La dangereuse tromperie appelée la Présidence Trump (W. Engdahl)

Un article qui date de novembre mais reste d’actualité. Il paraît en effet clair maintenant que Trump est, comme le dit Brandon Smith, un « faux-nez » des élites mondialistes. Reste cependant à savoir de quelles élites on parle : des néo-conservateurs américains avec leur PNAC, des élites de la City opposées à l’establishment américain ou de toutes ces élites à la fois… qui nous proposeraient la comédie du Trump anti-système pour mieux imposer leur agenda ? OD

trump-tromperie

« Nous sommes à tout juste deux mois du commencement formel du projet appelé la Présidence Trump. Et pourtant déjà les espoirs et les fantaisies de la plus grande partie du monde transforment Donald Trump en quelque chose ou quelqu’un qu’il n’est définitivement pas. Malgré tout cela, Donald Trump est en fait un autre projet de la part des mêmes vieux patriarches ennuyeux, qui essayent encore et encore de créer un Nouvel Ordre Mondial qu’ils pourraient contrôler absolument, un Nouvel Ordre Mondial auquel l’un des proches soutiens de Trump s’est référé une fois sous le terme de « fascisme universel ».

Ignorons la rhétorique parfois fine de certains de ses discours, les mots ne valent pas grand-chose. Si nous considérons plutôt l’agenda qui prend forme, dès ces premiers jours de la nomination du Cabinet, nous pouvons alors voir que Donald Trump endosse le même agenda de guerre et d’Empire global qu’Obama, comme Bush avant lui, comme Bill Clinton auparavant et comme le « tuteur » de Clinton, George H.W. Bush encore avant lui. Il n’y a pas de bons côtés dans ce que le monde va bientôt expérimenter avec le président Trump.


« Mesdames et Messieurs, c’est l’heure du spectacle ! » Aujourd’hui nous vous offrons Donald Trump. Il va vous dire précisément ce que beaucoup d’entre vous voulez entendre 1. Trump, l’homme de spectacle, va vous dire qu’il veut rendre l’Amérique grande à nouveau ; Trump va vous dire qu’il veut renvoyer au moins 3 millions d’immigrants illégaux au-delà des frontières du Rio Grande ; Trump va présenter une loi pour déclarer les Frères musulmans organisation terroriste ; Trump va ramener les emplois en Amérique depuis la Chine et les autres pays à bas salaires ; Trump va s’asseoir avec Poutine et travailler sur un accord afin de calmer les choses ; Trump va envoyer aux oubliettes l’accord sur le nucléaire avec l’Iran d’Obama…

Souvent durant sa campagne électorale, qui était plutôt une série hollywoodienne de série « D » plutôt qu’un honnête débat sur les idées et les politiques, le candidat Trump a produit des déclarations qui ont résonné dans l’esprit de la « majorité silencieuse », qui n’est plus constituée uniquement aujourd’hui de travailleurs aux cols bleus, mais aussi d’une classe moyenne déclassée dont les salaires ont décru en termes réels depuis les années 1970. Et Trump, comme un autre Président-acteur nommé précédemment, Ronald Reagan, possède le talent de se rendre lui-même sincère quand on l’entend.

Trump est-il une Révolution populaire ?

Nous devons à présent imaginer une seconde, que la « Patriarchie » (ces adorables vieux messieurs comme David Rockefeller ou George Herbert Walker Bush, ou d’autres que nous ne nommerons pas ici…), a été tellement submergée par le génie politique du candidat Trump, émergeant toujours plus puissant après chaque nouveau scandale, qu’elle a été surprise, laissée sur place, et s’est contentée de grogner en laissant faire.

La Présidence Trump a été planifiée et minutée en détail par eux-mêmes et leur think tanks [cercles d’influences, NdT]. Assez simplement, comme ils continuaient leur politique représentée par Hillary Clinton (des guerres et confrontations contre la Russie, contre la Chine, avec des révolutions colorées déstabilisant tout dirigeant politique opposé, qu’il s’agisse de Kadhafi, Moubarak ou même Poutine), ils ont vu qu’ils étaient en train de perdre du pouvoir sur de grandes parties du monde, essentiellement un pouvoir géopolitique.

