Antoine Peillon : « On essaiera de combler le trou abyssal de la spéculation bancaire avec les dépôts des épargnants »

(Public Sénat, 3 mai 2014)

Face à un économiste défendant le lobby bancaire, les méga-banques et la pseudo-loi de réforme du système bancaire, Antoine Peillon (à ne pas confondre avec son frère Vincent) met les points sur les i dans ce débat sur l’évasion fiscale :

« C’est BNP Paribas qui a écrit la loi. Tout le monde le sait. Ce sont les grands groupes financiers qui ont fait en sorte qu’aucune séparation – réelle – de ces activités n’a été formatée (…)

La spéculation, qui est assurée comme ça, elle se fait sur le dos des dépôts, avec une prise de risque – parce que je fréquente beaucoup de financiers, qui sont coopératifs, qui sont dans les banques. C’est que chaque matin ils se lèvent avec des sueurs froides, chaque matin ils se disent c’est le krach, chaque matin ils se disent le système va s’effondrer… Et aujourd’hui plus aucune garantie d’Etat, ni bien sûr les dépôts des déposants, ne pourra soutenir l’explosion de la bulle qui est celle de la spéculation (…) Aujourd’hui, comme il n’y a aucune séparation réelle, on essaiera de combler le trou abyssal avec les dépôts des déposants, des épargnants ».

Rappels :

Banques, la spoliation des déposants est décidée, un accord historique ! (B. Bertez)

Trop de banques ont survécu à la crise financière, estime le président de l’Autorité Bancaire Européenne ! (Ph. Herlin)

Risque systémique : les banques françaises sont les moins capitalisées du monde

Le « modèle français de banque universelle » en un graphique

Duel Moscovici/ Le Pen : Quand la faillite des banques est publiquement exposée

A propos Olivier Demeulenaere

Olivier Demeulenaere, 58 ans Journaliste indépendant Macroéconomie Macrofinance Questions monétaires Matières premières
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15 commentaires pour Antoine Peillon : « On essaiera de combler le trou abyssal de la spéculation bancaire avec les dépôts des épargnants »

  1. matbee dit :

    A vos comptes… prêts…. PARTEZ !!!

  2. Garfy dit :

    vive le bas de laine et le dessous de matelas !!!

  3. xavib dit :

    Olivier Pastré : professeur d’économie à l’Université de Paris VIII mais aussi président de la banque d’affaires IM Bank (Tunis), administrateur de l’Association des directeurs de banque…

    Les choses sont limpides.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Pastr%C3%A9

  4. zorba44 dit :

    Ceux qui ne sont pas prêts auront ignoré toutes les mises en garde par excès d’optimisme béat : le « on trouvera bien une solution » LOL (jaune)

    Jean LENOIR

  5. leducmichael dit :

    La grande tonte!

  6. Ping : Antoine Peillon : "On essaiera de combler ...

  7. Surya dit :

    Pour ceux qui ont suivi le blog de Berruyer; rien de nouveau. Le pipo-économiste-banquier est insupportable.

    • Geraldine dit :

      Non rien de nouveau ; mais ça fait un témoignage de plus, un avis d’un spécialiste du monde bancaire… Le faisceau de présomptions s’épaissit.

      Il faut alerter les Français sans se lasser, jusqu’à ce que la prise de conscience s’opère. C’est pour ça que personnellement, je soutiens un blog comme celui-ci.

      • zorba44 dit :

        La pierre philosophale de l’organisation du tissu social s’inscrit dans une contribution financière qu’on appelle impôt. Mais lorsque l’impôt est dévoyé de son essence et de la justesse de la contribution et lorsque sa financiarisation en vient tout bonnement à le pervertir alors la machine se dérègle et à plein tube. Tout le monde veut récupérer plus que l’impôt par des constructions alambiquées (santé, associations, tickets restaurants, chèques vacances… pour ce qui vient à l’esprit) et, bien entendu, plus que sa propre contribution – à l’instar des anglais pour leur contribution à l’Europe et leur chèque de ristourne…

        Les politiques installés aux commandes de l’état en viennent alors au pire expédient (pour se faire réélire, tout autant que pour tout promettre), aller voir le « banquier » au quotidien pour payer ensuite sur vingt ans…

        Enfin ce beau schéma c’était avant, tant il est patent que l’on ne remboursera pas la « baguette quotidienne » sur vingt ans et la pression des banquiers étant si forte (menace de fermeture du robinet) que les comptes des particuliers (et des entreprises ?) sont en ligne de mire pour restaurer le système lorsqu’il aura sauté.

