques acteurs qui auront le contrôle sur le nouveau système monétaire en gestation. On socialise les pertes au travers de la garantie des États sous la menace de voir l’ ensemble des capitaux du contribuable disparaître. De toute manière faillite ou bien hyper inflation le résultat sera le même : ‘ vous n’ aurez plus rien et nous seront heureux ‘.

      • Alcide dit :

        @ Clavreul
        ‘ vous n’aurez plus rien et vous serez heureux ‘.

        Le problème est que lorsqu’on n’a plus rien dans le frigo, le bonheur est de courte durée.

        Puisque les zozos ploutocrates brisent la chaine de production alimentaire et celle de la logistique, y compris la distribution, l’introduction de la CBDC ou autre futilité monétaire ne règlera en rien les troubles violents qui naissent de la famine.

        Mad Max , le retour.

      • Bien sûr qu’il n’y a pas que les banques allemandes, j’ai bien parlé de toutes les banques faillies. Même si la Deutsche Bank est l’une des plus emblématiques des mégabanques systémiques.

      • clavreul dit :

        Plus de propriété c’ est l’ esclavage Alcide, tu nous écoutes et tu la fermes sinon nous te débranchons du système. Un État omnipotent qui organise ta vie selon ses principes et les lois qu’ il met en place. L’ avortement qui entre dans la constitution cela nous montre l’ étendu des possibles. L’ autre jour Gilles William Goldnadel disait à la télé qu’ il était profondément légaliste, j’ ai envie de lui répondre sous un régime juif ou bien catholique ? car la France c’ est l’ Église. Et oui, passer de l’ ancien au nouveau monde est une très mauvaise nouvelle pour les Français et le monde en général si l’ on ne se prépare pas au delà ‘ du frigo ‘.

      • clavreul dit :

        @Alcide,
        Je préfère le vous n’ aurez plus rien et nous serons heureux car je trouve la formule plus juste en réalité.

  2. nicolasbonnal dit :

    Oui mais ce sera trop gros. On les lynchera et ils le savent. On aura auparavant une ruée vers l’or et des actifs solides. Ils ne peuvent pas ruiner tout le monde comme ça avec comme objectif : nous les banquiers milliardaires technocrates et politiciens protégés par des gendarmes et VOUS LES MORTS. Verhaege joue à se/nous faire peur. Tout devient de moins en moins facile.

    • Alcide dit :

      Il n’y aura pas de ruée vers l’or physique, il n’y en a plus et l’or papier ne vaut rien.
      Nous nous dirigeons vers un défaut de livraison monumental.

    • Alcide dit :

      Bonjour Jean,

      Sans Base Autonome Durable et la connaissance pour faire fonctionner seul sans appeler le spécialiste ce système un peu complexe, la possession d’une montagne de canaris ne règlera rien, mais augmentera singulièrement le risque d’être affamé et gelé , puis de devenir le gibier des canailles.

      Il y a des priorités, ne pas les mettre à l’envers, tu le sais pertinemment , mais pas forcément les lecteurs.

  3. nicolasbonnal dit :

    Et puis l’argent est déjà « liquidé » : essayez de retirer 10 000 euros en cash…

    • Malheureusement la plupart des gens ne le savent pas.
      Comme pour l’assurance-vie :

      Natacha Valla (ex-Goldman Sachs) sur l’assurance-vie : « Moi je n’en ai plus ! »

      • zorba44 dit :

        2014, cela faisait un certain temps, si ma mémoire ne me trahit pas, que j’avais conseillé aux lecteurs de ce blog de dégager leur assurance-vie…

        Jean LENOIR

    • J’ai bazardé la mienne fin mars 2020 et j’ai placé en bourse sur des valeurs qui avaient perdu entre 30 et 40 % que j’ai revendues depuis, en ramassant les plus-values. À présent, il faut placer les avoirs dans de la pierre ou de l’or physique.

      • zorba44 dit :

        Nicole vous avez fait ce que j’ai fait en 1987 …depuis j’ai eu trop peur de me faire surprendre par un krach mondial, seulement les comptes alors rémunérés très au-delà de l’inflation jusqu’à l’achat de canaris en 2007-2008 pour l’essentiel …depuis plus rien…

        N’attendez pas comme moi 20 ans pour les métaux !

        Jean LENOIR

      • Jean, quand la bourse s’est cassée la figure en mars 2020 sur certaines valeurs, je n’ai pas pris de risque en pensant que cela ne pouvait que remonter. L’or physique est devenu cher et l’immobilier va baisser ces prochains mois. Il va falloir saisir le bon moment.

      • zorba44 dit :

        Nicole, c’est bien ce que j’écris en 2020 vous étiez une audacieuse… Le démon de la bourse est devenue une affaire luciférienne et c’était déjà dans les manipulations du temps des fusions-acquisitions et autres bail-out leverages !

        Jean LENOIR

  4. Que dire… le plan se déroule à « merveille » !

    • Kodiak dit :

      Quand ils auront la certitude qu’il ne reste que nos cendres, une bise se mettra à souffler, et les braises qui couvent déclencheront le feu de l’enfer pour ces pourritures.