Quand un Président d’une ancienne colonie américaine relativement petite n’a plus peur d’attaquer ouvertement un président américain en le qualifiant de « fils de pute », et déclarant en Chine la « séparation » de ses Philippines par rapport aux États-Unis, quand un pays après l’autre se rapproche d’une coopération économique et politique avec la Russie, avec la Chine et leur cohésion économique grandissante en Eurasie, autour de leurs grands projets d’infrastructures eurasiatique « Une Ceinture, Une Route » 2, il était clairement temps d’installer un Président en forme de Plan B.

Le plan B, c’est le magnat des casinos Donald Trump, équivalent à une table rase en politique : une personne possédée par le pouvoir avec un potentiel de chantage qui fait qu’il va pouvoir s’intégrer dans leur programme de leur point de vue [du point de vue de la Patriarchie], un « mâle Alpha » qui est assez doué pour faire peur aux gens.

Si nous devions utiliser des définitions psychologiques conventionnelles, je dirais que le mot sociopathe correspond : « un trouble de la personnalité antisociale caractérisé par un manque d’égard pour les standards moraux et légaux d’une culture donnée ». Le narcissisme serait un autre terme correspondant : « une extrême suffisance, avec une vision grandiose de ses propres talents et un désir désespéré d’être admiré ». Lisez à présent sa propre autobiographie et ses propres descriptions de ses bouffonneries passées avec son avocat populaire et mentor, Roy Cohn, au studio 54 bien connu pour son sniffage de cocaïne, et regardez de plus près la réelle histoire de sa vie, pas uniquement ce qu’il élude comme constituant des « conversations de vestiaire », tenues il y a onze ans avec Billy Bush 3. Il n’est certainement pas JFK ou Charles de Gaulle, il n’est pas même comparable…

Je déclare clairement ma conviction, et souvenez-vous en s’il vous plaît quand les politiques de cette Présidence Trump vont se dévoiler après le 20 janvier 2017, afin de voir si mes vues se seront avérées exactes ou pas : Donald Trump a été mis aux affaires pour préparer l’Amérique à la guerre, une guerre que les banques de Wall Street et le complexe militaro-industriel américain ne sont pas en position de gagner, économiquement ou industriellement ni même autrement : géopolitiquement. Son rôle va être de repositionner des États-Unis en leur faveur, de renverser la tendance d’une désintégration de l’hégémonie globale américaine afin, comme Dick Cheney et Paul Wolfowitz l’avaient énoncé dans leur rapport de septembre 2000 du Projet pour le nouveau siècle américain (PNAC), de « Rebâtir les Défenses de l’Amérique » 4.

Afin de préparer cela, une stratégie de tromperie qui va avoir pour but fatal d’affaiblir les liens profonds se développant entre la Russie et la Chine, sera une priorité. Elle a déjà commencé. Nous avons eu un appel amical du Donald à Vladimir le Terrible à Moscou. Les médias russes sont euphoriques au sujet de cette nouvelle ère des relations americano-russes après Obama. Et tout d’un coup, nous entendons le chef fauteur de guerre de l’OTAN, Stoltenberg, qui ronronne des mots doux à la Russie. Il flotte également l’idée que la membre du Congrès de Californie et connaissance de Poutine, Dana Rohrabacher, serait pressentie en tant que possible Secrétaire d’État.

Il s’agit là d’une classique géopolitique d’équilibre des pouvoirs « à la Kissinger » (le fait de s’allier avec le plus faible des deux ennemis mortels, la Russie, afin d’isoler le plus fort, la Chine). Nous pouvons tout de même présumer que Vladimir Poutine ne sera pas si naïf ou stupide pour tomber dans le piège, mais voilà l’intrigue ourdie par les manipulateurs de Trump. Une telle stratégie de prévention d’une coopération russo-chinoise grandissante a été appelée urgemment par Zbigniew Brzezinski dans ses déclarations de l’été dernier.