        Il n’est pas sûr que les banquiers se réveillent tous les matins avec des angoisses de krach, car enfin ils ont accumulé de tels actifs personnels pour justement les lendemains qui déchantent. Le signataire de s’imaginer avec un Chagall, un Miro, un Matisse …lui qui ne « possède » qu’une petite collection dont le total est un fragment, en valeur, d’une seule petite toile de ces maîtres. Avez-vous déjà vu de grands criminels avoir des cauchemards ? Seules les victimes ou victimes potentielles peuvent en avoir.

        L’optimisation fiscale, l’exil fiscal, c’est un choix de vie de la volaille que nous sommes et qui ne veut pas passer à la casserole. Les grands gloseurs sur la finance feraient bien de revenir au raisonnement de base : « je travaille durement pour pas grand chose et de toutes petites économies. Pourquoi donc passerais-je à la casserole fiscale pour la seule joie des profiteurs du système qui n’ont aucun talent particulier et qui se régalent chez Bocuse avec le produit de mon labeur ? »

        Le livre blanc des doléances s’est écrit sur ces simples motifs il y a un peu plus de deux siècles. Que les grands méditent l’histoire dont le modèle existe même s’il ne se reproduit exactement jamais pareil. Qu’ils méditent aussi sur le sens des votes qu’on voudraient effacer car ils ne plaisent pas…

        Jean LENOIR

  8. OOPS dit :

    Ci-dessous la lettre que j’avais adressée à Michel Barnier, commissaire européen en charge du Marché Unique et la réponse de son chef de cabinet:

    Cher Monsieur,

    Vous vous êtes récemment fait remarquer par le vote d’une directive proposée par vos services concernant le renflouement des banques qui se distingue par rapport aux versions précédentes par une exposition des déposants aux risques de crédit et de marché résultant des expositions bancaires dont ils ne sont pourtant pas responsables ni même informés.

    Permettez-moi de m’étonner tout d’abord que vous prétextiez constamment du risque systémique pour justifier de l’accroissement régulier des compétences européennes en matière de supervision bancaire, sous prétexte que le risque a pris une portée mondiale nécessitant une réponse coordonnée au niveau européen. En effet je m’étonne de votre argument, dans la mesure où les principaux responsables de cette extension géographique du risque à travers les places financières sont justement ceux qui ont permis cette libre circulation du capital et la légalisation des instruments dérivés et autres instruments de transfert du risque qui permettent la mondialisation des moyens de financement échangés entre les institutions financières ainsi que des systèmes de couverture du risque devenus planétaire.

    En particulier vos prédécesseurs ont mis en place le cadre juridique permettant la libéralisation de la circulation des produits dérivés en dollars ou en euros au nom de la fluidité du capital et de la liquidité des investissements bancaires dans le Marché unique. Donc la cause du risque réside d’abord et avant tout dans votre acquiescement de la mondialisation financière dont vous vous présenter comme les nécessaires pompiers, après avoir mis en place les conditions pour que l’incendie se propage à la maison toute entière. Comme vous dites dans votre jargon technocratique:  » a crisis should nerver be wasted ». Rien de tel qu’une nouvelle crise pour justifier un accroissement de vos compétences en tant que sauveur de la situation, que vous avez vous-même compromise en mettant en place les conditions pour la survenance de cette crise, la légalisation des dérivés de crédit dans les directives CAD et CRD, transposées des règlements BIS II, qui les reconnaissent comme des moyens légitimes de transfert du risque, étant un modèle du genre.

    D’ailleurs depuis que j’observe les administrateurs européens en charge des services financiers au sein du Marché unique, je me dis que ces gens sont dotés d’une hypocrisie hors du commun, car ils passent leur temps (à nos frais) à étudier les risques pour mieux les gérer, mais ne voient jamais arriver les crises, que leur action prend un malin plaisir à créer et à amplifier en ayant l’air d’oeuvrer pour l’intérêt général des Etats membres et le bien être du consommateur. Remarquons au passage que ce dernier est le plus souvent écarté du bénéfice de ces directives, pour n’en supporter que les conséquences fâcheuses, comme le rappelle votre initiative citée en introduction, qui n’hésitent pas à mettre à contribution ceux devant lesquels vous ne rendez jamais compte de votre action au bénéfice des banques.