      • A mon humble avis, il ne faut pas attendre d’être transformés en cendres. Si nous ne les stoppons pas maintenant, nous n’aurons plus jamais de marge de manœuvre car nous serons sous contrôle total. Bienvenue dans le monde de George Orwell !

  5. Serge K dit :

    C. Lagarde ne nous veut que du bien; voyons!…

    https://insolentiae.com/christine-lagarde-declare-on-sera-plus-content-davoir-un-emploi-plutot-que-davoir-une-epargne-protegee-ledito-de-charles-sannat/?doing_wp_cron=1679340449.3954188823699951171875

    https://www.liberez-votre-epargne.com/dans-la-tete-de-christine-lagarde/

    Cette chère Dame n’a pas été mise à son poste de présidente de la BCE pour rien; clairement!

    Par ailleurs, tout comme K. Schwab – qu’elle connaît -, elle nous promet – aux peuples du monde, et français en particulier – des lendemains qui (dé)chantent..

  6. mark knopfler dit :

    Il faut encore le répéter, mais entre deux ordres, il faut un chaos.
    C’est cyclique, un paradigme nait, croit atteint son apogée puis décline et meurt.
    Et avant la naissance d’un autre ou renaissance, il faut du chaos.

    Ordo ab chaos, c’est une observation cosmique.

    C’est également la théorie/stratégie du choc de Klein, je la cite, « l’existence d’opérations concertées dans le but d’assurer la prise de contrôle de la planète par les tenants d’un ultralibéralisme tout puissant. Ce dernier met sciemment à contribution crises et désastres pour substituer aux valeurs démocratiques, auxquelles les sociétés aspirent, la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation. »

    C’est la psy-op ou ingénierie sociale.

    La faillite du système actuel est programmée parce que la secte a décidé que le moment opportun pour changer de paradigme est maintenant, en gros de 2020 à 2030.
    Il faut forcer au chaos, d’ou le Great Reset, qui précède au nouveau paradigme dans l’Ere du Verseau.

    La monnaie numérique naitra des cendres de la monnaie papier, comme le phénix renait des siennes tout les 500 ans voire 1000 ans, selon les traditions.

  7. Matterhorn dit :

    Je confirme ! Jean si tu me fais un virement je t’achète le nombre de kg que tu souhaites et la logistique de goldvorsorge.at te livrera gratuitement en NZ!
    Très facile dans les boutiques internet des pays nommés. Elles livrent ou stockent pour leurs clients.
    En bonus le site comparateur qui couvrent toutes les boutiques d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse 🙂 Une petite visite montre que l’or et l’argent sont des actifs liquides dans les pays qui ont l’or dans leur ADN
    http://www.gold.de
    Bon shopping !
    Et aussi,
    Dans toutes les banques cantonales. Un petit coup de fil pour fixer le prix et se pointer quelques jours plus tard pour collecter et payer la marchandise. Cash welcome 😁. Même chose pour la vente.

    • zorba44 dit :

      Arrête de déconner Pierre. Tu sais très bien que je suis loin de ces histoires d’argent…

      Je finirai ma vie sans vouloir augmenter le cours naturel d’investissements maintenant dans l’histoire et je crois que c’est bien.

      Jean LENOIR

  8. Christophe Desmaris dit :

    Le récit général de l’empoisonnement et de la dépopulation par les bidules ARN a pour but de mobiliser la portion récalcitrante de la population, qu’on tente de rassembler en un unique troupeau (d’où les incessants appels à l’unité de la part des faux opposants/gentils accompagnateurs vers le Monde-d’après), afin de déclencher une révolution colorée permettant aux dingues de changer de régime pour celui de leur rêve. S’ils procèdent ainsi, par une fausse révolution « par le bas », c’est qu’ils n’ont pas les moyens d’en imposer une « par le haut »: le coup d’État majeur et définitif. Les coups d’État dont ils sont capables sont seulement de « petits » coups d’Etat : affaire Fillon, décret du 16 mars 2020, élections présidentielles de 2022 ouvertement revendiquées comme truquées par la voix de leurs propres agents.
    De la même façon, la hausse des taux seule n’est nullement en mesure d’entraîner des faillites en cascade des compagnies d’assurance-vie, puisque si la valeur des obligations baisse en effet, il suffit d’attendre leurs échéances pour se voir rembourser le capital. On constate alors que la dépossession ne peut se produire qu’en provoquant une panique de l’épargnant, qui se ruerait en masse pour retirer des sommes que les assureurs auraient de grandes difficultés à fournir en raison du cours faible des obligations. En l’absence de cette participation de l’épargnant apeuré à sa propre ruine, ils ne peuvent nullement entraîner une quelconque faillite, à l’exception de quelques structures complices comme le Crédit Suisse pour espérer amorcer la panique.
    De la même façon que nous avons récupéré nos libertés sans effort le 30 juillet dernier (grâce aussi bien sûr au volontarisme d’un Philippe Bas), en somme par simple inertie conforme au grand âge de notre nation (baptême de Clovis en 499), nous conserverons notre épargne en restant tout simplement flegmatiques.
    Sans notre peur, ils ne peuvent rien faire.

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