Parce qu’il a été sélectionné (et pas par nous, chers votants) pour jouer un rôle défini (pour changer de tactique 5 dans la domination mondiale, d’après les bases de la doctrine Bush-Wolfowitz posées dès 1992, afin d’empêcher 6 n’importe quelle nation aux groupes de nations d’Eurasie type de défier l’hégémonie de l’Unique Superpuissance américaine). La sélection de son cabinet et de ses conseillers politiques clés, est vitale. Ici nous pouvons d’ores et déjà voir se dessiner les contours du casting, à travers les personnages qui ont été choisis pour remplir ce jeu de théâtre appelé la Présidence Trump, et la nouvelle intrigue qui émerge afin de reconfigurer la stratégie de l’Unique Superpuissance ».

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Rappels :

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A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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14 commentaires pour La dangereuse tromperie appelée la Présidence Trump (W. Engdahl)

  1. Justy dit :

    Je ne me souviens plus très bien comment cela est arrivé.Trump a-il était élu selon les règles de la constitution américaine ou alors est-il arrivé au pouvoir suite à un putsch ?Je me souviens vaguement qu’un sale type du nom de Soros avait entamé une partie de sa fortune pour faire élire sa rivale….et que chez nous personne n’a parié sur Trump à l’exception peut-être de Le Pen ( père).

    • Bernie dit :

      Bé oui c’est là toute la ruse : le système met le paquet en faveur d’Hillary-la-corrompue, Hillary-la-mal-aimée, Hillary-la-démone ; on fait de Trump la tête de Turc des puissants, des riches, des cultivés, bref de l’Etablissement de la côte Est ; on fait courir le bruit que les machines à voter vont être truquées par Soros lequel soutient Hillary évidemment…

      et le tour est joué ! Les électeurs se ruent sur celui qui a l’air d’être de leur côté de les comprendre et qui parle comme eux.

    • zorba44 dit :

      Quand on parle de Trump c’est un peu comme lorsqu’on parlait de Dreyfus …on s’enflamme, on se bat même ! C’est vrai que rien n’est véritablement clair sur le personnage, mais il a été quand-même élu par une majorité alors que se déchaînait un « maintain democrat » du même ordre que celui de l’infamie dont on affublait le Brexit de l’UKIP…

      Ce n’est pas Poutine, ni personne d’autre que l’électeur américain qui ont voté pour Trump.

      Donnons du temps au temps et nous verrons se dessiner le (nouveau) visage de l’Amérique et la réelle consistance (inféodation, de grade dur à nul avec l’establishment US) du Duck. Le moment sera alors clair pour une évaluation fondée sur ses actions.

      Jean LENOIR

      • roc dit :

        entièrement d’accord ce Trump bashing avant qu’il ait eu même la possibilité de faire quoi que ce soit, avant qu’il ait eu même la possibilité d’arriver au pouvoir me semble pour le moins suspect ! et facile

    • Lovely dit :

      Trump est un produit marketing chargé de séduire et d’abuser les gens désespérés, comme tout leader politique mis en avant par le Système….

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  3. Robert dit :

    Si l’on part du principe que l’on ne prête qu’aux riches, le raisonnement se tient. Maintenant, l’ Histoire a parfois des « ficelles » qui font que les événements les plus calculés ne se déroulent pas du tout comme prévu…

  4. Pierre dit :


    #TrumpTheEstablishment

    • zorba44 dit :

      « Je le fais parce que cette nation m’a beaucoup apporté » …Espérons seulement que ces paroles ne sont pas de la veine de celles de « Sharko » qui disait à peu près la même chose à la fin de sa campagne électorale.
      Alors Trump : véritable Prince ou sulfureux démon ?

      Jean LENOIR

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  6. lamourfou777 dit :

    Bonjour, en complément des informations d’Olivier, nous vous proposons avec son autorisation notre Revue de presse quotidienne :

    Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce dimanche 15 janvier 2017

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    Merci Olivier,

    Amicalement,

    f.

  7. matbee dit :

    Avec un soutien bipartite, le futur ministre de la défense de Trump décrit les plans de guerre mondiale

    https://www.wsws.org/fr/articles/2017/jan2017/trum-j14.shtml

  8. Pierre dit :


    « Je suis l’anti-Merkel ! J’en accepte l’augure ! » – Marine Le Pen

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