    Vous avez certainement entendu parler de l’euro et comment il a permis la création d’un vaste marché de la dette unifiée et d’un second marché des produits obligataires de la dette en euros ainsi que les produits dérivés financés par cette dette qui ont finalement ravagé les pays de l’Europe du Sud, sans que vos services, DG XV et autres, ne voient rien venir, puisqu’ils ont contraire tout mis en oeuvre pour permettre cette libre circulation des produits de dette qui financent la gabegie budgétaire hier comme aujourd’hui encore avec les conséquences désastreuses que l’on sait. Encore une fois, autant vous êtes empressé à mettre la main dans le porte-monnaie du citoyen européen, autant vous ne subissez jamais les conséquences directes de vos erreurs gravissimes, sous la forme de sanctions palpables et personnelles.

    Je me demande donc si vous nous prenez pour des imbéciles finis ou si vous êtes totalement schizophrénique, au point de ne pas remarquer le lien de cause à effet entre votre action réglementaire et les crises qui surviennent régulièrement prouvant au passage la nocivité comme l’inutilité de votre action prétendument au service de l’intérêt général européen.

    Cordialement,
    Nicolas Jaisson

    Courrier de Monsieur Olivier Guersent, chef de cabinet du Commissaire Michel Barnier:

    Cher Monsieur,
    Le Commissaire Barnier m’a transmis l’email que vous lui avez adressé, le 28 février dernier.
    Nous avons pris bonne note des arguments et critiques que vous adressez à la Commission dans sa politique en matière de régulation financière.
    Sur le fond, je ne partage pas votre analyse. Certes, comme vous l’indiquez, la libéralisation des
    mouvements de capitaux au sein de l’Union européenne est porteuse de certains risques, notamment celui d’amplifier l’impact de crises financières éventuelles. C’est pourquoi cette libéralisation s’est accompagnée d’une harmonisation des règles prudentielles en vigueur au sein du marché unique. Sans doute le niveau de ces règles et le degré de cette harmonisation ont-ils été insuffisants, comme l’a montré la crise. C’est la
    raison pour laquelle la Commission a engagé un programme sans précédent, en cohérence avec le G20, pour soumettre l’ensemble des acteurs du secteur bancaire et financier à des règles nouvelles et plus ambitieuses.
    A cet égard, je conteste formellement l’argument selon lequel les propositions que nous avons portées jusqu’ici auraient pour effet de renforcer ou de rendre plus probable la mise à contribution des consommateurs et des épargnants en cas de crise. Tout au contraire, les nouvelles régies de renflouement des banques, celles en matière de réforme structurelle du secteur bancaire et, au-delà, l’ensemble de nos initiatives en matière de régulation du système financier – dont vous trouverez une synthèse dans le tableau joint – ont bien pour objet de mieux protéger les citoyens européens.

    Je salue l’intérêt que vous portez à ces questions et vous prie de croire,
    mes sentiments les meilleurs.
    Monsieur, à l’assurance de
    Olivier GUERSENT—

    Cliquer pour accéder à financial-reform-for-growth_fr.pdf

    • THEOPT NEWZE dit :

      Lope, Râclure, Défi de la prédation à la Raison… Pas le courage d’une réponse et d’une signature personnelle… Un prétexte de négation future au sens de la réponse et de la compréhension du sieur complice Olivier GUERSENT…

  9. OOPS dit :

    Après Chypre, l’Angleterre passe à la vitesse supérieure:

    Taxes will have to rise unless officials are given new powers to raid people’s bank accounts, David Cameron has said.
    The Treasury select committee warned that allowing HM Revenue and Customs to remove cash from bank accounts without court orders is « very concerning » because of its history of mistakes.
    http://www.telegraph.co.uk/finance/personalfinance/consumertips/tax/10819885/David-Cameron-Taxes-will-rise-unless-we-can-raid-bank-accounts.html

  10. Caro dit :

    Un autre évènement qui risque d’accélérer le processus en cours . Les banques « occidentales » et en particulier Anglaises risquent de souffrir :
    1°) Des sanctions sur capitaux russes et de la crainte que peuvent entrainer celles ci
    2°) D’une évasion de capitaux vers l’Asie , tout à fait motivée par les incohérences politiques actuelles de l’Union Européenne .

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